A l’entame du mandat d’IBK, son ministre de la justice d’alors Mohamed Ali Bathily avait fait arrêter des magistrats soupçonnés d’abus et de fraudes. En tout cas, sa volonté politique y est pour beaucoup.
Les magistrats avaient voulu déclencher une grève. Un des leurs sans doute intellectuellement plus armé que les autres leur avait signalé en substance : On ne peut combattre un pouvoir en phase avec son peuple ; nous sommes mal-aimés des maliens ; nous ne pouvons rien contre un président à son zénith. Le magistrat avait raison mais les données ont depuis changé.
Un pouvoir corrompu est intrinsèquement faible
Aujourd’hui, tous les secteurs de la société sont en panne et en grève du fait du désespoir, de la corruption et de l’impunité mais aussi et surtout, de la culture de soi entretenue depuis Koulouba.
Les affaires scandaleuses les unes plus que les autres font surface chaque jour. Avion surfacturé, paire de chaussettes à 30000 FCFA. Engrais frelatés. Omnipotence et omniprésence de la famille d’abord.
Comme boule de neige, un pouvoir corrompu n’inspirant jamais confiance, les mouvements sociaux, en termes de grèves, éclatent çà et là.
Les syndicats des enseignants, de la santé, des banques, des services du travail, de l’ORTM, des impôts ETC se mettent en grève. Comme pour se moquer de la misère du peuple, les laudateurs et flagorneurs du régime crient au déficit de patriotisme des travailleurs oubliant sinon cautionnant les vols et autres détournements des princes du jour.
Qui pour blâmer qui ?
Très objectivement, qui de sérieux et de respectable peut en vouloir aux différents syndicats de réclamer leurs droits si au sommet de l’État le président IBK bouffe quotidiennement 800 000 FCFA. Nous parlons de bouffe.
Si IBK prend matin, midi et soir l’avion surfacturé pour ses cent pas.
Qui pour blâmer les syndicalistes si des vieux retraités sont réemployés au détriment des cadres valables et actifs ?
Qui peut douter du patriotisme des syndicalistes si des chefs de service nationaux font commerce du bois et du charbon impunément avec les véhicules de services ?
Des femmes de ministres devenues commerçantes ou intermédiaires dans les marchés publics.
Si un pays est en crise, le pouvoir politique n’a pas besoin de le chanter. Cela se voit.
Si IBK donnait le meilleur exemple à travers une gestion rigoureuse et sérieuse des moyens de l’état, aucune grève ne prospérera au Mali.
IBK ne peut pas laisser son ministre et beau-frère Hamadou Konaté jouer et se jouer des fonds de l’INPS à Paris et appeler les autres maliens au patriotisme. Au don de soi.
IBK ne doit pas croire l’instant d’une seconde qu’en laissant Karim Keita, jouer avec les deniers publics à Paris qu’il contribue à l’édification d’une nation.
IBK ne fera admettre à personne qu’il n’avait pas carte blanche du peuple pour redresser le Mali.
Tout compte fait
Le Mali est, selon une expression empruntée aux Israéliens, notre maison commune. Ensemble, nous gagnerons ou ensemble, nous échouerons. Notre destinée est commune.
Il est temps, vraiment le moment est venu, de dire à IBK de changer le cap. De l’obliger à changer de cap.
Tous ceux qui, par inconscience ou par soucis d’intérêts personnels cautionnent ou appuient IBK, le père démolisseur, le regretteront un jour.
Ceux qui ont la naïveté de croire qu’IBK n’a pas déclaré ses biens par pure pudeur, sont plus inexcusables qu’IBK lui-même.
Il ne sert à rien de se taire pour ne pas déplaire juste à un simple mortel. Homme parmi les hommes.
Que tous se rassurent nous ne voulons ni la sympathie ni la considération des ennemis de notre peuple.
Boubacar SOW, Correspondant du journal Option en France
Journal Option