En effet, par «union nationale», l’opinion nationale et internationale avait cru comprendre que toutes les sensibilités politiques et surtout géographiques du Mali (le contexte actuel l’impose) allaient se retrouver dans cette équipe gouvernementale.
C’était apparemment mal comprendre la conception politique de l’astrophysicien et de son président par intérim, Dioncounda Traoré.
D’ailleurs, ils ne sont pas les seuls à s’égarer dans ce qu’on peut, avec certitude, considérer comme une élucubration nationale. Il s’agit d’échanger avec certaines personnes, et non des moindres, sur le fait que, depuis plus de 11 ans, aucun cadre ressortissant de la huitième région n’ait accédé à un poste ministériel pour le comprendre.
D’abord, plusieurs personnes se lancent dans la «Tamasheisation» du débat. Au fait, il ne suffit pas d’avoir un Touareg dans le gouvernement pour croire que toute la communauté y est représentée. Pour ceux qui ne la savent pas, après Mohamed Ag Erlaf (ministre des Transports jusqu’en 2002), aucun cadre de Kidal n’a été promu ministre. Aghatam Ag Alhassane (ex-ministre de l’Agriculture), Mohamed El Moctar (ex-ministre de la Culture) et, depuis le lundi, Ousmane Ag Rhissa (ministre de l’Artisanat et du Tourisme) ne sont pas Kidalois.
Ensuite, l’autre point soulevé par certains de nos interlocuteurs animés de «mauvaise foi» est la capacité de la région de Kidal à fournir d’autres cadres que le ministre Ag Erlaf, capables de diriger un ministère. Suggestion : il suffit de se renseigner pour savoir que Kidal en a à revendre. Alhamdou Ag Ilyenne, actuel Consul du Mali à Niamey, Daouda Maïga, actuel Directeur du PIDRK, Homeni Belco Maïga, président de l’Assemblée régionale de Kidal, Dr Akory Ag Iknane, nutritionniste émérite et auteur de plusieurs ouvrages sur la santé de la nutrition, pour ne citer que ceux-ci. Ils sont tous capables de diriger un département ministériel…Même le Mali. En plus du Sud qu’ils connaissent comme leur poche, ils ont tous travaillé dans l’environnement hostile de leur région natale. La région de Kidal dont le seul nom fait perdre le sommeil à certains politiciens qui ne connaissent que leur sud. Ni Diouncounda Traoré, le président par intérim ni son Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, ne peuvent nier qu’ils en connaissent, eux aussi, plus d’un.
Par ailleurs, dans «l’imaginaire populaire au Mali» il a été rependu que «ce sont les Kidalois qui sont à la base des problèmes que connaissent aujourd’hui les trois régions du Nord et, partant, le Sud. C’est pourquoi on ne les veut pas au gouvernement». Cette assertion est fausse et est désormais connue. Au MNLA, au MUJAO comme chez Ansar Dine, il y a aussi bien des sudistes que des nordistes. Ou si vous voulez «des peaux blanches comme des peaux noires». L’argument ne tient dont pas, une fois de plus, la route. Sauf pour ceux qui préfèrent rester dans leur bulle régionaliste.
Loin de nous la volonté de réveiller les querelles partisanes dont le Mali n’a pas besoin en ce moment. Mais le fait est rare et mérite d’être souligné : onze années durant lesquelles la région de Kidal a été mise au banc de touche gouvernemental. La donne doit tout simplement changer. Et le plutôt serait le mieux, car certains Kidalois patriotes commence à lâcher des commentaires «peu républicains» dans le genre «on ne peut pas compter sur ce pays».
En tout état de cause, l’actuel pouvoir exécutif devrait prendre en compte cet aspect pour résoudre, en grande partie, le conflit au Nord du Mali. L’ex-Président de la République, Amadou Toumani Touré, a appris à ses dépens qu’il ne faut pas exclure toute une région du gouvernement pendant 10 ans quand on y a des réfractaires. ATT l’a dit et fait tout simplement à cause, entre autres, du score de 100% obtenu par le candidat de l’URD, Soumaïla Cissé, contre lui dans le cercle d’Abeïbara, en 2002. La suite de l’histoire, on la connaît tous…Les républicains ont été ignorés et la coopération avec les gens peu fréquentables l’a chassé du pouvoir.
A suivre.
Paul Mben
22 Septembre
23 Août 2012