Au-delà des sanctions qui pénalisent toutes les parties, la CEDEAO et le Mali doivent aller, dans les meilleurs délais, vers un compromis dynamique où chaque partie va lâcher du lest.
Pour plusieurs observateurs, le désaccord entre le Mali et la CEDEAO ne devrait se dénouer qu’à travers une solution négociée de partage de la poire en deux. C’est cela qui permettra aux dirigeants de la Transition malienne et à ceux de la CEDEAO et de l’UEMOA de sauver la face.
En effet, ces sanctions « injustes » semblent aujourd’hui intenables. Puisque les populations ressentent énormément l’impact de la fermeture des frontières et surtout du gel des avoirs financiers du Mali à la BCEAO. Ce, d’autant que malgré le verdict de la Cour de justice de l’UEMOA, le sursis à exécution de ces sanctions illégales n’est pas effectif. L’on se demande sur la base de quoi les chefs d’Etat et de gouvernement ont pu refuser d’appliquer la décision de la juridiction de l’UEMOA. N’est-il pas là un fâcheux précédent, le refus d’appliquer une décision de justice de l’Espace communautaire ? Comment les dirigeants de l’UEMOA peuvent-ils dans l’avenir évoquer la légalité de leurs initiatives et démarches ?
Ce qui est sûr est que l’Etat malien et son peuple sont fortement déçus de cet acharnement à nuire à leurs intérêts économiques et financiers, sous le prétexte de la rupture de l’ordre constitutionnel. Surtout que les dirigeants de la transition se sont engagés à conduire le pays vers des élections non sans avoir fait des réformes politiques et institutionnelles que la CEDEAO elle-même avait souhaitées en 2018. Comment envisager un retour à la normalité constitutionnelle sans réformes majeures? Comment ne pas prendre un minimum de temps, comme deux ans pour conduire ce processus participatif requérant l’adhésion des populations ?
Il est donc clair que pour éviter de prolonger cette situation d’incompréhension passagère entre le Mali et la CEDEAO, à propos du chronogramme de prolongation de la Transition, les deux parties doivent faire des concessions souhaitables. Quel écart significatif y a-t-il entre les deux mois souhaités par les autorités maliennes et les seize mois des dirigeants ouest-africains ? N’est-il pas raisonnable qu’Abuja et Bamako coupent la poire en deux en optant pour vingt mois ? Cette durée ne peut-elle pas permettre de prioriser les réformes essentielles pour la transparence et la crédibilité des prochaines élections ? Certainement !
Il urge que les décideurs fassent un effort dans le sens de la recherche du compromis pour le dénouement de cette crise. Ils doivent absolument consentir des sacrifices pour soulager les nombreuses difficultés économiques et financières des populations. Car, ces sanctions accentuent le mal-vivre des populations non seulement du Mali, mais aussi de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Burkina Faso, du Niger et des pertes énormes chez les opérateurs économiques, sans oublier la tension de trésorerie pour l’Etat du Mali. Comment peut-on vouloir assurer le bien-être d’un peuple, celui du Mali en tentant si cyniquement de l’asphyxier, lui qui est déjà confronté aux énormes difficultés liées à la crise sécuritaire, sanitaire et aux contraintes de l’enclavement ? La conscience des dirigeants de la CEDEAO est interpellée pour sauver le brave peuple du Mali, avant que la solution ultime ne soit prise.
Kassoum TOGO