‘’ Touche pas à ma terre, à ma maison, à mon jardin, à mon cimetière, à mon espace de détente ‘’ étaient les slogans arborés sur les banderoles et scandés par des marcheurs de l’Union des associations et des coordinations d’associations pour le développement et la défense des droits des démunis (Uacdddd). Cette marche a eu lieu, hier, de la Bourse du travail à la Cité administrative.
L’Uacdddd avait mobilisé un nombre impressionnant de ses militants venus de différentes régions, pour défendre les injustices subies dans le domaine du foncier. C’est pourquoi, les gouverneurs, préfets, maires, juges indélicats et corrompus étaient fustigés tout au long de la marche. Les marcheurs ont aussi cité des sociétés (Gdcm, Cifma, Ben Sukala, Malibya) qui, ont-ils scandé, ont contribué à leur spoliation et leur pauvreté. Arrivés à la cité administrative, les marcheurs ont été arrêtés par la police qui leur a demandé de dépêcher une délégation de 10 membres.
L’Uacdddd a désigné 10 membres du bureau, dont le président, Soungalo Koné, le secrétaire général, Famory Kamissoko et la présidente des femmes, Fatimata Bagayoko. C’est ainsi que les 10 délégués et la presse se sont retrouvés dans le bureau du ministre de l’Environnement et de l’assainissement, Tiémoko Sangaré, en compagnie du ministre Délégué auprès du ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, chargé de la décentralisation, David Sagara. Les militants de l’Union ont exposé leurs problèmes qui avaient occasionné des marches, forums, meetings, sit-in, sans que la situation soit réglée, malgré la mise en place d’une commission ad hoc. Ils ont demandé au ministre de donner une réponse claire à leurs doléances, sinon, ont-ils menacé, ils seraient prêts à organiser un sit-in devant la cité administrative.
Tiémoko Sangaré a fait appel à leur compréhension en leur déclarant que si un « Malien a un problème, cela devient le problème de tous les Maliens ». C’est dire que le gouvernement est sensible à leurs doléances. Toutefois, leur a dit le ministre, il n’était pas habilité à leur donner une réponse, sans, au préalable, avoir consulté le Premier ministre et ses homologues impliqués dans le dossier. La réaction des délégués ne s’est pas fait attendre.
En effet, ils ont aussitôt rejeté la proposition du ministre de les envoyer devant leurs militants pour leur dire que le gouvernement ne peut pas leur donner une réponse. Ils ont aussitôt exprimé leur exaspération en dénonçant des cadres corrompus qui contribuent à confectionner de faux documents pour les exproprier de leurs terres. C’est à ce titre que les délégués ont demandé au ministre de sortir de son bureau pour parler à leurs militants postés avec leurs pancartes à l’entrée de la cité administrative et scandant leurs différents slogans.
Le ministre de l’Environnement et de l’assainissement, Tiémoko Sangaré a finalement accepté leur proposition de dialoguer avec les marcheurs après avoir, encore une fois, fait appel à leur patience et recommandé de lui laisser le temps de mener des concertations. Ensuite les deux ministres sont sortis de la cité et face aux marcheurs, Tiémoko Sangaré, au nom du Premier ministre, leur a demandé de leur accorder un mois pour bien étudier leur dossier afin de trouver la solution. Il a indiqué : ‘’ on va prendre toutes les dispositions afin de régler les problèmes.
Au nom du Premier ministre, je vous demande un mois, je vous demande d’accepter. ‘’ Après quelques réactions de dépit, des applaudissements ont ponctué les mots du ministre de l’Environnement. Visiblement satisfaits et souriants, comme s’ils venaient de désamorcer une bombe, les ministres sont retournés dans la cité administrative. Il a été ensuite demandé aux marcheurs de ne pas se disperser et d’aller tenir un meeting à côté de l’échangeur multiple. A cet endroit précis, le secrétaire général adjoint de l’Uacdddd, Massa Koné, a soutenu qu’on leur a demandé un mois, ils ont accepté. Car c’était une question de confiance. Dans un mois, a-t-il précisé, ils vont les prendre au mot et leur demander des comptes. Il a indiqué que les membres du bureau vont immédiatement se réunir pour étudier la procédure à suivre. Il a ensuite demandé à chacun de regagner sa famille, en évitant toutefois, de prononcer le mot maison, car les déguerpis venaient de répondre à Tiémoko Sangaré qu’ils n’avaient pas de maisons.
Baba Dembélé
Le républicain Mali 14/03/2012