De la classe politique (majorité et opposition) à la société civile, personne n’est demeuré en reste de l’élan de communion qu’a suscité l’état de santé du président de la République, en convalescence à Paris, après son opération le mardi 12 avril d’un adénome de la parathyroïde. Mais ce vaste courant de rassemblement des Maliens autour de leur président convalescent ne trompe personne, car il ne tardera pas à se transformer en une vague de protestation contre le pouvoir, à cause des nombreuses doléances politiques d’une part, et corporatistes d’autre part qui attendent. L’opposition politique a certes reporté son mot d’ordre de battre le pavé le 23 avril. Mais elle promet de remettre ça. Quant à la société civile, plusieurs associations et syndicats attendent avec leurs doléances : la confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), a maintenu sa décision de battre le pavé demain jeudi, avec cette boutade que « la maladie bénigne d’IBK ne doit pas paralyser le pays ».
La CSTM dont une composante déterminée est le syndicat de la police sera rejoint par d’autres associations comme Le Réveil citoyen qui a annoncé hier en conférence de presse, sa décision de marcher aux côtés de la CSTM, ce 21 Avril 2016.
Le jeu de communion
Le Parena a donné le ton et ensuite tous les partis politiques de l’opposition, individuellement et collectivement ont formulé «des vœux ardents de prompt rétablissement au Chef de l’Etat et son retour rapide au pays ». Face à cette situation, les Présidents des partis politiques de l’opposition républicaine et démocratique (ANCD-Mali, FCD, PDES, URD, FARES, PARENA, PIDS, Parti Lumière, AFP, PSP, PRVM-FASOKO, PS-Yeleen Coura) réunis en séance extraordinaire au siège de l’URD le 15 avril 2016, ont décidé du report de la marche prévue le samedi 23 avril 2016 à Bamako à une date ultérieure.
La veille, les partis politiques de l’opposition républicaine et démocratique avaient décidé qu’ils « n’accepteront plus de s’associer à une quelconque concertation qui ne prend pas en compte les vrais problèmes politiques et institutionnels du pays ». Selon eux, « dix mois après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, le gouvernement est toujours au stade de tâtonnement et de tergiversation là où il a pris des engagements explicites pour: l’adoption de textes réglementaires, législatifs voire constitutionnels ; la révision de la loi électorale de manière à assurer la tenue d’élections au niveau local, régional et national permettant la mise en place et le fonctionnement du nouveau cadre institutionnel prévu par l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger ». Ils ont exigé la résolution immédiate des questions relatives aux 900 000 cartes NINA qui, selon le Vérificateur Général, sont de trop; l’introduction de la biométrie dans le système électoral comme c’est le cas dans la plupart de nos pays voisins. En conséquence, l’opposition a quitté le Cadre de concertation et d’y revenir « le jour où les questions institutionnelles, politiques et électorales seront mises à discussion dans une vision globale ».
Front en ébullition
Sur le front syndical, la tension est plus vive, et on n’est pas prêt à renoncer à la marche prévue pour demain jeudi. Selon le secrétaire général de la CSTM, Hammadoun Amion Guindo, « la maladie bénigne d’IBK ne doit pas paralyser le pays, la CSTM maintient sa marche prévue pour le 21 Avril 2016 ».
En conférence de presse le lundi 18 Avril 2016, il a dénoncé « l’inertie de l’Etat » envers leurs doléances, projetant une grande marche le jeudi 21 Avril 2016 qui partira de la place de la liberté au monument de l’indépendance. Le secrétaire général de la CSTM avait rappelé les moult tractations enclenchées afin de mettre les militants de la centrale syndicale dans leurs droits mais qui ont tous tourné au vinaigre à cause de la « mauvaise volonté du ministre du travail de la fonction publique et de la reforme de l’Etat Mme Diarra Raky Talla, qui fait que les doléances dorment dans les tiroirs de son département. Il me semble que le gouvernement est de mauvaise foi et il nous trouvera sur son chemin », a-t-il dit.
Au cours de cette conférence de la CSTM, le secrétaire général du syndicat de la police Daouda Cissé a égrené la longue liste des revendications des policiers du Mali, et a rassuré Guindo que les policiers seront de la marche le jeudi 21 Avril afin que les conditions inhumaines dans lesquelles ils exercent chaque jour changent.
B. Daou
Source:Le Republicain.
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