Fusion-absorption BMS-BHM Le scénario en trois actes de l’élection de Babaly Bah

Convoqués en session extraordinaire, le 31 mars dernier, suivie d’une session ordinaire, les actionnaires de la BMS et ceux de la BHM ont adopté les organes de gestion de la nouvelle entité BMS sa. Il s’agit du mode de gouvernance PCA-DG et deux DGA.
Alors débute le scénario, avec comme acte premier la convocation des nouveaux administrateurs, en session spéciale, aux termes de deux assemblées générales. C’est dans la salle de l’hôtel Radisson Blu que les cartons d’invitation leur ont été remis par un notaire, en la personne de Me Sow. Alors qu’ils ne s’y attendaient pas.

Ils pensaient qu’ils allaient être conviés, quelques jours plus tard, pour la nomination des nouveaux dirigeants. Ils ont donc été pris de court afin d’éviter, nous a-t-on dit, un vide juridique après le 31 mars. Sinon, les modalités de convocation du Conseil d’administration n’ont pas été respectées, quand bien même celles des Assemblée générales l’ont bien été.

Deuxième acte : le Conseiller technique en charge des banques du ministère de l’Economie et des Finances, M. Haïdara, s’approche des administrateurs, un à un, pour leur murmurer à l’oreille de voter en faveur de Babaly Bah. Les dés sont donc pipés. Ils ont compris que ce qui avait été prévu, jusqu’à la veille, a été changé parce qu’initialement, sur la base des documents introduits à la Commission bancaire et à la BCEAO, Babaly Bah sortait de la gestion pour être PCA de la nouvelle BMS sa étant donné qu’il fera valoir ses droits à la retraite en décembre prochain, et Lafia Goïta, Directeur Général sortant de la BHM, en devient le tout nouveau Directeur Général. Celui-ci a une bonne réputation à la BDM-sa où il a débuté sa carrière, à la BMS sa où il a été, durant de longues années, Directeur Commercial puis DGA, avant de diriger la BHM-sa et de conduire cette absorption-fusion avec dextérité. C’est un homme calme, discret, qui ne fréquente point les milieux politiques. C’est un technocrate. Son profil n’intéresse point les hommes politiques face à un Babaly Bah qui sait démarcher, entrer et sortir, avec la manière, s’il vous plait. On peut également comprendre la nouvelle donne vu que le metteur en scène, l’ancien ministre, Mamadou Igor Diarra, n’est plus en fonction. Son successeur a changé en plein spectacle le décor et les acteurs. Ce qui explique le couac. A bas donc la continuité de l’Etat, est-on tenté de dire !

La rencontre, qui n’avait qu’un seul point à l’ordre du jour, à savoir l’élection du Directeur Général, n’a pas dépassé 15 minutes. Rapidement, la vérification des mandats a été faite et une seule candidature a été enregistrée, celle de Babaly Bah. Sans débat, sans interrogations, sans murmures, les administrateurs ont voté comme une lettre à la poste cette exigence. La séance est immédiatement suspendue, sans pour autant que l’élection du PCA ne soit effective. La nouvelle BMS sa est donc en quête de PCA. La précipitation et l’amateurisme avec lesquels le dossier a été enrôlé ont fait que l’hôtel des Finances ne sait toujours pas qui est nommé en qualité de PCA parce que le préposé au poste, Babaly Bah, a fait faux bond. Il a su et pu défendre son bifteck auprès du pouvoir et surtout de l’entourage du ministre Boubou Cissé. On parle beaucoup de l’implication de son oncle, Amadou Cissé, PDG de la Société de Transport et de Transit dans cette péripétie très mouvementée depuis plusieurs semaines (nous y reviendrons). Tantôt, on dit celui-ci proche de Babaly Bah, tantôt de Lafia Goïta.

Le hic, c’est qu’un administrateur manque à l’appel parce qu’il n’a pas été désigné. C’est probablement ce dernier qui serait le Président du Conseil d’Administration de la désormais deuxième banque du Mali doté d’un capital social de 39,5 milliards de FCFA. Elle ambitionne de financer des PME et des grandes entreprises, des activités génératrices de revenus ainsi que la micro finance et l’accès à la propriété immobilière.

Le troisième acte de ce scénario concerne la désignation des deux adjoints de Babaly Bah par lui-même. Il s’agit de Sophiana Diarra de la défunte BMS-sa et d’Alioune Coulibaly de la désormais ancienne BHM sa.

Le premier est réputé être un incompétent, qui n’a même pas le diplôme requis. Il ne possède que BAC plus 2 alors qu’il y a des gens plus expérimentés, mieux outillés, très compétents et bardés de diplômes qui ont été superbement ignorés.

Sophiana Diarra, nous a-t-on expliqué, n’a aucune personnalité et personne ne peut s’approcher de lui en raison de sa mauvaise haleine. Dire qu’un individu de cet acabit est la seconde personnalité de la deuxième banque du Mali ! Le second, est lui, bien apprécié par ses collaborateurs, qui le jugent sérieux, rigoureux, ferme et correct. Qu’il en soit ainsi !

En outre, durant le week-end écoulé, la rumeur a circulé, selon laquelle, la BCEAO a rejeté le choix porté sur Babaly Bah. Joint par téléphone, le Directeur national de la Banque centrale a laissé entendre qu’il n’a pas été officiellement informé de cette nomination et qu’il ne peut donc pas la contester.

« Ce qui nous intéresse, c’est l’étude du dossier, les propositions et modifications des organes de gestion. Nous, nous formulons des recommandations par rapport au profil des responsables. Pour le reste, ce sont les administrateurs qui désignent les dirigeants », a-t-il expliqué.

Chahana Takiou
Le 22 Septembre 04/04/2016