Gestion du nord : la mauvaise foi ne bâtit pas une paix

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Le Haut conseil de l’unité de l’Azawad aurait envoyé quelques membres de son équipe politique à Bamako pour mener la campagne de sensibilisation auprès des Maliens, fin mars 2015. Il s’agit notamment d’un Malien originaire de Kayes, nommé Sory Ibrahim Tandja, recruté part le Hcua à l’aune des négociations d’Alger, ainsi que des deux députés maliens et proches du secrétaire général du Hcua, Alghabass Ag Intalla, à savoir son frère aîné Mohamed Ag Intalla et Ahmad Ag Bibi.

Pour faciliter cette campagne avantageuse pour le régime d’IBK, toujours prêt à profiter des événements pour gaspiller les fonds publics, le leader religieux malien Chérif Haïdara fut sollicité pour servir de garant auprès des Maliens qui seraient réticents à accepter le retour du mouvement «frère» Hcua. Ayant suivi toute l’évolution de ce processus clandestin de restauration de la paix au Mali, notre équipe a appris aux dernières nouvelles la remise par le gouvernement du Mali d’une mallette contenant la somme de deux-cents millions de Fcfa (200.000.000 Fcfa) au député Mohamed Ag Intalla par le canal d’Abdoul Magid Ag Mohamed Ahmed dit Nasser, qui a servi de coursier au compte de l’État. Laquelle somme serait destinée aux leaders du Hcua pour faciliter «le retour de la paix».

L’influence des multinationales et des pays de la région, en l’occurrence du Niger et de l’Algérie, rend difficile la lecture et la compréhension de l’évolution du processus de paix enclenché début septembre 2014 à Alger. Il est très difficile d’être juge et partie d’un conflit qui évolue vers son internationalisation. Malgré la manipulation et la campagne de désinformation qui sont faites via les médias sur le processus d’Alger, l’incohérence d’avec la réalité sur le terrain en dit plus sur l’échec des négociations.

Rappelons que la cérémonie du paraphe du 1er mars 2015 avait créé le doute dans l’esprit des novices. Très vite, l’opinion internationale s’est rendue compte que l’accord a été signé par toutes les parties «inutiles» car non-belligérantes. Pour cet affront, l’Algérie a promis aux pro-Azawad «l’Opium et le bâton» (livre de Mouloud Mammeri sur le Front de libération national de 1962). Ainsi naissent les dissensions au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma).

Le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (Hcua) s’est immédiatement prononcé pour la signature de ce nouveau document à Alger, avant même les cérémonies de consultations des populations de l’Azawad, conformément à la feuille de route pour les négociations d’Alger de juillet 2014. Consciente de son illégitimité dans l’Azawad, l’Algérie recommande au Hcua de rester dans la Cma afin d’amener les réticents à croire au bien-fondé d’un document rejeté par toutes les principales parties belligérantes.

Les consultations des bases de la Cma du 12 et 13 mars 2015 se sont soldées par un rejet catégorique du document ainsi que de la médiation algérienne jugée partie prenante au conflit. Avertis et menacés de lourdes conséquences d’une telle décision, les leaders de la Cma tentent de tamiser la voix du peuple pour en retenir un document comportant quelques points de recommandation, à considérer avant tout paraphe, remis à la délégation des diplomates des pays membres de la médiation élargie aux représentants des membres du Conseil de sécurité, le 17 mars, dans les locaux de la Minusma à Kidal.

Informé de la volonté de signer du Hcua, le Mali s’engage auprès de l’Algérie en vue de satisfaire ses conditions. Lesquelles seraient, entre autres, rétablir l’image de ce mouvement auprès de l’opinion malienne qui lui reproche d’avoir tenu des propos favorables à l’établissement de la «charia» ; rançonner ses élites politiques et militaires ; veiller à maintenir son leadership sur la région de Kidal ; demander l’amnistie générale pour tous les membres d’Ançar Dine, y compris Iyad.

La mise en œuvre de cette alliance de circonstance visait à torpiller la forte influence des populations de l’Azawad sur les décisions politiques de la Coordination des mouvements de l’Azawad en donnant le monopole de la décision à la minorité acquise à Alger. Entre-temps, sur le terrain, les forces de la Cma multiplient les coups de force sur l’armée malienne. Le dernier combat, opposant la Cma aux Forces armées maliennes (Fama) à 40 km de Tombouctou, a fait 28 morts et d’énormes matériels militaires récupérés par la Cma, qui n’a enregistré aucune perte en vie humaine et aucun dégât matériel. Pendant ce temps, les tensions politiques divisent le Mnla entre ceux qui veulent rallier Alger le mercredi 13 mai 2015 et ceux qui exigent le respect du cessez-le-feu comme préalable à la réouverture des discussions.

Rappelons que la Minusma est heurtée à son incapacité à faire respecter le cessez-le-feu face à des milices pro-gouvernementales encouragées par l’Algérie et le Mali à rester à Ménaka afin d’affaiblir le Mnla hostile à la signature du 15 mai 2015. Cette citation d’un leader de la révolution de l’Azawad, Eghlas Ag Ouffene, pour finir cet article : «Si Kidal est la mère des dernières révolutions, elle est aussi responsable de tous les avortements qui empêchent aux bébés de voir le jour».

Ould Dahi MAHAMOUD

Source: Le Reporter 18/05/2015