En pourparlers dans la capitale nigérienne, le week-end dernier, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme ont convenu d’un arrangement pour la gestion collégiale de la ville de Kidal. Si cette entente est perçue pour la majorité présidentielle comme une étape importante dans le retour de la paix au nord, l’opposition et des observateurs pensent que l’absence de de l’Etat aux assises constitue des sources d’interrogations. Explications.
Les groupes armés de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et de la Plateforme ont conclu, le dimanche 17 juillet à Niamey, un arrangement pour assurer la gestion de Kidal. Le texte vise à baisser la tension dans la Cité de l’Adrar des Ifoghas par une gestion collégiale de la sécurité, y compris les check-points.
Les parties se sont engagées à mettre en place une commission régionale de coordination des activités socioéconomiques et des commissions sectorielles. La première, composée de huit membres répartis de façon égale, sera dirigée par une coprésidence CMA-Plateforme. Les commissions sectorielles sont au nombre de six : eau/énergie, assainissement, éducation, santé, humanitaire et communication. La présidence des deux commissions, le vice-présidence de deux autres et la 2e vice-présidence des deux autres restantes seront assurées par la plateforme, indique le document.
Les acteurs politiques notamment de la majorité présidentielle se félicitent des engagements des groupes pour le retour de la paix à Kidal, fief de tout ce que le Mali compte comme groupes rebelles. « Je rends hommage au peuple nigérien pour avoir accompagné le Mali en cette période difficile », affirme le président des jeunes de l’Union malienne du Rassemblement démocratique africain (UM/RDA), membre de la majorité, Mamadou Bougouri Diarra. Pour lui, Kidal a besoin de stabilité. « Et c’est ce que les groupes armés ont compris pour parler de la paix… »
Le chargé à la communication du Parti du développement économique et la solidarité (PDES), membre de l’opposition, Nouhoum Togo, a des inquiétudes sur le document. « Je suis convaincu d’une chose : le processus sera consolidé par la mise en place des autorités intérimaires. Mon souci c’est les négociations ont été dirigées sans le gouvernement », explique-t-il.
Quid de la société civile ?
Si les acteurs politiques se félicitent des conclusions du document, cependant ils déplorent tous l’absence de de l’Etat aux pourparlers de Niamey. Tout comme la société civile. Pour Dr. Etienne Fakaba Sissoko, la non-participation du gouvernement constitue une source d’interrogations.
« J’ai toujours pensé que les groupes armés n’ont pas vocation à gérer des mairies. Cela ressort des collectivités territoriales. Le véritable débat n’a pas été posé. Aujourd’hui, nous avons plusieurs accords et ententes mais pour quel impact ? C’est la question qu’on se pose. Quel que soit le contenu de l’accord, à mon avis, on n’est pas au bout du tunnel… »
Bréhima Sogoba