Depuis son accession au pouvoir, il est étonnant de constater que le Président IBK ne donne pas de réponse aux questions posées par les forces vives du Mali, notamment l’Opposition, la Société civile, et certains Médias non partisans. Il est surtout scandaleux de noter le mépris de la plus Haute Autorité de la République vis à vis des acteurs majeurs de notre démocratie, qui ne cessent de manifester de multiples indignations et contestations contre des faits avérés et dénotant de la mauvaise gouvernance de l’Etat. D’autant plus que notre Président se réclame du mouvement démocratique, dont la principale motivation était d’instaurer la transparence et susciter la participation citoyenne dans la gestion des affaires publiques. Unies les forces vives pourront se faire entendre.
Depuis bientôt deux ans et demi, la République du Mali sous Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), élu avec près de 77,61% des 45% de l’électorat, croule sous les affaires juridico-politiques et économiques. Les protestations relatives à ces dossiers pointent des malversations financières démesurées et un manque de cohérence dans les choix politiques du Président et son gouvernement. Notamment la signature d’un accord de paix et de réconciliation en passe de diviser le pays ; ainsi qu’un chapelet de scandales en tout genre qui créent un climat de défiance vis-à-vis du pouvoir public. En d’autres termes, les forces vives, qui relèvent ces insuffisances, s’inquiètent surtout pour la fragile Cohésion Nationale, chèrement acquise de haute lutte, avec son couronnement par des élections générales, acceptées par l’ensemble du Peuple Malien.
L’opportunité d’une entente nationale pour sortir de la crise profonde de 2012-2013, d’un climat politique apaisé, et aussi de la disponibilité de la communauté internationale au chevet de notre pays, dont a bénéficié le Président IBK, n’a donc pas été mise à profit pour renforcer la paix et la stabilité afin d’amorcer l’amélioration des conditions de vie des populations de Kayes à Kidal. Comme preuve, 7 mois déjà après son investiture, IBK a multiplié les erreurs et fautes entraînant aujourd’hui la perte progressive de la confiance de beaucoup de Maliens et de nos partenaires.
En effet, depuis le jour de son investiture où Moussa Traoré est qualifié de « grand républicain », jusqu’au 31 mars 2016 dernier, jour du vote par l’Assemblée Nationale de la loi du code des Collectivités territoriales, lesdites forces vives n’ont jamais cessé de stigmatiser le manque de vision et l’amateurisme de nos plus Hautes Autorités dans la mise en œuvre des slogans de campagne du Président IBK : « le Mali d’abord ! » « Pour l’honneur du Mali !», etc.
Car 7 mois après la prise de fonction du Président, on découvrit des dépenses inopportunes : achat d’avion pour satisfaire ces hommes d’affaires qui l’auraient aidé à prendre le pouvoir ; achat de matériel militaire occasionnant une surfacturation mirobolante donc des retro commissions incontestables. Des scandales similaires tout au long des deux et demi verront le jour, crescendo. Chaque matin éclate un lot de scandales tous aussi graves les uns que les autres, risquant de compromettre l’avenir de notre pays. Ainsi, les Maliens n’ont jamais pu se remettre de la souffrance causée par les coups de massue répétitifs assénés par le Président de la République et le gouvernement.
Face à cette situation qui se dégrade inexorablement, la résistance des forces vives n’a jamais cessé et n’a pas faibli non plus. Car, au fil des bourdes de la gouvernance, des regroupements de citoyens se constituent pour dénoncer la mauvaise gestion de telles ou telles affaires publiques émaillées d’injustice, de népotisme. A ce jour, en plus des Partis Politiques de l’Opposition en pointe dans cette lutte contre la mauvaise gouvernance, il y existe une forte mobilisation de la Société Civile constituée d’un très grand nombre d’associations et de mouvements citoyens. La presse n’est pas en reste car elle n’hésite pas à investiguer à la suite des lanceurs d’alertes.
A cette indignation populaire le Président IBK et son gouvernement répondent par le mépris et l’indifférence. On peut constater qu’en réponses données aux différentes interpellations et contestations, ils ont d’abord argué la diffamation et le manque de preuve sur les faits qui leur étaient révélés. Il en fut ainsi après la publication du premier mémorandum du Parena, 7 mois après l’arrivée d’IBK au pouvoir. Lorsque le FMI et La Banque mondiale ont donné de la voie et du porte-monnaie, des mesurettes ont été exhibées avec à la clé, le redéploiement des principaux responsables et bénéficiaires des surfacturations et autres magouilles.
