GAO La nouvelle destination aurifère du Mali

La Cité des Askia est devenue le nouvel Eldorado des orpailleurs du Mali et d’autres pays comme le Burkina Faso, le Niger, l’Algérie, la Mauritanie, le Soudan…Des gisements du métal jaune ont été découverts dans trois villages : Marsi, N’Tillit et Tinaïkorene. Ces trois sites d’orpaillage sont distants, respectivement de 20, 30 et 15 km de N’Tahaka, situé sur la RN7 à 90 km de Gao. C’est au mois d’avril dernier, en plein mois de Ramadan, que la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre dans le Septentrion et au-delà.

En effet, à l’annonce de la nouvelle, des dizaines de jeunes issus des différentes communautés de notre pays ont convergé vers N’Tillit, armés de pelles, de pioches, de bidons… Certains ont déboursé des fortunes pour s’équiper de piqueuses, en appareils détecteurs d’or et en compresseurs.

A ce jour, la située des Askia s’étouffe de pick-up qui assurent le transport des orpailleurs sur le site. Ces véhicules sont conduits pour la plupart, par des individus armés jusqu’aux dents.

Sur le site, certains orpailleurs ont installé des tentes de fortune, alors que d’autres y sont venus avec des containers. Les orpailleurs sont ravitaillés en eau par des camions citernes, dont les propriétaires se frottent également les mains, tout comme les restaurateurs qui se trouvent sur le site. Pour le moment, seuls les hommes travaillent sur le site et l’alcool est prohibé, car le site est sous le contrôle des « djiahadistes ». Ils ont dit qu’ils appliqueront la charia à tous ceux qui se rendront sur les trois sites.

Cette découverte rallonge la liste des revenus des « djihadistes » et les autres groupes armés

Selon un rapport publié le mercredi 13 novembre 2019,  l’ONG International Crisis Group (ICG) « a attire l’attention de l’opinion nationale et internationale que les  ressources minières notamment l’or est en passe de devenir la nouvelle source de revenus des groupes armés dans le sahel ». Ces nouveaux prédateurs profitent de l’inexistence et de la faiblesse du Mali pour mettre la main sur les sites d’orpaillage.

Selon le rapport : « leur convoitise est attisée par le boom du secteur aurifère artisanal depuis la découverte en 2012, d’un filon saharien. Le Mali, cet état pauvre peine à faire face à la présence des « djihadistes », malgré la présence de forces étrangères de l’ONU et de la France, dont les populations ont de la peine à comprendre le but de leur présence. Cette situation est d’autant plus délicate du faite la contribution de l’or aux recettes budgétaires de 2020 est estimée à 4O1 milliards de FFCA d’une part et d’autre part, le Mali est le troisième  producteur d’or en Afrique, après l’Afrique du Sud et le Ghana.

Depuis le milieu des années 2000, l’Afrique sahélo-saharienne connaît de multiples rués vers l’or. Ces événements spectaculaires mettent en mouvement des centaines milliers, voire des milliers d’individus qui, s’improvisent chercheurs d’or, partent à la recherche du précieux minerai dans des régions parfois très reculées.

La capacité de des autorités à réglementer les sites miniers, même indirectement, se détériore au fur et à mesure que la sécurité se détériore et que des groupes armés défient l’autorité de cet État. Cette pratique fait naitre de nouvelles préoccupations sécuritaires. Le Mali, est l’épicentre de l’insécurité au Sahel et de l’or a été découvert dans une région où l’État est historiquement faible ou s’est récemment retiré. Cet État dispose de trop peu de ressources humaines et techniques pour superviser un secteur en pleine expansion. Cela profite à divers acteurs armés (groupes d’autodéfense, bandits, trafiquants, groupes rebelles et « djihadistes ») qui défient l’État. L’État ne pourra reprendre pied sur ce site que s’il est capable de démontrer sa capacité de frappe.

Mahamadou YATTARA