Le putsch militaire du 19 novembre 1968, conduit par le comité militaire de libération nationale (CMLN) avec, à sa tête, le lieutenant Moussa Traoré, a instauré dans notre pays, rien que la dictature avec plus tard son système de parti unique, UDPM (union démocratique du Peuple Malien – UDPM-). Ce fût la disgrâce pour tous les intellectuels, les patriotes ou simplement tous ceux qui pensaient autrement le Mali, leur patrie. Surtout avec la persécution des intellectuels notamment les enseignants dont beaucoup seront contraints à l’exil : le cas de Ibrahima Ly est éloquent. Des fonds importants ont été mis à disposition pour lutter contre la faim, l’analphabétisme et la soif mais, qui ne sont jamais parvenus à destination. C’est le cas des millions de F CFA qui ont été débloqués pour soulager les populations du nord suite à la grande sécheresse de 1972-73 et qui n’ont malheureusement pas empêché des Populations de mourir de faim et de soif chaque jour au Mali.
L’opinion publique malienne et internationale risque d’être encore trompée par cette tentative de réécrire l’histoire récente du pays pour brouiller les vraies pistes. Alors qu’elle est en droit d’apprendre, de comprendre et d’apprécier en toute sérénité et responsabilité. Surtout sa jeunesse qui n’a pas vécu le régime soldatesque de GMT-CMLN-UDPM ni connu les mouvements démocratiques révolutionnaires. Une lecture simpliste de certains documents et des interventions inappropriées dans certains débats de fond constituera une prime à la dictature et à la terreur que GMT a instauré dans notre pays.
Cette tentative de réécrire l’histoire récente du pays est très méchante, égoïste, sans pitié, inhumaine, …… Un tel acte ne doit pas être toléré car il porte atteinte à la dignité et à la pudeur du peuple malien, un peuple tolérant. La démagogie de ces “ intellectuels” dont le seul mérite aura été de collaborer avec une soldatesque pour étouffer les débats d’idées et asseoir leur toile d’araignée sur le pays afin de mieux le piller au propre comme au figuré. Il est plus qu’impérieux que ces intellos amnésiques se mettent au pas de l’histoire du Mali sous peine d’être guillotinés par le vrai détenteur de la réalité, à la fois victimes et contemplateurs. Nous avons une responsabilité morale envers ce pays. Nous avons une dette morale envers les milliers de maliens, victimes innocentes de GMT.
Nous avons un compte à rendre à ce peuple larmoyant, qui a subi silencieusement les blessures et les meurtrissures du régime GMT avec des longs mois sans salaires, avec des humiliations de chefs de familles, avec des déportations, avec le désespoir comme raison de vivre. Alors, nous nous devons de voler au secours de ces milliers d’anonymes qui ont été marginalisés, volés, violés, bafoués par des apatrides militaire-intello-politiques. Nous devons refuser de laisser notre pays dans les mains de ces dinosaures politiques et intellectuels.
Modibo Keita, le tout premier Président du Mali indépendant devant qui le Géant De Gaulle de la République Française était obligé de relever la tête, a été humilié, trimbalé et assassiné. Abdoul Karim Camara dit. Cabral, leader estudiantin a été torturé et froidement assassiné. Leurs corps n’ont jamais été retrouvés et leurs tombes jamais identifiées. Sans jugement, beaucoup de maliens ont été maintenus au secret pendant de longs mois, humiliés et torturés parce qu’ils ne sont pas d’accord avec le régime GMT-CMLN-UDPM dont Jean Bosco Konaré, l’un des auteurs du livre. Une bonne partie des gens déportés au nord ont succombé dans les mines de Taoudenit, exploité à ciel ouvert avec des instruments dignes du Moyen-âge, là où les détenus travaillent, pieds nus, par 40°C et plus.
En Mars 1971, le Capitaine Yoro Diakité, premier chef du gouvernement de l’ère GMT et le Capitaine Malick Diallo sont arrêtés, dégradés et condamnés aux travaux forcés pour tentative de Coup d’Etat. Yoro Diakité meurt dans des conditions atroces. Boniface Diarra, responsable de l’ENA est arrêté en Février 1977, parce qu’il avait organisé les étudiants à protester contre un décret gouvernemental modifiant les conditions d’accès des étudiants aux écoles supérieures en instituant le concours direct pour tous les étudiants.
Hon Yaya Sangaré
Député à l’Assemblée nationale du Mali