GESTION DE LA TRANSITION: Un Premier ministre au discours trop clivant

Choguel Kokalla Maïga

Depuis sa nomination à la tête du gouvernement, Dr Choguel  Kokalla ne donne pas l’impression d’une personne qui rassemble.

Cela se décèle souvent  dans ses différentes interventions qui, selon plusieurs analystes, offensent des personnes qui ne partagent pas sa méthode d’actions.

Les derniers cas datent de deux semaines.

Lors de son passage à Ségou, le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maiga, a encore tenu un discours servant  plus à diviser qu’à réconcilier.

« Les gens ont la bouche pour parler, nous avons la bouche, mais nous ne parlerons pas, nous avons des idées… ».

Ce genre de déclaration ne doit pas venir d’un Premier ministre, surtout celui d’une transition politique, censée rapprocher les forces vives du pays.

Dr Choguel Kokalla Maiga doit accepter les critiques pour mieux convaincre ses détracteurs que d’enfiler un manteau différent de celui de l’unificateur.

Lors d’une autre rencontre qu’il avait animée, le 11 novembre 2021 avec les chefs traditionnels et coutumiers au Centre international des conférences de Bamako.

Dr Choguel Kokalla Maiga avait tenu des propos stigmatisants en direction des acteurs de la démocratie.

Face à cette déclaration, une de ses alliées du M5-RFP, Sy Kadidiatou Sow, a répondu au PM à travers une déclaration publiée sur les réseaux le 29 novembre 2021.

Sy Kadidiatou Sow disait ceci :

« lors de la rencontre qu’il a organisée avec le chefs traditionnels et coutumiers, le Premier Ministre Choguel Kokala Maiga a tenu des propos  insultants pour tous ceux qui ont  œuvré pour l’avènement d’une démocratie multipartiste au Mali, en général, pour la mémoire des martyrs et toutes les victimes de la répression féroce du régime de Moussa Traore.

En particulier, ces propos sont manifestement ceux d’un chef de parti porteur d’œillères qui, avec constance et obstination, entonne depuis des décennies la même rengaine :

la IIIème République serait la source, la responsable de tous les maux dont souffre notre pays.

L’instauration de la démocratie aurait conduit à la faillite de l’Etat.

L’ère démocratique n’aurait apporté que désolation au peuple malien dans tous les secteurs de la vie publique.

Son bilan se réduirait à une floraison d’associations et de partis politiques ».

Ainsi donc, parmi toutes les pages de l’histoire du Mali indépendant, celles des trois dernières décennies devraient être déchirées et jetées á la poubelle.

Notre association condamne fermement ces propos de Choguel K Maiga, qui s’inscrivent dans sa logique de la défense du régime, qui a prématurément freiné l’élan patriotique de construction nationale du Président Modibo Keita.

Au moment où les Maliens aspirent et réclament une union sacrée pour affronter les défis majeurs auxquels notre pays fait face, l’heure n’est pas aux discours tendant à la dispersion des forces.

Comment le Premier Ministre, Chef du Gouvernement compte-t-il fédérer l’ensemble des forces patriotiques et susciter leur adhésion pour réussir une transition de rupture ?

De toute évidence, la réussite de la Transition ne se fera pas dans la stigmatisation d’une partie des acteurs politiques, notamment ceux du Mouvement Démocratique de mars 1991.

C’est pourquoi, en cette phase critique de la vie de notre Nation, l’Alliance pour la Démocratie au Mali (ADEMA- Association) invite le Premier Ministre, á faire preuve de grande retenue, d’esprit d’ouverture et de tolérance.

Les Maliennes et Maliens ont en partage ce pays et doivent bénéficier d’une égale considération et d’un égal traitement de la part de ceux qui ont en charge la gestion des affaires de l’État. 

Elle exhorte tous les démocrates à redoubler de vigilance et de détermination pour défendre et faire prévaloir les valeurs et les acquis de la démocratie chèrement conquise au Mali. 

L’Alliance pour la Démocratie au Mali (ADEMA-Association) restera toujours fidèle à sa mission de Sentinelle de la Démocratie au Mali » pour la sauvegarde des libertés publiques fondamentales, la consolidation d’une société démocratique et pluraliste ».

Par ailleurs, des leaders politiques « du Cadre d’échanges pour une transition réussie », refusent de participer aux Assises nationales de la refondation en indexant le caractère « clivant » du chef du gouvernement.

Sans oublier la position opposée de l’Imam Mahmoud Dicko par rapport à la gestion de la Transition, qui vient d’annoncer un point de presse, que l’on annonce houleux et véritable pamphlet contre Choguel Maïga, le dimanche prochain.

Devant toutes ces prises de positions, le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maiga doit plutôt porter le manteau du bon sens pour prôner l’union sacrée, en vue de parvenir à réaliser l’unité nationale et faire de cette période fragile et de tension, une transition inclusive et réussie.  

Lamine BAGAYOGO