« Une marche de protestation à Tombouctou, drainant une telle foule, avec fermeture de toutes les boutiques et des arabes y prenant part brandissant pancartes et banderoles écrites en arabe comme du jamais vu, c’est un évènement et une date. C’est le chemin d’une révolte », commente un citoyen contacté à Mopti.
Ce qui confirme le reportage du correspondant régional de notre confrère Les Echos qui écrit : « Tombouctou est une cité consensuelle des droits humains, capitale islamique et un havre de paix et de stabilité. La cité des 333 saints n’avait jamais connu une manifestation d’une telle ampleur. Les autorités politiques et administratives ne s’attendaient pas à voir manifester de la sorte, ce peuple réputé pour sa gentillesse et sa capacité à encaisser ». Révolté, il exprime désormais son ras-le-bol et n’attendra plus que les gouvernants atteignent la ligne rouge. Dorénavant dès que les gouvernants franchissent la ligne jaune, nous allons riposter, déclarait un militant du Conseil régional de la jeunesse de Tombouctou.
La déclaration lue par Oumar A Cissé et mise à la disposition du Gouverneur va être suivie d’effet ou alors les organisateurs de la marche, la jeunesse, vont remettre ça. C’est la conquête de plus de liberté, plus de justice sociale et de justice tout court à Tombouctou que cet élan dans l’unité d’action marque d’une encre indélébile. Les autorités maliennes sauront-elles en avoir la bonne lecture ? Certainement oui quand on sait que la grogne se fait dans d’autres foyers de tension, un peu partout au Mali : Sikasso, Ségou et même Bamako (Attbougou, Tabacoro, etc). Contrairement à Tombouctou qui souffre de son hôpital et de sa justice, c’est l’Energie du Mali (qui s’érige en énergie du mal). De sources proches de ses localités, la grogne qui couve est prête à sauter à la figure des autorités. Et elles attendent d’arriver au mur. Et un adage dit : « pousse-pousse s’arrête au mur».
B. Daou
Le Républicain 12/07/2011
