France: un «gilet jaune» porte plainte après avoir été empêché de manifester

Pour l’acte XVI des « gilets jaunes », des rassemblements étaient encore prévus dans la capitale et en province ce samedi 2 mars 2019. La veille, un participant a porté plainte pour avoir été empêché de manifester à Paris le 26 janvier dernier. Il met en cause une note controversée du procureur de la République de Paris.

L’homme qui a porté plainte est un étudiant de 20 ans du sud de la France, selon Le Parisien. Monté manifester à Paris le samedi 26 janvier pour l’acte XI, il est contrôlé en fin de matinée près des Champs-Elysées. A la vue du masque anti-lacrymogènes, des gants et des drapeaux qu’il porte dans son sac, les policiers décident de l’interpeller, raconte l’étudiant.

Ses empreintes et son ADN sont prélevés, il passe la nuit en garde à vue et n’est finalement libéré que le dimanche après-midi, après le classement sans suite de son dossier. Son avocat explique au Parisien avoir porté plainte notamment pour « entrave à la liberté de manifester » et « collecte illicite de données personnelles ».

Pour Me Kempf, cette arrestation est surtout la conséquence d’une récente note du procureur de la République de Paris, qui préconise de lever les gardes à vue « le samedi soir ou le dimanche matin, afin d’éviter que les intéressés grossissent à nouveau les rangs des fauteurs de troubles ». Il y est également demandé de conserver le nom des interpellés au fichier des antécédents judiciaires, même lorsque la procédure est classée.

Une note critiquée par le Syndicat de la magistrature, qui dénonce le fait que « les magistrats soient sommés de maintenir en garde à vue, puis dans un fichier de police, des personnes n’ayant commis aucune infraction ».

Mardi, la commissaire aux Droits de l’homme du Conseil de l’Europe s’était inquiétée du nombre de gardes à vue sans poursuite visant des « gilets jaunes », estimant que de telles pratiques constituent de graves ingérences dans l’exercice des libertés. Elle appelait les autorités françaises à ne pas utiliser ces procédures comme des « outils préventifs de maintien de l’ordre ».