Lors du forum sur la paix et la sécurité tenu à Dakar du 5 au 6 novembre 2018, le président Macky Sall a fait de ses choux gras, une Afrique debout, qui marche : une Afrique émergente est possible. Si seulement les forces antiterroristes pouvaient avoir le dessus sur « les forces du mal » qui peuvent anéantir les efforts de développement. Le président sénégalais a plaidé pour plus de sécurité en Afrique, notamment au Mali, son voisin qui reçoit de nos jours plus de 10 000 casques bleus en plus de la force Barkhane, mais dont la situation sécuritaire n’est pas meilleure. Le président malien Ibrahim Boubacar Kéita, absent de Dakar était au rendez vous du ‘’souvenir’’ à Reims en compagnie de son homologue le Président français Emmanuel Macron. « Le souvenir, justement, est toute la raison de la présence du Mali ici… », a souligné IBK.
La cinquième édition du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique, n’a pas échappé au risque de s’enliser sur l’irrémédiable corrélation entre sécurité et développement. Que l’on retienne encore une fois, mais pour toute : « la paix, la sécurité et la stabilité sont les préalables au développement », déclare avec certitude le président du Sénégal Macky Sall. Pouvait-il en être autrement ? Il tente de sortir du sentier battu. Selon lui, « pour soutenir la paix, la sécurité et le développement, parlons plus souvent de l’Afrique qui marche ! ». Ainsi, poursuit-il, de Mombassa à Dakar, du Caire au Cap, il y a une Afrique debout, qui marche, et dont les taux de croissance sont régulièrement supérieurs à la moyenne mondiale. « Parlons de cette Afrique où les gouvernements sont à la tâche, où une jeunesse vibrante et créative innove, entreprend et réussit ; où des millions de travailleurs, hommes et femmes, se lèvent tôt et se couchent tard pour nourrir, éduquer et soigner leurs familles à la sueur de leur front ; où des hommes et des femmes d’affaires prospères investissent, créent des emplois et de la richesse », suggère Macky Sall. Si l’on concédait la priorité à l’éducation et à la formation, l’Afrique sera demain, s’appuyant sur sa démographie et le dynamisme de sa jeunesse, pourvoyeuse de compétences dans bien des pays du monde et des secteurs économiques, poursuit Macky Sall. A l’ouverture du forum, Macky Sall avait dit sa part de vérité et tapé dans la foumilière, car pour lui, « L’objectif de ce forum est de lever les tabous ». En effet, il ne peut laisser passer inaperçue la situation au Mali. « Il n’est pas normal qu’avec 10 000 casques bleus, avec la force Barkhane, il y ait encore des forces qui perturbent le pays. Ce n’est pas logique », assène président sénégalais Macky Sall, en connaissance de cause, en connaisseur de ce que vivent les populations maliennes.
S’il est facile de justifier la présence des forces étrangères sur le territoire malien, il est par contre difficile d’en défendre le bilan sécuritaire. Une situation qui interpelle à la fois les autorités maliennes et les amis du Mali à travers les forces onusiennes et Barkhane. La situation est de mal en pis, quand les terroristes, au-delà des forces onusiennes et Barkhane, prennent pour cibles, les populations civiles. Le président Macky Sall aura compris que dans la lutte antiterroriste, comme dans la reconquête de la paix et la sécurité au Mali, on est loin des comptes escomptés par les Maliens. Doit-on également comprendre que c’est la faiblesse de l’Etat malien qui expliquât la présence des forces étrangères sur le territoire malien. C’est d’inviter les responsables onusiens au Mali à bien lire la Résolution 2423 (2018) du 28 juin 2018, renouvelant le mandat de la Minusma, qui place « la protection des populations civiles » au cœur de sa mission : Le conseil de sécurité demande à la Minusma de prendre « des mesures actives et robustes pour protéger les civils, y compris en effectuant des patrouilles énergiques et efficaces dans les zones où les civils sont en danger… ».
Cependant le président Macky Sall ne perd pas de vue que pour gagner la bataille contre le terrorisme, la réponse n’est pas que militaire. Elle est conduite sur le double front du développement et de la sécurité, les deux étant intimement liés. « Nous avons certes des forces du mal qui déstabilisent, mais nous restons confiants en l’avenir du Continent et de sa jeunesse », a souligné Macky Sall.
Pendant ce temps le Président malien IBK était à Reims, pour évoquer, invoquer les soldats de l’ex-Soudan (français), l’actuel Mali ; de toute la Force Noire venue des territoires qui correspondent aujourd’hui au Sénégal, au Tchad, à la Guinée, à la Côte d’Ivoire, au Burkina-Faso, au Congo, au Cameroun, à la Centrafrique, au Gabon, à Madagascar, aux
Comores, au Niger, au Togo, au Bénin, à l’Algérie, au Maroc, à la Tunisie, indique IBK dans son discours de Reims. « Le souvenir, justement, est toute la raison de la présence du Mali ici, et cette présence ne doit rien au hasard. Le Mali est ici pour son passé et pour son présent.
C’est l’histoire connue d’un pays solidaire du monde et dont les enfants sont tombés sur tant de fronts. C’est aussi l’histoire, connue, d’un pays dont une des langues, le Bamanan, servit, pour communiquer avec les soldats africains engagés dans les deux guerres mondiales », explique le président malien, le seul président africain à cette occasion, aux côté du français Emmanuel Macron. « Lorsque le Mali a été agressé, en 2012, et qu’il a été rapidement annexé, aux deux–tiers, par des forces djihadistes, c’est la France qui, la première, s’est portée à son secours, entraînant dans son sillage, de nombreuses autres nations », a rappelé IBK.
- Daou