Arrivé à la Maison Blanche en fin d’après-midi, le 9 juin, Ali Bongo Odimba a eu les honneurs du bureau ovale. Le président gabonais et son homologue américain ont eu un entretien en tête-à-tête. Entretien auquel la presse n’a pas pu y assister, et au terme duquel les deux dirigeants n’ont fait aucune déclaration publique. Forcément, pour la seconde fois en deux jours, le porte-parole de la Maison Blanche a dû répondre aux questions des journalistes. Barack Obama aurait-il du mal à assumer cette rencontre ?
Jay Carney a déclaré qu’ « Il serait un peu naïf de penser que le président des Etats-Unis ne devrait pas rencontrer des dirigeants qui ne répondent pas à tous les critères qui seraient les nôtres pour une gouvernance parfaite. Le Gabon a effectué des votes très importants aux Nations unies, dont des questions liées aux droits de l’homme. Le président Bongo a effectué de nombreuses réformes au Gabon, et le Gabon joue un rôle de plus en plus important au niveau régional et mondial. Le rapport sur les droits de l’homme de cette année montre qu’il y a des améliorations au Gabon, et nous allons continuer à pousser, l’administration et le président lui-même, pour que de nouveaux progrès soient réalisés. »
Dans la soirée, la Maison Blanche a finalement publié un communiqué. On peut y lire que Barack Obama a, « salué les réformes prises sous la présidence d’Ali Bongo qui ont apporté plus de transparence et de responsabilité au gouvernement. Et le texte ajoute : « Le président Obama a pressé le président Bongo de prendre d’audacieuses mesures pour éradiquer la corruption et réformer le système judiciaire et de toutes les institutions clés afin d’assurer la protection des droits de l’homme. »
Lettre de la societé civile gabonaise à Obama
La Maison Blanche considère Ali Bongo comme un « allié important » à l’ONU. Hier, Barak Obama recevait son homologue gabonais pour discuter de questions régionales et bilatérales. Dans une lettre adressée au président américain, la société civile gabonaise dénonçait, avant cette rencontre, la mauvaise gouvernance, la corruption du régime de Libreville et l’absence de démocratie.
Interpellé sur ces questions, lors d’un point de presse, le porte-parole de la Maison Blanche a reconnu une certaine « inquiétude au sujet des droits de l’homme » tout en soulignant qu’Ali Bongo a effectué de nombreuses réformes dans son pays. Ce que conteste la societé civile gabonaise. Marc Ona Essangui, président de l’ONG Brainforest, est un des signataires de la lettre à Barack Obama.
Marc Ona Essangui
Président de l’ONG Brainforest au Gabon
Ali Bongo n’a pas effectué des réformes, il a seulement annoncé des réformes. Nous voulons que le président Obama soit en conformité avec le discours très révolutionnaire prononcé à Accra, sur la gouvernance et la démocratie, quand on sait que les élections qui vont se dérouler se feront sans garantie de transparence (…). Si Washington ne se montre pas plus cohérent, simplement parce que le Gabon a voté comme il faut au Conseil de sécurité sur la Libye et la Côte d’Ivoire, nous sommes alors déçus!
Par RFI
Avec notre correspondant à Washington, Raphaël Reynes 10/06/2011