Ce groupe, composé de neuf véhicules, était mixte (éléments de l’armée et de Gandaïso). Au lieu de se diriger vers leur cible, ces combattants ont préféré aller à Gossi. A un kilomètre de la route nationale menant à Gao, entre Hombori et Gossi, se trouve le campement de Mohamed Youssouf, le Président du Conseil de cercle de Gourma Rharous. Une salve de roquettes y a été lancée. Les habitants du campement ont paniqué et ce fut le sauve-qui-peut.
Les éléments d’Ibrahim Bossou entreront dans le campement de 500 personnes environs, selon plusieurs témoignages, dépouilleront les populations, feront coucher les gens sur leur ventre, déshabilleront les femmes… Ces informations nous ont été confirmées par le maire de Gossi, Mossa Ag Elmouner, très déçu de ces comportements.
«Nous sommes en train de sensibiliser tous les jours les habitants de Gossi et environs pour les empêcher de partir au Burkina Faso comme réfugiés. Et aujourd’hui, à travers cette maladresse ou ce sabotage, que sais-je? on veut anéantir nos efforts. Parce qu’une fois paniquées, les populations tentent toujours de chercher la sécurité ailleurs. Je suis vraiment révolté et estomaqué par cette situation qui touche le campement de Mohamed Youssouf, celui-là même qui nous appuie et qui nous aide à rassurer les uns et les autres. C’est vraiment dommage!» a déploré l’édile de Gossi.
Nous avons pu également joindre Mohamed Youssouf, qui reconfirmera nos informations en ajoutant: «deux femmes Kel Essouk ont avorté, suite aux nombreux tirs de roquettes et à la panique générale. Une était à quatre mois de grossesse et l’autre à six mois. Mon campement est le plus stable et le plus loyal de la Commune de Gossi. Récemment également, j’ai été intimidé par des militaires. Je ne comprends pas, alors que tous les jours je me bats pour la sécurité et le retour de la paix. J’ai fourni beaucoup d’efforts et les plus hautes autorités peuvent en témoigner. Mon Dieu, qu’est ce qu’on me veut?».
Pour ceux qui ne le savent pas, c’est bien Mohamed Youssouf qui a contribué au cantonnement des revenants de Libye à Takalout. Et c’est bien lui qui a aussi dirigé leur chef, le Colonel Waki Agossat vers Koulouba. Et c’est bien le groupe de ce dernier qui se bat auprès des forces loyalistes. Cet ex- légionnaire de l’armée libyenne a en charge la sécurité de Kidal, en l’absence de Gamou.
Notre commentaire Il faut donc situer au plus vite les responsabilités afin d’éviter l’amalgame. Gossi n’est pas Tessit. On pourrait aussi penser à une dénonciation calomnieuse selon laquelle il y aurait des armes de ce campement. Ce qui est sûr, selon les notables, c’est qu’il n’y a aucune arme.
Il faut situer les responsabilités pour voir s’il n’y a pas un règlement de comptes derrière cette opération. Il doit, en effet, régner la confiance entre l’Etat, j’allais dire l’armée, et ceux qui s’investissent pour la recherche de la paix, quelle que soit la couleur de leur peau. Sinon, bonjour les amalgames, la confusion, les règlements de comptes et … les assassinats en tous genres.
Déjà, en janvier dernier, un Conseiller spécial d’ATT et le ministre de l’Agriculture, Aghatam Ag Alassane, avaient vu leurs domiciles perquisitionnés à Gao et, par la suite, l’ex- ministre de l’Artisanat et du Tourisme du Président Konaré, Zakiatou Walette Halatine avait été victime d’attaques injustifiées. Résultat: des personnalités et cadres arabes et tamasheks ont quitté Bamako pour les pays voisins. Certaines sont revenus, d’autres attendent toujours de voir comment la situation évolue.
Encore une fois, évitons l’amalgame. L’armée républicaine doit donner le bon exemple, faire toujours preuve de professionnalisme. Peau blanche ou rouge est loin d’être synonyme de rebelle!
Chahana Takiou
22 Septembre 05/02/2012