Il ne cesse de prendre de l’étoffe et de l’envergure à travers sa communication tranchante, mais responsable sur la gouvernance du pouvoir de Transition. Le ministre Abdoulaye Diop, puisque c’est de lui qu’il s’agit, selon des observateurs avertis, est en train de tracer son sillon vers la primature.
« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément », disait Nicolas Boileau. Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale continue de séduire plus d’un de ses compatriotes sur les interventions publiques ; par le biais des médias. Le week-end dernier, le chef de la diplomatie malienne était sur BBC en pédagogue posé et raffiné dans son expression. Il n’a rien à envier à Jean-Yves Le Drian qu’il a récemment envoyé à ses livres de Diplomatie et de Droit international… Il gagne des points au point qu’il dans la visière des hommes forts du pays, en particulier du Colonel Assimi. « Il pourrait succéder au Dr Choguel Kokalla Maïga, un peu trop décrié ces derniers mois », murmure-t-on dans les couloirs de certaines institutions du pays.
Dans l’interview diffusée sur la radio BBC, le dimanche dernier, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop est revenu sur les « allégations d’exactions » sur les civils à Moura. Abdoulaye Diop a aussi répondu aux questions sur le retrait de certains partenaires militaires du Mali et l’importance de la place accordée à la Russie.
« Il n’y a pas eu de massacres de civils à Moura », a tranché le chef de la diplomatie malienne. Les allégations mensongères propagées çà et là avaient deux objectifs selon Abdoulaye Diop. D’abord, «démoraliser l’armée malienne» ; ensuite « défendre les positions de certains pays en perte de vitesse au Mali ». « Ces allégations sont un moyen pour se donner une position au Mali», a expliqué le ministre Diop.
Sur insistance de la journaliste, qui brandissait les « témoignages recueillis sur place », Abdoulaye Diop répond : « On a vu des cas où des témoignages ont été achetés ou fabriqués ». Aussi, a rappelé Diop, des membres du gouvernement se sont rendus à Moura, rencontrer la population et une association peule Tabital Pulaku reçue à la Primature a déclaré « devant les caméras » n’avoir pas de « témoignages directs » de civils tués. Pour terminer sur ce point, M. Diop a invité les uns et les autres à attendre les résultats de l’enquête ouverte sur cette opération militaire à Moura.
« L’Union européenne arrête sa mission de formation. Tout comme la France, l’Allemagne annonce le retrait de ses troupes. Cela n’a-t-il pas un impact sur la sécurité des Maliens ? », interroge la journaliste. La réponse du Chef de la diplomatie est claire : « La sécurité des Maliens est d’abord entre les mains des Maliens ». Le ministre Diop ajoute : « Nous apprécions le concours des autres, mais si à un moment donné, quelqu’un veut se retirer, nous respectons sa décision ». Et le ministre Diop de se montrer magistral : « Utiliser cela (ndlr, le retrait) comme un moyen de chantage sur l’Etat malien par rapport au choix de ses partenaires, cela ne marchera pas », a affirmé le ministre Abdoulaye Diop. Une déclaration qui intervient seulement 24 heures après que le ministre Diop ait reçu son homologue allemand, venu demander la fin de la coopération entre le Mali et la Russie. La diplomate allemande était repartie avec le « NEGATIF » du Colonel Assimi Goïta.
Comme on le voit, le ministre Abdoulaye Diop, qui est dans la posture de vice-Premier ministre, semble blanchir sous le harnais et n’attend que son huere pour prendre les clés de la Primature, avec la bénédiction du Colonel Assimi Goïta.
Bruno D SEGBEDJI