Le président de la République est certes la première institution mais, il y a bien d’autres acteurs dans le jeu politique aujourd’hui dont il serait hasardeux de ne pas en tenir compte. Le climat semble bien être apaisé entre Koulouba et Kati, mais les militaires font bien partie des acteurs du système. Le Capitaine Amadou Haya Sanogo et ses camarades d’armes sont venus accueillir chaleureusement le président Dioncounda à l’aéroport et le capitaine a déclaré que ce dernier était le président de tous les Maliens. Selon nos informations, en la phase actuelle des choses, le président Dioncounda Traoré aurait carte blanche, mais n’étant pas le seul acteur du jeu dans un pays sous perfusion, pour les pairs de la CEDEAO, et en vertu de l’accord cadre, ou au moins pour une transition apaisée, Kati est un interlocuteur. Les parties prenantes l’ayant bien compris, Dioncounda et le Capitaine Amadou Haya se parlent et se comprennent bien. Dans un tel climat fait de compromis, le choix d’un nouveau Premier ministre demeure plus l’équation de taille que le maintien ou la révocation de l’actuel. Le problème n’est donc pas tant le départ de Cheick Modibo Diarra que le choix du futur produit rare qui devrait être un vrai cocktail assez digeste plutôt qu’explosif. Pour toutes ces raisons, Dioncounda n’ira pas à un bras de fer contre productif avec l’astrophysicien dont la navette est déjà prête à décoller et ce n’est pas le président qui est le premier invité à bord. La preuve : le dernier conseil des ministres tenu à la Primature et qui a pris des actes, sans le président Dioncounda, comme si les manifestants de Yèrèwolo Ton lundi dernier l’avaient renvoyé à l’hôpital Vall de Grâce. Alors que le président était bien à Bamako, contrairement à la version qui le donnait pour être parti au Ghana. C’est aujourd’hui que le président s’y rend pour participer aux funérailles du Président John Atta Mills. En outre, la coalition COPAM, CSM, IBK 2012 s’échauffe de son côté. Et les militaires sont aux aguets. Cheick Modibo Diarra serait donc prêt à toute éventualité et le président Dioncounda Traoré qui a de la hauteur ne le suivra pas. Mais pour le maintenir comme Premier ministre et lui demander de composer le gouvernement, Dioncounda choisirait la solution facile et ne manquerait pas de s’expliquer à ses pairs de la sous région, à l’heure où le pays a besoin de leur aide pour recouvrer son intégrité territoriale. B. Daou
Le Republicain
10 Août 2012