Il a 58 ans, est né à Nantes et dit avoir servi dans la marine marchande française pendant 15 ans. Dans un entretien au magazine L’Express, en janvier, Gilles Le Guen se décrit lui-même comme un marginal, qui s’est converti à l’islam en 1985.
Depuis deux ans, il habitait avec sa femme, une Marocaine, et ses cinq enfants, à une trentaine de kilomètres de Tombouctou. Musulman de longue date donc, mais qui s’est radicalisé récemment. Il ne rejoint les rangs des jihadistes qu’au moment où ils entrent dans la ville, il y a un peu plus d’un an. Gilles Le Guen prend alors le nom d’Abdeljellil.
En décembre, le correspondant de RFI au Mali l’avait rencontré à Tombouctou (pour lire son reportage de l’époque, cliquer ici). La ville était encore aux mains des islamistes. Gilles Le Guen lui avait confié avoir marié sa fille d’à peine 12 ans à un autre jihadiste. A cette époque, Gilles Le Guen circulait en mobylette, et était en charge de la distribution d’électricité à Tombouctou.
Localisé en septembre
Les services secrets français le voient pour la première fois sur des photos avec d’autres islamistes en septembre dernier. Il apparait dans une vidéo sur internet en octobre, à visage découvert. Il porte un turban noir et une tunique beige. Sur l’image, derrière lui, un grand drapeau noir avec le sigle d’al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). A côté de lui : une kalachnikov.
La vidéo dure onze minutes. Gilles Le Guen y détaille son parcours, ses nombreux voyages. Il dit avoir travaillé pour l’ONG Médecin sans frontière aussi. Puis il tient des propos anti-occidentaux et met notamment en garde la France et les Etats-Unis contre une intervention au Mali.
Malgré ses convictions radicales, sa réelle implication dans le mouvement jihadiste reste à déterminer. En novembre 2012, il a d’ailleurs été emprisonné quelques jours par des responsables d’Aqmi qui le soupçonnaient d’être un espion à la solde des Français. D’autres sources disent qu’il a été arrêté parce qu’il est intervenu pour empêcher des jihadistes de malmener des femmes.
Il y a eu des rumeurs, démenties par la suite, sur la participation de Gilles Le Guen à la prise d’otage d’In Amenas en Algérie au début de l’année. Cependant, le 1er mai, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a estimé sur Europe 1 que Gilles Le Guen a « certainement combattu » avec les jihadistes et parle d’un « paumé qui devient terroriste ». Selon le ministre, il s’agirait plutôt d’une « dérive individuelle de fanatisme ».
Les troupes françaises doivent le remettre aux Maliens qui décideront probablement, selon les termes d’un accord entre les deux pays, d’expulser Gilles Le Guen vers la France où il serait jugé. Il pourrait être en France dans une quinzaine de jours. « Un dossier est en cours d’instruction », a expliqué Jean-Yves Le Drian.
Faible présence de combattants français au Mali
D’après le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, il y a actuellement au Mali « une poignée de Français ou résidants en France qui se battent aux côtés des jihadistes ». « Ils se comptent sur les doigts d’une main », selon les termes du ministre de la Défense Jean-Yves le Drian.
Le 20 mars, un terroriste franco-malien était mort lors de combats à Tombouctou. Un autre Français avait été capturé début mars. Il est aujourd’hui mis en examen par la justice. L’année dernière, deux Français ont été arrêtés au Mali et au Niger, alors qu’ils voulaient rejoindre les combattants islamistes. Ils sont depuis détenus en France.
Mais le profil des jihadistes Français est différent de celui de Gilles Le Guen. Ils sont en général plus jeunes, la vingtaine, et les experts les présentent souvent comme des petits délinquants révoltés, qui se radicalisent et qui suivent un entraînement militaire lors de séjours en Afghanistan par exemple. Les islamistes français cherchent ensuite à rejoindre les combats. Ils sont présents au Mali mais aussi en Syrie et dans d’autres pays du Moyen-Orient.
Par Jeanne Richard
Rfi.fr 2013-05-02 20:24:17