L’incompréhension entre Bamako et Copenhague, au sujet d’un contingent des forces spéciales danoises déployées au Mali sans l’autorisation requise, a été un prétexte pour des ministres français, notamment Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères…) et la très arrogante Florence Parly (Armées), pour régler leurs comptes avec la «junte militaire». Mais, c’était sans savoir que ces jeunes officiers ne sont pas seulement de braves soldats, mais qu’ils ont aussi la tête bien faite pour nourrir un quelconque complexe à l’égard de ceux qui continuent de penser que le Mali est encore leur colonie et qu’ils ont droit de vie et de mort sur les Maliens.
Invité du Journal télévisé (JT 20h) mercredi dernier (26 janvier 2022), le ministre de l’Administration et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement (PPG), a saisi l’occasion pour remettre le ministre français des Armées à sa place. La veille (mardi 25 janvier 2022), Mme Parly avait accusé le Mali de multiplier «les provocations» en s’enfonçant davantage dans le déni de la réalité. N’est-ce pas le comble quand l’on sait que son pays a déployé aujourd’hui tous les moyens pour isoler notre pays ?
C’est comme un amant qui, suite à une brouille, sèvre sa maîtresse de tout en espérant qu’elle reviendra se jeter dans ses bras pour lui demander pardon. «Lorsqu’on tente désespérément d’isoler le Mali en instrumentalisant les organisations sous-régionales, on se demande enfin qui est dans la provocation ?», s’est interrogé le Colonel Abdoulaye Maïga en évoquant les sanctions de la Cédéao.
«Nous invitons Mme Parly à plus de retenue et également à respecter le principe élémentaire de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État», a souhaité le Colonel Maïga. Et d’ironiser, «nous l’invitons également, c’est un conseil, à faire sienne cette phrase d’Alfred de Vigny sur la grandeur du silence». Le PPG faisant sans doute allusion au poème intitulé «la Mort du loup» du poète français du XIXe siècle. «Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse», dit le poème.
Invité de «RFI» et de «France 24», le ministre Abdoulaye Diop n’en a pas fait moins en répondant aux questions sur les agissements de son homologue français. Jeudi dernier (27 janvier 2022), le ministre français des Affaires étrangères a critiqué une junte «illégitime» qui prend des «mesures irresponsables» en évoquant la demande du retrait du contingent danois illégalement déployé sur le sol malien. Pour Abdoulaye Diop, «ces insultes et ces propos emprunts de mépris sont inacceptables et ne sont pas une preuve de grandeur». Et de poursuivre, «nous n’entendons pas des excuses de la France. Nous demandons seulement que Paris nous respecte en tant que pays».
En tout cas, notre pays a le droit de dénoncer l’accord de défense conclu avec la France parce que, a précisé M. Diop, «certaines dispositions sont contraires à la Constitution et à la souveraineté du Mali». Il en a demandé récemment la révision à Paris et «attend une réponse rapide de Paris». Et d’assurer, «nous sommes disposés à discuter avec la France ou d’autres sur des questions de substances. Il ne s’agit pas de questions irresponsables. Ce que nous essayons de faire, c’est de défendre les intérêts de notre pays. Toute présence étrangère au niveau du Mali doit répondre aux règles maliennes, doit aussi aller dans le sens des intérêts supérieurs du Mali, surtout pour la présence des forces étrangères».
«Dommage qu’on entende davantage Jean-Yves Le Drian sur les médias qu’ailleurs. Mais le Mali reste ouvert au dialogue. La France applaudit les coups d’Etat quand ils vont dans le sens de ses intérêts et les condamne quand ils vont dans un sens contraire à ses intérêts…», a rappelé le ministre Abdoulaye Diop avec un calme olympien, mais avec une farouche détermination de défendre désormais bec et ongles les intérêts du Mali.
Moussa Bolly