Forum de dialogue intercommunautaire sur la paix et la sécurité

 

L’ouverture de la rencontre était présidée par le 3e Vice-président de l’Assemblée nationale, l’Honorable Hamadaou Sylla et a enregistré la présence du ministre délégué chargé de la Décentralisation, David Sagara,  du 1er Vice-président du Haut Conseil des Collectivités, Mamadou Satigui Diakité, et de la représentante du Département fédéral  des affaires étrangères de Suisse, Mme Carole Mottet.

Durant ces 2 jours de travaux, les participants ont passé au peigne fin des thèmes comme les conflits fonciers dans l’espace transfrontalier malien;  les litiges fonciers et la problématique environnementale au cœur des conflits fonciers», entre autres.

Ce forum intervient dans un contexte marqué par le fait que, depuis un certain temps, au niveau transfrontalier, les conflits entre les communautés sont de plus en plus fréquents. C’est pour cette raison que, dans son allocution d’ouverture, Hamadaou Sylla a rappelé que des éleveurs mauritaniens, dans leur transhumance, se retrouvent en plein  cœur du territoire malien, avec tentes et animaux, entraînant souvent des conflits sanglants autour des pâturages. De même, a-t-il ajouté, aux frontières guinéenne et ivoirienne se déroulent, de façon cyclique, des conflits autour des terres de culture.

«Cette situation empire avec les incursions sporadiques de bandits armés, créant la terreur au niveau des communautés vivant aux frontières avec la Côte d’ivoire, la Guinée, la Mauritanie et le Niger. Enfin, les réfugiés mauritaniens, qui se sédentarisent de plus en plus, viennent renforcer la pression sur les terres cultivables», a déclaré le député de Banamba. Au niveau interne, les communautés vivent des problèmes fonciers cruciaux. Selon le 3ème Vice-président de l’Assemblée nationale, ces manifestations sont multiformes. Le développement du banditisme, l’insuffisance des zones de pâtures, avec la désertification et la désertisation des espaces de pâture traditionnels, l’exploitation minière, avec le déguerpissement des populations de leurs terres de culture, n’en sont que quelques.

L’Honorable Sylla a également martelé que ce tableau peu reluisant ne serait pas complet si l’on n’y ajoutait pas la recrudescence de l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne, singulièrement dans le Septentrion de notre pays, qui s’exacerbe avec une rébellion armée qui a même des velléités indépendantistes. Pour lui, cette situation montre à suffisance la nécessité d’entreprendre des actions pour rapprocher les populations, leur permettre de se découvrir, d’échanger, de dialoguer, dans la perspective de préserver et de consolider les liens de bons voisinage, d’une part, et les relations intercommunautaires, de l’autre.

Ce forum se voulait donc un espace de concertation et d’échanges pour renforcer la compréhension commune des conflits. Il visait aussi à exhausser la conscience et la cohésion nationales, à travers un dialogue et un partage d’expériences sur les questions de paix et de sécurité, ainsi que les mécanismes pour promouvoir les bases durables d’une véritable culture de paix et de sécurité dans le pays en général et les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso et le Septentrion en particulier.

De façon plus spécifique, le forum avait pour objectifs d’échanger sur les relations intracommunautaires et l’intégration des communautés du Sahel Occidental en amenant les participants à partager l’information qui freine leur coexistence, de réaliser un partage d’expériences entre lesdites communautés afin d’asseoir une compréhension mutuelle entre les régions du Sahel Occidental, d’amener les communautés à cerner les litiges fonciers et leurs manifestions et à y apporter les solutions idoines, leur permettant de sortir du cycle des conflits y afférant, de renforcer le dialogue entre les collectivités et les communautés transfrontalières, en vue d’endiguer les conflits liés au banditisme et aux questions foncières, de mettre en place et/ou de dynamiser les mécanismes de prévention et de gestion des conflits fonciers, de promouvoir la politique nationale du Mali et des pays frontaliers en matière de paix et de sécurité et de renforcer le système de veille et d’alerte, afin d’anticiper sur les nouveaux facteurs d’insécurité.

