Ouvertement, le commandant en chef de la Force du G5-Sahel a laissé entendre un manque d’équipements et que l’urgence est d’avoir un nouveau QG. « On attend que les autorités maliennes nous proposent un local », a-t-il lancé. Des prémices d’un échec d’une force censée lutter contre le terrorisme.
Le chef de la Force anti-jihadiste du G5-Sahel, le général mauritanien Hanena Ould Sidi, a déploré lundi le manque d’équipements et l’absence de nouveau quartier général, après l’attaque qui a frappé fin juin celui de Sévaré (centre du Mali).
« Ce sont les équipements qui me manquent, et le PC (poste de commandement, Ndlr) de la force. On n’a pas de quartier général et les équipements tardent à venir », a déclaré à l’AFP l’officier mauritanien à l’issue d’une rencontre avec la ministre française des Armées, Florence Parly, et son homologue allemande de la Défense, Ursula von der Leyen.
Il a notamment cité « des équipements majeurs, comme les blindés, les équipements contre les IED » (engins explosifs improvisés).
En un an, la Force a mené une poignée d’opérations avec l’appui direct et logistique de Barkhane, sans réel impact sur le terrain, où elle n’a pas encore croisé le fer avec les jihadistes.
Le général mauritanien Hanena Ould Sidi a succédé au général malien Didier Dacko sur décision d’un sommet de l’organisation régionale G5 (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), le 2 juillet à Nouakchott, en présence du président français Emmanuel Macron.
Ce remplacement fait suite à un attentat jihadiste le 29 juin contre le quartier général de la Force à Sévaré qui avait fait trois morts, dont deux militaires maliens de cette Force, outre deux assaillants.
En septembre, le général Hanena Ould Sidi a décidé de déménager ce QG de Sévaré à Bamako. « On attend que les autorités maliennes nous proposent un local. Quand on n’a pas de bureau pour travailler, pour réfléchir, on ne peut pas avancer », a-t-il déploré lundi.
Toutefois, souligne-t-on dans son entourage, « le commandant de la Force a déjà commencé à planifier des opérations malgré cette situation précaire ».
Les entretiens avec les deux ministres européennes ont porté « sur l’évolution de l’arrivée de l’aide financière, des équipements, la montée en puissance des PC de fuseaux » Ouest, Est et Centre, ainsi que sur la reprise progressive des opérations de la Force, a indiqué Mme Parly.
« Il était normal compte tenu de la saison des pluies que celle-ci interrompe ses opérations, mais elles vont reprendre », a-t-elle assuré.
« La Force conjointe est une contribution importante à une lutte contre le terrorisme qui doit être sans pitié », a ajouté la ministre française, saluant « un outil extrêmement important et précieux ».
Face à la dégradation de la situation dans le Centre du Mali, limitrophe du Burkina Faso et du Niger, gagnés à leur tour par les violences jihadistes, souvent mêlées à des conflits intercommunautaires, le G5-Sahel a réactivé en 2017 avec l’appui de la France son projet de force conjointe, initialement lancé en 2015.
Bien que le budget, de quelque 420 millions d’euros, ait été bouclé lors de réunions de donateurs internationaux, les fonds tardent à arriver, par des canaux multiples, à la fois multilatéraux et bilatéraux.
- M. C. avec AFP