Selon l’inspecteur général Mahamadou Niakaté, représentant du ministre de la sécurité et de la protection civile, cette étude a été initiée par le PGPSP en partenariat avec le centre de Genève pour le contrôle démocratique des forces armées. Il a indiqué que la politique nationale de la sécurité et de la protection civile adoptée par le Mali, accorde une place importante au genre.
Mais, en attendant la mise en œuvre de la politique nationale de la sécurité et de la protection civile, Me Fatimata Dicko Zouboye, notaire et Me Kadidia Sangaré Coulibaly, avocate, consultantes commises pour réaliser l’étude sur « le genre et la sécurité au Mali », sont parvenues à la conclusion que « la principale lacune est l’absence d’une politique formelle tenant compte du genre dans le secteur de la sécurité au Mali ». Selon elles, l’absence d’une telle politique rend difficile la reconnaissance des besoins et du potentiel du personnel féminin des forces armées et de sécurité ainsi que la prise en compte de l’expérience distincte des Maliens et Maliennes en matière de sécurité.
Mais avant, Me Fatimata Dicko Zouboye, a indiqué que l’objectif de l’étude était de faire le point sur l’état de la prise en compte de la dimension genre dans le secteur de la sécurité. « Cela doit faciliter la définition de politiques pertinentes d’intervention et assurer le suivi des réalisations et des progrès à partir d’indicateurs fiables », a-t-elle déclaré. Avant de révéler que l’étude devait aboutir à une cartographie des parties prenantes nationales, régionales et internationales qui travaillent sur des questions liant sécurité et genre.
Du côté de l’Assemblée nationale, les consultantes dénoncent l’absence de commission spécifiquement chargée de la promotion de la femme. Si elles saluent la présence d’une femme à la tête de la commission des lois, elles ont regretté le fait qu’il y a seulement 15 femmes députés sur 147. Du côté du gouvernement, même si une femme a été nommée à la tête de l’actuel gouvernement, Me Fatimata Dicko Zouboye a rappelé que de 6 femmes sur 25 ministres, le nombre des femmes est passé à 4 sur 32 ministres. Au niveau communal, elle a mis l’accent sur le fait qu’on y dénombre que 886 femmes sur 10627 conseillers.
Même dans le secteur juridique qui est le seul à disposer d’une politique d’égalité entre les femmes et les hommes, la situation n’est pas trop rose. L’étude révèle qu’on y compte que 11% de femmes magistrats, 8% d’avocates et 22% de femmes notaires. Dans le secteur pénal, l’étude indique que le pourcentage de personnel féminin est faible, avec 15%, même si au niveau des services administratifs, le taux passe à 52%.
Du côté de la police nationale où le premier recrutement de femme a eu lieu en 1969, le taux des femmes est de 12% et il est de 9% à la protection civile. L’étude a rappelé qu’il a fallu attendre la fin des années 1980 pour voir les femmes intégrer les forces armées. Bien qu’il n’existe pas de politique de recrutement du personnel féminin, les consultantes ont admis qu’il y a une pratique de recrutement d’environ 10% de femmes par opération.
Me Fatimata Zouboye Dicko a soutenu que les femmes sont mieux représentées dans le corps des douanes, où elles comptent pour 22% des effectifs totaux. Pour sa part, Me Kadidia Sangaré est intervenue pour demander la mise en œuvre de la résolution 1325 du conseil de sécurité de l’ONU sur les femmes, la paix et la sécurité.
Elle a suggéré les changements de mentalités et les comportements et formulé des recommandations, dont l’harmonisation des textes juridiques, la mise en œuvre du plan d’action nationale de la résolution 1325, l’harmonisation et le recrutement des femmes au sein des forces armées et de sécurité, la création d’une commission genre au sein de l’Assemblée nationale, une plus grande implication de la société civile dans le débat sur la dimension genre de la société civile. Mme Ndioro Ndiaye, ancienne ministre sénégalaise de la promotion de la femme et Présidente de l’alliance pour la migration, le leadership et le développement, est intervenue pour présenter l’expérience sénégalaise en la matière.
Assane Koné
Le Républicain 12/05/2011