L’homme, âgé de 38 ans, s’est présenté vers 12H40 GMT à l’accueil de la CNDA, en disant qu’il venait d’apprendre le rejet de sa demande, a raconté à l’AFP une source judiciaire. Il s’est alors aspergé d’essence et a mis le feu à ses vêtements, a ajouté cette source.
Le trentenaire a été pris en charge par des agents de sécurité, qui ont éteint les flammes à l’aide d’un extincteur, puis par les pompiers. Grièvement brûlé au cuir chevelu et sur le haut du corps, il a été hospitalisé mais son pronostic vital n’est pas engagé, a précisé une source policière.
D’après le secrétaire général de la CNDA, Pascal Girault, ce ressortissant tchadien avait fait l’objet d’une décision de rejet de sa demande d’asile par l’Ofpra, l’administration chargée en France d’octroyer ou de refuser l’asile à ceux qui craignent pour leur vie dans leur pays.
Pour contester cette décision, il avait formé un recours, rejeté par la CNDA en début d’année. Vendredi, il s’est présenté pour avoir des informations sur les moyens d’obtenir un réexamen de sa situation, a raconté M. Girault. Le service d’accueil lui a fourni des explications et c’est à ce moment-là qu’il s’est aspergé d’essence, a-t-il ajouté.
En théorie, un dossier de demande d’asile ne peut pas être examiné une seconde fois par l’administration, sauf si la personne apporte des éléments nouveaux, a précisé un porte-parole de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
Il était à deux mètres du bureau d’accueil, regardait les tableaux d’affichage et s’est aspergé avec une grande bouteille remplie d’un liquide transparent, a relaté à l’AFP Me Maya Lino, qui a assisté à la scène. Il avait les yeux dans le vague. Il a sorti un briquet de sa poche, a essayé une première fois, ça n’a pas marché et tout le monde a crié, ajoute-t-elle.
Il a recommencé une seconde fois, et là les flammes sont montées d’un coup jusqu’au haut de son crâne. Il s’est mis à courir, a-t-elle ajouté. Les cris ont été perçus jusque dans la salle d’audience où un autre avocat, Me Gilles Piquois, était en train de plaider.
Dans les salles d’audiences de Montreuil se joue chaque année le destin d’un peu moins de 40.000 demandeurs d’asile dont le dossier a été rejeté par l’Ofpra.
C’est là l’une de leurs toutes dernières chances d’obtenir la protection de la France, si leur dossier répond aux conditions de la Convention de Genève. En cas de refus, ils ont une plus grande probabilité d’être expulsés du territoire français.
Sur 38.540 décisions rendues par la CNDA en 2013, 108 concernaient des Tchadiens. Seuls 17 ont eu gain de cause, un taux de refus de près de 84%, comparable à celui constaté pour les autres nationalités.
(©AFP / 03 octobre 2014 19h34)