Gouvernement de Transition et défis existentiels : Le mieux-être se fait toujours désirer

Pour les populations, il est souhaitable d’afficher la souveraineté du pays en se faisant respecter dans le concert des Nations, mais il urge de résoudre les soucis élémentaires de leur existence : se nourrir, se soigner, être sécurisé, aller à l’école, etc.

Si le président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, conserve une forte popularité au sein de l’opinion nationale et internationale, cela n’empêche pas que les autorités de cette période transitoire de travailler, avec un esprit de sacrifice et d’engagement, pour impacter positivement sur le quotidien des populations. Ce quotidien concerne les besoins élémentaires de la dignité humaine : se nourrir à sa faim, se vêtir, se soigner, s’éduquer, la sécurité, la circulation, la liberté d’entreprendre, etc. Ces questions sont, depuis longtemps et actuellement, la croix et la bannière pour nombre de Maliens. Alors qu’ils avaient pour la plupart pensé qu’avec le changement de régime de 2020, ils verraient rapidement profiler à l’horizon, des initiatives devant améliorer ces problématiques. Car, après 62 ans d’indépendance, il est plus que désolant de voir nos populations taraudées encore par ces préoccupations essentielles de la vie.

Même s’il est établi qu’une transition ne peut pas tout faire, surtout dans un contexte actuel du Mali, où tout est prioritaire, il n’en demeure pas moins que la satisfaction des besoins prioritaires immédiats des gouvernés est un impératif.

En effet, l’une des tares des gouvernants est d’ignorer souvent la réalité de la vie quotidienne des populations. Pas seulement celles habitant la capitale, mais aussi celles des périphéries et des zones reculées du pays. Ce qui doit inciter à mettre en place un baromètre en mesure de jauger chaque semaine les impressions et inquiétudes des populations.

Ainsi, il faut reconnaître que les Maliens, dans leur grande majorité, ont fondé beaucoup d’espoirs sur cette transition. C’est pourquoi, ils ont abondamment applaudi la chute d’IBK en 2020. Ils ont alors espéré qu’à brève échéance, leur quotidien allait s’améliorer. Ont-ils pensé au concours de circonstances défavorables ? Rien n’est moins sûr !

Or, l’embargo inhumain, injuste et criminel imposé au pays par la CEDEAO et l’UEMOA, pendant presque 7 mois, a plongé l’économie et les finances de l’Etat malien dans une zone rouge ou du moins orange. Ce qui a provoqué ou aggravé la tension de trésorerie pour un pays enlacé par d’énormes défis existentiels au plan sécuritaire.

Et à cela s’est ajouté les effets néfastes de la guerre ukraino-russe sur l’économie du monde, dont celle du Mali, un pays enclavé, en proie au chômage et aux mauvaises récoltes consécutives à la mauvaise pluviométrie.

Conséquence : aujourd’hui, malgré la popularité des gouvernants par rapport aux décisions majeures de réaffirmation de la souveraineté du pays et par rapport à la montée en puissance de l’armée, de nombreux Maliens expriment des déceptions quant à l’impact attendu sur leur quotidien. C’est ainsi que la vie chère a fait que certaines familles trouvent difficilement, aujourd’hui, deux repas par jour. Sans oublier que la crise alimentaire frappe déjà de nombreux cercles du Mali profond.

Pis, la pénurie en énergie électrique dope la colère, qui gronde. Les délestages de la société Energie du Mali laissent les Bamakois et des Maliens d’autres localités dans le doute et les frustrations…Car sans électricité, la vie économique est presque aux arrêts. Le soudeur, le tailleur, le coiffeur, les divers services ne peuvent plus travailler du fait des coupures intempestives du courant. Alors que ces acteurs vivent des modestes revenus de leurs activités au jour le jour. Ils fulminent surtout que les factures, elles continuent d’être salées, alors que la fourniture du courant est fortement discontinue. « au temps d’IBK, le délestage n’était pas au rythme qu’il a atteint aujourd’hui. C’est dommage ! », dénonçait, dimanche dernier, un restaurateur de Magnambougou en commune VI du district de Bamako.

En plus de ce tableau peu reluisant, au moins un millier d’écoles sont restées fermées, malgré la réouverture récente des classes. S’y ajoute que l’insécurité s’est métastasée dans plusieurs régions du Nord, du centre, et même du sud du pays (comme dans la région de Sikasso). Ce qui est simplement désolant, quand on sait que sous le régime déchu d’IBK, la crise sécuritaire n’avait atteint ce niveau. Le chef de l’Etat, le colonel Assimi Goïta est plus que jamais interpellé pour prendre toutes ses responsabilités.

Il urge donc que les pouvoirs publics travaillent d’arrache-pied pour impacter positivement sur ces préoccupations élémentaires de nos concitoyens. Car, « ventre affamé n’a point d’oreille » et, un peuple affamé et en proie à diverses épreuves peut rapidement défier ses dirigeants.

Baba Djilla SOW