Soucieux de l’avenir et du devenir du Mali, les commerçants détaillants n’ont pas suivi le mot d’ordre de grève qui a commencé hier lundi. Selon eux, ce n’est pas une décision collégiale.
Le Président de la Coordination Nationale des Associations et Groupements des Commerçants Détaillants a été mis dans ses petits souliers par ses soi-disants militants. Contrairement à la volonté de Hama Cissé de paralyser la ville de Bamako, les commerçants détaillants n’ont pas voulu fermer boutique.
Très tôt le matin, les lignes desservies par les Sotramas fonctionnaient normalement. Les taxis aussi circulaient librement jusqu’à 9 heures. Les travailleurs ont pu rejoindre leurs lieux de travail. Les femmes elles, sont parvenues à s’approprier tous les nécessaires au marché pour la cuisine.
Seulement en milieu de journée, certains chauffeurs de taxis et de sotramas étaient obligés de marquer une pause, histoire de ne pas être lynchés. Puisque, certains individus mal intentionnés étaient décidés à en découdre avec tous ceux qui n’avaient pas voulu suivre le mot d’ordre de grève. Mais timidement dans l’après midi, certains ont repris du service. Permettant aux travailleurs de rejoindre leurs domiciles.
Ce chauffeur de sotrama desservant la ligne Sébénicoro- Bamako-Coura qualifie la décision de grève d’unilatérale : «si je ne travaille pas pendant deux jours, comment pourrais-je nourrir ma famille car je ne suis qu’un simple employé». Comme pour dire que Bamako n’a pas vibré au rythme de la grève annoncée par les Commerçants détaillants et les transporteurs routiers. «Nous savons que la crise sévit, que les Maliens souffrent. Nous cherchons nous mêmes à joindre les deux bouts, pourquoi nous allons suivre les ordres de ceux qu’hier ont sucé notre sang, pillé nos ressources, je veux dire Hama Abas Cissé qui ne vit que de l’arnaque et du trafic d’influence. Mais cette époque est révolue», nous confie un boutiquier au marché de Djicoroni-Para visiblement très occupé par l’affluence de la clientèle.
Mariam TRAORE, vendeuse de condiments au marché de Ouolofobougou s’interroge sur la question «Si nous observons la grève, comment nous allons manger aujourd’hui. C’est avec mes bénéfices que j’achète les nécessaires pour le repas de midi », nous confie-t-elle à notre passage à 11 heures.
C’est dire donc que cette grève a été sans effet. Hama Abas Cissé vient donc d’essuyer un affront, contrairement à la dernière grève que les commerçants ont observée. Comme pour dire que tous ont compris que les revendications ne sont pas légitimes-donc pas de quoi à couper le sommeil aux autorités de la transition.
Ces «mousquetaires aux mains sales», qui ne veulent pas digérer la mise en place d’un Collège Transitoire ne jurent que par leurs propres intérêt et selon la volonté de leur bailleur, Jeamille Bittar.
Pour preuve, ils veulent à tout prix le retour de Bittar, sous-tendu par des déclarations relatives à l’élection d’un nouveau Président au nom dit-il de la loi. De quelle loi parle-t-on ? Surtout que le bureau qui dirigeait jusqu’ici la CCIM était dans l’illégalité totale, son mandant étant à terme depuis des mois. Sans oublier que les comptes de la CCIM sont au rouge. Nul besoin de rappeler ici que le bureau sortant qui était d’ailleurs dans l’illégalité traîne des casseroles. Hama veut-il dissuader la justice ? Pense t-il pouvoir faire pression sur les autorités de Transition afin d’échapper à la prison ?
Il urge donc que le peuple prenne conscience afin de mettre fin aux exactions de Hama Cissé et acolytes.
Boubacar SIDIBE
Micro trottoir
Grève des commerçants détaillants
Les Bamakois dénoncent
Contrairement aux rumeurs qui couraient depuis dimanche soir à Bamako et après le démenti diffusé à la télé ce qui a permis d’éclairer la lanterne de nos concitoyens qui avaient commencé à s’inquiéter, que la Coordination des commerçants détaillants a décidé d’observer une grève de deux jours à compter de ce lundi 3 décembre 2012. Nous avons tendu notre micro aux Bamakois. Le constat qui se dégage, c’est l’échec du clan qui soutenait le maintien de jeamille Bittar à la CCIM .
Maimouna Diallo (ménagère) :
On a fait nos achats aux marchés sans problème
«Le dimanche soir, j’étais très inquiète pour cette grève parce que personne ne s’y attendait .Si celle- là venait avoir lieu se serait très catastrophique pour beaucoup de gens d’autant plus que la crise que traverse notre pays a touché tous les secteurs de l’activité économique. Mais à notre grande surprise, on a entendu à la Télé que ce n’est vrai, que tout le monde peut vaquer convenablement à ses affaires. Le matin de bonne heure on est partie faire nos achats aux marchés sans problème».
Ousmane Kéita (commerçant):
Ces gens ont échoué dans leur tentative…
«Moi-même j’ai entendu la rumeur le dimanche soir. Je me suis demandé qui peut être derrière cette situation ? Mais après plusieurs coups de file avec mes collègues commerçants, on m’a édifié que cette grève venait du clan qui était favorable au maintien de l’ex Président de la CCIM, Jeamille Bittar. Au journal télévisé, l’information a été démentie. Aujourd’hui on a ouvert nos magasins. Ces gens ont échoué dans leur tentative de paralyser l’activité économique du pays».
Adama Sylla (commerçant) :
La grève n’a pas eu l’effet escompté
«La grève n’a pas eu lieu parce que le marché a fonctionné. Mais il y a une chose qu’il faut retenir, c’est que certaines personne ne sont pas venues par peur de représailles. Malgré cela, beaucoup ont ouvert leur boutique .La grève n’a pas eu l’effet escompté».
AÏchata Maïga (ménagère):
Grâce à Dieu, ça n’a plus marché
«Concernant la grève du lundi, j’avais très peur car ç’a été une décision subite. Mais grâce à Dieu, ça n’a plus marché. Le matin on est parti au marché acheter nos condiments sans problème».
Mamadou Coulibaly ( Président AMHL) :
En cette période les agitations ne nous mènent nulle part
A mon avis, c’est la vie chère qui pousse des gens à faire des agitations pareilles. Il est temps de s’asseoir pour discuter de façons sincères certains problèmes en vue de les aplanir. Il y a des structures ombilicales entre l’Etat et les syndicats, dans ce genre de situation. Chaque partie doit jouer sa partition pour que la population n’en souffre pas. Sans travail, on ne peut vivre. Le mot est dur, mais c’est la vérité. Il y a un grand défaut au niveau du processus décisionnel de l’Etat. Un seul doigt ne peut pas ramasser un caillou, il faut décider collégialement s’il ya des problèmes. Dans ce Pays les gens aiment parler trop de leur droit en ignorant complètement leurs devoirs. Et pourtant, pour mieux revendiquer ses droits il faut d’abord s’acquitter de ses devoirs. En cette période les agitations ne nous mènent nulle part, on peut régler par le dialogue.
Propos recueillis par Boubacar SIDIBE
Le Progrès 04/12/2012