Face à la situation qui prévaut à Gao notamment la question du découpage territorial qui fait polémique dans la région, la Fédération des Organisations de la Résistance Civile de Gao (FORCE) a jugé utile de sadresser au Président de la République à travers une lettre ouverte. Intégralité.
Lettre ouverte au Président de la République
Monsieur le Président de la République,
En répondant à lappel du Mali, le devoir nous impose de vous adresser ce cri de cur. Un cri certes étouffé, simplement parce que nos communautés et nous, gémissons à total écrasés sous le poids de choix qui ne sont pas les nôtres.
Monsieur le Président, à travers cette lettre ouverte, recevez les encouragements de votre peuple. Un peuple meurtri, mais fier et loyal vis-à-vis de ses engagements.
Aujourdhui lheure est grave, car les regards sassombrissent, face à létat de lEtat dans lequel nos communautés sapprêtent à servir un Dieu qui nest pas le leur.
Et au-delà de tous ces regards, loin des superstitions sociales, des chaînes sélèvent dans les airs Objectif : nous entraver et nous livrer aux pires des supplices pour satisfaire des folies.
Folies contre les Hommes paisibles, folies contre les Hommes de liberté, folies contre nos pères et mères, encore et toujours folies contre tout et rien.
Paradoxalement, cest au nom de notre SERENITE que toutes ces folies portent le nom de guerre. Peu importe les terminologies, quelles soient idéologiques, religieuses ou raciales.
Monsieur le Président de la République, en 2012 lorsque le Mali plia bagages pour déserter sa partie septentrionale, autrement dit de Kidal à Douentza, seule la résistance de notre Peuple avait sauvé lunité territoriale de notre pays, qui gisait agonisant faute de médecins.
Tour à tour médecins et soldats, nos communautés ont hissé haut le drapeau du Mali et la flamme de lunion fut entretenue jusquà lintervention française. Mais comme lavait dit Abraham Lincoln, lhistoire préfère les discours enflammés quaux actes silencieux, elle se souvient de la bataille mais oublie le sang versé
Nos actes furent silencieux à cause du vacarme des discours enflammés dhommes non avertis, notre sang a coulé, mais seule la date darrivée des troupes françaises retient lattention, alors même que nous fûmes les premiers qui réclamèrent une intervention pour libérer le Mali, du joug terroriste. (réf : lettre du 15 août 2012 adressée à lAmbassade de France)
Tambour battant, nos communautés avaient fêté le retour de lAdministration et de lArmée. Elles furent ébranlées denthousiasme, lorsque le Mali vous porta au-devant de sa destinée. Mais hélas, elles ont vite déchanté, face aux prédations de cette Administration et de celle de ses forces de sécurités, qui, à lacte, ont poussé notre Peuple, celui du Mali, à tourner son regard vers un sauveur mirage. Lattente est longue, le sauveur tarde à venir.
Or, les pères de lindépendance à travers lhymne national, nous avaient annoncé ceci : « LAfrique se lève enfin, saluons ce jour nouveau, saluons la liberté… » ; donc soyez pour NOTRE PEUPLE lever de soleil et jour nouveau.
Soleil et jour nouveau, nous vous sollicitons, au regard des sacrifices ci haut cités, qui ont justement permis la tenue de la première conférence internationale sur le Mali à Bamako, dapporter la vraie sérénité à NOTRE PEUPLE. (Réf : Conférence organisée par la Coalition pour le Mali et la résistance Civile de Gao).
Pour revenir au désenchantement du Peuple, entre autre, la persistance du sentiment séparatiste, qui sest cristallisé dans les premiers termes de lAccord pour la paix dit dAlger signé à Bamako, à travers le vocable Azawad ; le rempart érigé contre linclusivité par certains partenaires nationaux et internationaux à travers des agendas personnels et personnifiés ; lexclusion des femmes ; des jeunes ; de la résistance civile et de la société civile dune part.
Dautre part la nomination et la promotion de certains gangsters, narcotrafiquants, narco djihadistes, qui, quand ça leur chante ou pour défendre des prébendes, minent et fomentent des attentats contre le fondement de lEtat. Lironie, lorsque ces gangsters dont certains se disent Conseillers à la Présidence, se radicalisent, pour enfin, finir par se trahir à travers des désertions en pleine bataille. Des fanatiques qui clament un « musulmanistan » au Mali, doù la réelle frustration de ce Peuple que vous chérissez tant. Dailleurs, nest-ce pas vous qui dites : « Nous fumes, lorsque beaucoup ny étaient pas » en parlant de ce même Peuple ?
Alors, redonner espoir à nos communautés ne peut passer quà travers leur participation effective à la mise en uvre de lAccord, dêtre membres à part entière des structures de mise en uvre de cet Accord et leur représentativité au niveau des Autorités intérimaires.
Par ailleurs, au niveau de lAccord lui-même, le cumul de prérogatives par un seul individu est un réel frein, qui ne milite pas en faveur du principe dinclusivité.
Pire, les structures de mise en uvre de lAccord sont devenues des maisons de retraites pour des cadres, dont le parcours à la limite, constitue les germes de leffondrement de lEtat.
Actuellement, la bombe à fragmentation larguée sur notre pays, par des experts en génocides, se trouve être le découpage territorial. En effet, ce découpage nétant pas inspiré par lesprit qui animait les pères fondateurs de lEtat Malien, est lexpression dun ethnocentrisme masqué, soutenu par linstinct clanique. Donc, lheure est grave. Lheure est grave, car le gouvernant nommé sévertue à grossir le capital des autres, en bradant des zones dites franches, juste pour servir lautre au détriment du Peuple et de son Gouvernant élu.
Heureusement, Monsieur le Président de la République, le Mali est le surnom donné au pays des princes et des rois. Symbole et incarnation des valeurs de courage, dintrépidité, de loyauté, dadresse insoumise, dindomptabilité et de tactique, si ce nest pas le pays des richesses inouïes.
Le vaillant Peuple du Mali est organisateur, bâtisseur, fraternisant avec lhéroïsme pour transformer le groupe et la société, de létat de nature à celui de la coopération, doù notre démarche, car issus de cette nation millénaire.
Ayant Ouvert les pages de son histoire depuis lEgypte antique, le Mali était connu comme le jeune pays panafricain dont lhistoire modela lesprit de plusieurs leaders à la veille des indépendances, pour ensuite les porter au-devant des scènes politiques Africaine et mondiale.
Aujourdhui, tout comme hier, le Soudanais quest le Malien actuel est perçu comme le sauveur dune Afrique en décadence, en dépit des mutations qui laffecte profondément.
Mieux, notre pays à inscrit en lettre dOr les valeurs de paix quincarnent les hommes de courage qui ont mené leur vie honnêtement, et qui peuplent de nos jours les terres Africaines léguées par les aïeuls.
Monsieur le Président de la République du Mali, veuillez apprécier lesprit de notre dévouement à lAppel du Mali.
Soumana Amadou MAIGA
Représentant FORCE G Bamako (Fédération des Organisations de la Résistance Civile de Gao)