Délestage sans précédents avec des conséquences fâcheuses sur les activités économiques, sans oublier les dégâts matériels importants, l’Énergie du Mali (EDM-SA) s’est illustrée très mal dans ces derniers temps auprès de ses abonnés. Elle est incapable de satisfaire la demande de sa clientèle au point de susciter colère et indignation chez celle-ci. Pour se justifier auprès de ses clients, Oumar Diarra, Directeur général de l’EDM-SA, était face à la presse le vendredi, 15 avril 2022 à la Maison de presse.
Comme raisons fondamentales pour faire face à ses obligations de fourniture correcte de l’électricité, le Directeur général évoque le manque de fonds, l’absence d’investissements, la surcharge du réseau de distribution, la vétusté des installations, les branchements frauduleux, etc.
Selon M. Diarra, sa société est endettée à plus de 200 milliards de FCFA et elle est victime d’un manque à gagner annuel de plus de 15 milliards lié aux branchements frauduleux.
En effet, selon le DG d’EDM, en 2021, sur les 37 577 contrôles effectués par ses services, 2181 cas d’anomalies ont été détectés dont 1206 branchements directs. Il s’agit des cas de connections directes sur le réseau sans passer par un compteur. Ce contrôle, selon lui, a permis de récupérer près de 0,5% des ventes.
Cette lutte contre la fraude, précise-il, est permanente et des poursuites pénales sont systématiquement engagées contre les fraudeurs, conformément aux dispositions prévues par la loi. Toutefois, il a déclaré que malgré le soutien et l’accompagnement de la justice et des forces de l’ordre, les moyens humains ont atteint leur limite dans la lutte implacable contre la fraude.
Cette fraude continuera à asphyxier l’EDM-SA puisse que Oumar Diarra n’a aucune autre alternative face au phénomène.
Une autre raison évoquée empêchant le DG d’EDM-sa de répondre à ses exigences est la vétusté avancée du système électrique.
Abordant la situation technique de EDM-SA, Oumar Diarra dira que le système électrique du pays est reparti entre un réseau interconnecté et des centres isolés. Et, le taux de croissance moyen de la demande est de l’ordre de 10 à 15% l’an. De ce fait, le nombre de clients à fin 2021 est de 749 020, dont 205 471 BT (post payé), 540 636 BT (prépayé: 72%) et 2 913 MT.
Ce qui pose des exigences en termes de production, de transport et de distribution. Et le parc propre d’EDM, précise-t-il, se trouve dans un état de vétusté avancé, voire de quasi obsolescence pour certains groupes dont les pièces ne sont plus fabriquées.
Plus grave, le réseau sert pour le transit, le transport et la répartition pour l’énergie produite dans les centrales et l’énergie achetée sur les lignes d’interconnexion comme la Côte d’Ivoire ou Manantali, se trouve dans une situation de précarité technique, eu égard à son niveau de saturation et de vétusté.
Ce réseau, explique Oumar Diarra, n’a pas fait l’objet de réhabilitation ni de renforcement depuis plusieurs années.
Au titre des investissements, le Dg expliquera qu’aucun de ces volets n’a bénéficié d’investissements structurants depuis plusieurs décennies. Ainsi donc, EDM SA se trouve dans une situation technique très précaire, avec une offre d’énergie insuffisante pour la couverture de la demande en période de forte consommation, de grandes difficultés de transit de l’énergie et des interruptions de distribution d’énergie du fait de la surcharge sur son réseau de distribution.
À partir de ces explications, l’on a le droit de s’interroger pourquoi EDM-SA, qui se trouve dans cette situation, n’arrive pas à s’adapter à l’évolution du temps au point de ne pas pouvoir faire face aux exigences de se clients.
Manque de volonté politique ou une mauvaise gouvernance ?
D’après les explications fournies par Oumar Diarra, Directeur général de la société, EDM -Sa est une société structurellement déséquilibrée depuis plusieurs décennies, du fait des coûts largement supérieurs au prix de vente de l’électricité à la clientèle. Toutefois, il convient de signaler à ce niveau qu’une partie de ce déficit est refinancé par l’Etat à travers une subvention d’exploitation au bénéfice de la clientèle (maintien du tarif à un niveau inférieur au tarif de 2002). À cet égard, il a laissé entendre : « Le résultat cumulé en fin 2020 présentait un déficit de plus de 200 milliards de FCEA avec une dette fournisseurs d’exploitation insoutenable d’environ 150 milliards de FCFA, une situation de trésorerie ne permettant pas la mise en œuvre des plans de maintenance préventifs et curatifs ».
Eu égard aux explications données par le directeur général, nous pouvons dire que l’Énergie du Mali – sa est un ‘’grand malade’’ qui a besoin d’une assistance urgente avant qu’elle ne franchisse la ‘‘ligne rouge’’
Fabrice Abdoul
Source : Plume Libre