Emmanuel Macron et Jean-Yves Le Drian seront à Bamako, le 2 juillet, pour rencontrer les chefs d’État du G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Niger, Tchad et Burkina Faso) et pour tenter de trouver le financement nécessaire au déploiement d’une force régionale robuste pour lutter contre les groupes armés terroristes.
Faut-il soupirer ou se réjouir ? Que penser de la force du G5 Sahel dont les chefs d’état-major burkinabé, malien mauritanien, nigérien et tchadien ont approuvé la création en mars dernier ? Le plan initial prévoyait une force de 5 000 militaires, policiers et civils, mais ses effectifs ont été récemment portés à 10 000.
Cette force connaitra-t-elle le sort des fameuses Forces en Attente de l’Union africaine dont la création a été maintes fois annoncée ou de la CARIC (Capacité africaine de réponse immédiate aux crises) créée en 2013 à titre transitoire, en attendant la pleine opérationnalisation de la Force Africaine en Attente ?
La volonté des pays du G5, et celle de la France qui pousse à la création de cette force régionale, est toutefois incontestable.
La force du G5 Sahel sera basée à Bamako, comme la mission de l’Onu au Mali, la Minusma, mais sous un commandement séparé, dirigé par le général Didier Dacko, précédemment chef d’état-major de l’armée malienne. Elle devra aussi se coordonner avec l’opération française Barkhane, engagés dans les cinq pays de la bande sahélo-saharienne, une zone aussi vaste que l’Europe. Le concept d’opérations stratégique défini le 27 avril dernier inclut la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et les trafics d’êtres humains.
La création de cette force régionale à vocation antiterroriste et son déploiement effectif pourraient permettre d’envisager à terme un retrait des quelque 4 000 militaires de Barkhane. Mais la France devra, malgré tout, continuer à fournir des appuis aériens, du renseignement et une force de réaction rapide.
En février, Jean-Yves Le Drian, alors ministre français de la Défense, avait reconnu que la force française devra partir « non pas au gré des humeurs » mais quand les pays du Sahel assureront eux-mêmes leur sécurité. Le coût humain et le coût financier de Barkhane sont aussi à prendre en compte pour comprendre le processus de création de la Force du G5 Sahel.
Pour légitimer une telle force régionale et la faire financer, Paris a déposé une résolution auprès du Conseil de sécurité de l’Onu. Le texte voté mercredi, à l’unanimité des 15 membres, est toutefois en retrait de la version initiale proposée par Paris. En effet, ni le mandat ni le financement ne sont à la hauteur des attentes françaises.
Mandat
Un premier projet de résolution, présenté il y a deux semaines par Paris, proposait que le Conseil de sécurité autorise une telle force, sous mandat de l’Onu, à « utiliser tous les moyens nécessaires » afin de « combattre le terrorisme, le trafic de drogue et le trafic de personnes ». Or, le texte n’invoque pas le chapitre VII de la charte des Nations unies, chapitre autorisant le recours à la force et « l’exécution combinée d’une action coercitive internationale ».
Financement
« Nous avons les hommes et la volonté, il nous faut maintenant des ressources financières pour la supporter », a averti, le 6 juin à Bamako, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Ibrahim Yacouba. L’Onu, sous la pression des Américains, n’a pris aucun engagement financier.
Le texte voté demande toutefois au secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, de rendre compte dans les deux mois au Conseil des « problèmes rencontrés et d’autres mesures qui pourraient éventuellement être envisagées » à l’avenir, y compris une contribution financière onusienne.
En revanche, la résolution précise qu’une conférence des donateurs sera organisée « rapidement » tout en relevant néanmoins qu’il « incombe (aux pays du G5) de donner à (leur force) les ressources dont elle a besoin ». L’union européenne a annoncé le 5 juin une aide de 50 millions d’euros, disant vouloir montrer l’exemple « aux autres partenaires du G5 Sahel ».