Certains sont vus à la télé dans des missions de haut niveau de l’Etat, et d’autres se la coulent douce avec les milliards empochés sans effort, s’ils ne sont pas nommés comme fonctionnaires internationaux. Cette situation d’impunité se généralise sans sourciller à travers tous les autres scandales qui se sont multipliés durant deux ans et demi.
C’est dire que les responsables de mauvaise gestion vivent en toute tranquillité sous l’ère IBK, lequel ne manque pas de défier ceux qui tentent de les inquiéter. Ainsi :
• Lorsque le Parena dénonce les multiples détournements de fonds publics et de mauvaise gouvernance, dans les affaires du « Boeing-Tomy », « Engrais frelatés », « 1000 tracteurs », « non-paiement des cotisations du Mali à L’ONU » et d’autres, ses dirigeants sont considérés comme des hasidiw, nyengow, « petit-monsieur », etc.
• Lorsque des dirigeants politiques respectables du CNAS-Faso hèrè, de l’URD, du FARE, etc. s’expriment sur des questions déterminantes de la Nation mettant en garde contre les dérives préjudiciables à la Cohésion nationale et à l’Intégrité territoriale, ils sont méprisés par le silence et l’indifférence du Président et de son gouvernement. Au mieux on les jugera d’aigris et de chercheurs de strapontins ministériels.
• Lorsque des Citoyens conscients organisent des rassemblements périodiques pour se faire entendre ou diffusent des tracts à Paris, ils sont tout simplement ignorés ou insultés et considérés comme de vulgaires empêcheurs de puiser dans des caisses publiques ou de savourer les délices d’une visite d’Etat au bord de la Seine.
• Lorsque certains journaux publient des faits concernant des scandales et dénoncent les auteurs présumés, on juge utile de les menacer ou d’acheter leur silence et leur connivence, car dit-on « au Mali tout s’achète ». Le réseau de l’intelligentsia « Malilink » est dans le collimateur car jugé très prolifique et surtout impertinent notamment sur le comptage des voyages présidentiels.
• Lorsque le BIPREM porte plainte contre le chef de l’Etat en personne, cela est considéré comme un crime de lèse-majesté.
Dans cette démarche il faut aussi y voir un acte d’expression de dépit et de souffrance profonde d’une partie de la population, qui ne sait plus « à quel saint se vouer » !
Le Peuple Malien à travers chacun des acteurs précités réclame en vain la justice et l’assainissement de la gestion publique. L’Etat est incapable d’amorcer la moindre transformation permettant de donner un espoir aux citoyens. Pire il se fourvoie !
A ce jour des initiatives se multiplient pour tenter d’infléchir la position du Président et l’obliger à opérer des choix politiques bénéfiques pour l’ensemble des fils de ce pays et pour la pérennisation de cette Nation héritée des pères fondateurs de la République.
Les forces vives sont prêtes à se battre pour que les problèmes du Mali trouvent leurs solutions entre Maliens ; et que soit instaurée la Justice républicaine capable de juger les fossoyeurs de la République qui sont entre autres: des terroristes criminels et violeurs, des agents administratifs corrompus auteurs de malversations financières à tous les niveaux de l’Etat, des hommes politiques véreux, des trafiquants d’influence et de drogue de toute catégorie de la population.
Il est loisible de constater la prolifération des manifestations citoyennes pour le changement de Cap de l’actuelle gouvernance. Toutefois, le délitement de ces initiatives et les actions isolées ne sauraient arriver à bout du refus actuel du Président IBK et de son gouvernement d’entendre les interpellations des forces vives. Plus sont éparses les forces vives, moins elles seront prises au sérieux.
De la Majorité à l’Opposition politiques, de la Société Civile aux Médias et tous les Citoyens debout, s’il y a un minimum qui fédère les multiples fronts existant ou en gestation ce doit être le sauvetage de la République et de ses Institutions. Alors il faut réaliser l’unité sous cette bannière unique afin de renforcer la vigueur et la crédibilité de la Résistance contre la déliquescence du pays et pour le redressement de la Nation malienne. Peur sur le Mali un et indivisible, une Organisation isolée ne saurait sauver le pays !
Mahamadou Cissé, Paris
Source: DiasporAction 05/04/2016