De son côté, le ministre délégué chargé de la Décentralisation a estimé qu’il était toujours utile de discuter de paix et de sécurité, en ce sens qu’elles constituent des questions transversales, qui touchent à tous les domaines, notamment aux projets de développement des collectivités. Il a donc invité les participants à adopter des stratégies de prévention et des méthodes de gestion non violente des conflits (GENOVICO). David Sagara a aussi parlé des initiatives en cours dans notre pays, comme le PSPSDN.

Quant au maire de la commune urbaine de Kayes, Abdoulaye Camara, il a salué l’organisation de cette rencontre dans sa commune. Selon lui, tout conflit, lorsqu’il est mal géré, peut s’avérer dangereux et non maîtrisable. «En effet, ce forum revêt pour nous une importance capitale, car l’évolution des sociétés a engendré l’apparition de problèmes nouveaux, qui ont montré les limites des mécanismes de gestion et de prévention des conflits que nous avons toujours connus», a-t-il dit. Sa joie était d’autant plus grande que la région de Kayes sera désormais le point de départ d’une nouvelle approche de dialogue intercommunautaire pour la paix et la sécurité. A cet égard, il a invité les participants à encourager et à donner beaucoup de force aux dynamiques populaires d’intégration et aux échanges interactifs entre les différentes communautés.

«De nos jours, la globalisation, le développement socio-économique des villes, l’urbanisation, les déplacements de populations et le changement climatique ont profondément modifié ·le paysage social traditionnel, de sorte que nous sommes contraints de réinventer au quotidien des modes de cohésion sociale, environnementale et économique entre les communautés», a ajouté le Maire de Kayes, avant de préciser que l’absence de paix, qui confine souvent au déni d’autorité de l’Etat, peut, en cas de crise majeure, se révéler explosive. C’est pourquoi Abdoulaye Camara a prôné une forme de partenariat et de dialogue entre les différentes communautés, qui permettra à chacun d’agir dans le sens de ses missions essentielles et d’assumer pleinement ses responsabilités, notamment en matière économique et sociale.

Youssouf Diallo,

Envoyé spécial à Kayes

Appel de Kayes

Nous, participants au Forum de dialogue intercommunautaire sur la paix et la sécurité: les litiges fonciers intercommunautaires et transfrontaliers et la cohésion nationale, tenu du 1er au 2 février 2012 à Kayes;

– Préoccupés par la situation qui prévaut dans les régions du Nord du pays;

– Soucieux du renforcement de la cohésion intracommunautaire, intercommunautaire et interrégionale;

– Engagés à promouvoir le dialogue intercommunautaire pour cimenter l’unité nationale et contribuer à bâtir la nation malienne;

– Condamnons avec la dernière rigueur les attaques perpétrées contre les populations dans le Septentrion du Mali;

–  Déplorons les actes de vandalisme survenus à Bamako et dans d’autres localités;

–  Présentons nos condoléances aux familles éplorées de toutes les victimes, civiles et militaires;

– Réaffirmons notre soutien aux forces armées et de sécurité dans l’accomplissement de leur noble mission;

– Exhortons le Gouvernement à prendre les mesures appropriées pour doter les forces armées et de sécurité de moyens adéquats pour assurer la protection des populations et de leurs biens;

– Lançons un appel aux populations pour une collaboration loyale avec les forces armées et de sécurité;

– Invitons la presse en général, et les radios libres en particulier, à plus de discernement et de professionnalisme dans le traitement de l’information;

– Lançons également un appel pressant à toutes les populations en vue d’un apaisement dans leurs relations de cohabitation;

– Invitons au dialogue à tous les niveaux pour la compréhension mutuelle, à la réflexion profonde sur les raisons de l’embrasement que connaissent les régions nord du pays;

– Invitons instamment les populations maliennes à éviter toutes formes d’agression et de stigmatisation à connotation raciale à l’encontre d’une communauté particulière pour préserver l’unité nationale et barrer la route aux ennemis de la nation;

– Invitons au dialogue et à la négociation, avec le soutien de tous les Maliens, les parties, pour trouver une solution consensuelle équitable et durable à la rupture de la paix et de la sécurité dans le Septentrion du Mali.

Fait à Kayes, le 2 février 2012

Les participants au Forum

22 Septembre 06/02/2012