Le renouveau de l’Etat, dont les autorités de la Transition nous accable les oreilles depuis les lendemains du 18 août 2020 est-il est un mirage ? O0n est tenté de le croire, tant le simple principe de la continuité des services publics est malmené avec des grèves à répétition.
Vie chère, menaces diverses sur la sécurité des personnes et des biens, paupérisation de nombreuses couches de la population, rareté de l’argent, grèves et préavis de grèves répétés… Le Mali nouveau promis mérite-t-il ce décor plutôt sombre ? Le mieux-vivre annoncé à cor et à cri sera-t-il au rendez-vous à brève échéance ? Le scepticisme envahit les populations et les autorités semblent décidées à ne faire que rassurer dans le discours. Les actes ne suivent pas nécessairement.
En effet, le pouvoir de transition du Colonel Assimi Goïta doit tout mettre en œuvre pour que le front social ne se mette en ébullition, au moment où la détérioration du climat sécuritaire est déjà un casse-tête.
Parmi les plus graves récriminations faites à la gouvernance IBK, la crise sécuritaire est à la première place. C’est au point que les uns et les autres ont fini par conclure que le président de la République, réélu en 2018, était « incapable » de trouver une solution à cette crise. « IBK n’en peut plus » (IBK désèra).
C’est dans cette atmosphère qu’est survenu le coup d’Etat d’août 2020. Et le pouvoir militaire, qui a pris les rênes du pays, après avoir parachevé la lutte de renversement d’IBK, a promis d’aller vers un nouveau dans la gestion des affaires publiques. Ce Mali kura devrait rompre avec un certain laisser-aller, ou un laxisme dans la conduite des affaires de la cité. Or, c’est ce laxisme ou cette négligence qui conduit à des grèves répétitives dans l’administration.
Et c’est ce à quoi l’on assiste depuis plusieurs semaines avec un amoncellement des préavis de grèves dans divers secteurs d’activités. Comment le gouvernement ne peut-il pas mettre sur pied en amont un mécanisme pour désamorcer des grèves dans les secteurs publics ? Quel travail fait le ministère du Travail, de la Fonction publique et du dialogue social pour que l’on continue d’assister à des séries d’arrêts de travail ou des débrayages dans divers secteurs de l’administration ?
Il faut rappeler que la Transition est une période sensible qui doit permettre aux forces vives du pays de s’unir « autour de l’essentiel ». Cela impose une stabilité et une sérénité dans la gestion des affaires de l’Etat. Or, il n’y a pas d’Etat sans le fonctionnement correct des services publics, en particulier celui des services publics stratégiques comme la justice. Comment comprendre qu’aucune synergie d’action n’ait pu être mise en place par les ministères de la Justice et du Travail pour éviter le déclenchement de la grève de 5 jours des magistrats ? Ne serait-ce pas là une négligence coupable ? Rien n’est moins sûr, surtout que la plupart des doléances en jeu ne sont pas financières, mais de nature organisationnelle.
Comment expliquer que cette grève, dont les syndicats de magistrats promettent la reconduction, ait pu être déclenché comme un « arrêt de travail d’avertissement », et ceci à seulement quelques jours après une autre grève ayant paralysé le système éducatif national ? Ne dit-on pas que gouverner c’est prévoir ? Nos gouvernants ne doivent-ils pas être dans un minimum d’anticipation, au moment d’autres pans de l’administration projettent observer dans les prochains jours des grèves similaires ?
Il urge pour le gouvernement, en particulier, au premier magistrat du pays, le chef de la Transition, le Colonel Assimi Goïta de se réveiller, pour prendre le taureau de l’administration publique par les cornes. Car, il est très regrettable qu’un pays aussi en crise comme le Mali, connaisse des grèves aussi répétées, dans une quasi-indifférence. Doit-on laisser assombrir l’horizon du peuple par cette succession de grèves, alors qu’il est déjà éprouvé par la cherté de la vie ? Où est alors ne serait-ce que la phase chantier du Mali kura promis, plus de deux ans après le renversement d’IBK ?
Kassoum TOGO