«Démission du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta » dont la gestion du pays est qualifiée de «chaotique et prédatrice ». C’est le motif d’une marche prévue à Bamako par trois organisations politiques, vendredi prochain.
Si la Constitution autorise la désobéissance civile, l’appel à l’insurrection ou à la sédition est, quant à lui, sévèrement puni par les textes.
Même si la gouvernance actuelle du pays peut être critiquée sur certains aspects, l’esprit républicain ne peut et ne doit accepter se mettre dans un quelconque schéma insurrectionnel.
En effet, en appelant à « la démission du président de la République », certains acteurs politiques et de la société civile tentent d’ouvrir une boîte de Pandore et de menacer la stabilité du pays.
Qu’est-ce qui explique aujourd’hui, à trois ans de la fin du second mandat d’IBK, ces agitations et manœuvres insurrectionnelles dans le pays? Même si c’est à l’unanimité que les trois organisations, Front pour la sauvegarde de la Démocratie (FSD), la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de Mahmoud Dicko (CMAS) et le mouvement Espoir Mali Kura (EMK)dénoncent la gestion du pays, faut-il pour autant prêcher le renversement des institutions dans un Mali en crise aggravé depuis 2012 ?Les griefs relatifs à « une gestion catastrophique de la crise multidimensionnelle du pays, des atteintes à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du pays, l’abandon de l’armée, la remise en cause des valeurs et les principes de la République, le péril sur les droits et les libertés individuelles et collectives, l’abandon des secteurs clés de l’activité socio-économique et l’impasse sur la voie électorale » méritent-ils de plomber le pays dans une nouvelle crise politico-institutionnelle ? N’est-il pas simplement suicidaire pour le Mali de penser aujourd’hui à une démission de son président démocratiquement élu ? Quel schéma concoctentles tenants de ces projets subversifs ? Une autre transition qui ouvrirait sûrement de nouvelles parenthèses dans la marche du pays ?
Il faut souligner avec force qu’une transition politique ou un pouvoir intérimaire a toujours été l’occasion d’une gestion scabreuse des affaires publiques. L’on pourrait se retrouver, le cas échéant, à une aggravation de la crise sécuritaire, tant les velléités scissionnistes des ex-mouvements rebelles pourraientse doper…. Quid de l’intégrité territoriale malmenée par les ex-rebelles et leurs complices ?
Il urge pour le pouvoir de créer le cadre d’un dialogue politique constructif pouvant passer par la mise en place d’un gouvernement de large union national pour rassembler davantage les Maliens. C’est par ce canal que les revendicationslégitimes de «transparence dans la gestion des affaires publiques, la condamnation et la répression des actes de corruption; l’indépendance, la crédibilité, la célérité de la justice et la lutte contre l’impunité sous toutes ses formes » pourront trouver des échos favorables. Et c’est à ce prix que le pays va se préserver des projets funestes de sa déstabilisation.
En définitive, même si la CMAS, le FSD et le EMPlancent un appel patriotique pour un rassemblement des forces vives de la Nation, ce vendredi 5 juin à Bamako, IBK et son Premier ministre peuvent rapidement agir à décrisper l’atmosphère et préserver la paix sociale, chère à tous. C’est ainsi que cet appel à l’union sacréepeut se faire plutôt autour de l’idéal d’un Mali uni, prospère et respecté face au péril terroriste et impérialiste.
La réalisation de cet objectif sauvera non seulement le pouvoir IBK, mais aussi et surtout le pays tout entier et gardera intacte les chances d’accession au pouvoir de ceux qui appellent aujourd’hui à la révolte imprévisible et destructrice.Et c’est à ce prix que les organisations FSD, CMAS et EMK aideront efficacement à « la reconstruction des forces armées et de sécurité, la préservation de l’intégrité territoriale du Mali, une gouvernance vertueuse garantissant la paix, la sécurité, la justice et la réconciliation nationale, la priorisation de l’éducation et de la santé, la garantie de l’accès aux services sociaux de base et aux infrastructures, la restauration de l’Etat de droit par la consolidation de la démocratie …»
Rappelons que dans une déclaration rendue publique le 26 mai 2020, les trois organisations lançaient déjà« un appel patriotique à tous les Maliens, de l’intérieur et de la Diaspora », pour ce qu’elles ont appelé « une grande mobilisation pour le sursaut national …un rassemblement des forces vives de la Nation afin de créer les conditions d’une union sacrée autour de l’idéal d’un Mali uni, prospère et respecté, à travers une refondation du système actuel.». Ce projet doit être rassembleur de tous les acteurs sociopolitiques du Mali, pouvoir comme opposition.
Baba Djilla SOW