Tout comme les céréales, d’autres produits ont connu les mêmes augmentations sans aucune explication justifiée à travers presque tout le pays. Le constat est amer presque partout et en général les consommateurs sont les premières victimes de ces flambées sur les marchés. Pour ne rien laisser au hasard, les consommateurs à travers le pays veulent plus se faire. Ils argument que trop c’est trop.
En effet, ayant pour habitude de procéder à des augmentations sans aucune explication sur les prix des produits de premières consommations, et surtout sans se référer au préalable à la législation commerciale en vigueur en république du Mali ; les opérateurs économiques maliens ; notamment les commerçants détaillants, ont toujours profité des situations de ce genre pour se jouer des consommateurs. Ils en profitent à chaque fois des situations difficiles, pour se livrer à cœur joie à des augmentations.
Désormais, les consommateurs veulent se faire justice, pour mettre un terme à ces vols déguisés. Ce qui veut dire, que les commerçants et autres détaillants au Mali devraient s’attendre dans les jours prochains à une révolution des consommateurs contre eux. Il y a lieu de comprendre un état de fait : le respect des règles n’a jamais tué le commerce de quelqu’un.
Au Mali, il appartient aux autorités compétentes en charge de la gestion des affaires de l’Etat (le président de la république, son premier ministre et le gouvernement) de veiller au respect des prix des produits de premières nécessités, notamment ceux des céréales, qui ont connu des augmentations terrifiantes ces dernier jours. Nul ne doute, que sans une intervention des autorités compétentes, les céréales telles que : le riz, le sucre, l’huile alimentaire, et même les carburants ; qui ont tous connu des hausses faramineuses depuis le putsch du 22 mars dernier, ne connaîtront plus de rabais, même avec l’accalmie.
Car au Mali, nous avons cette habitude ; une fois qu’il y a pénurie, forcement, il y a augmentation. « Eh bien, tant pis pour le canard boiteux, et les sans voix ne peuvent que constater les dégâts sur leur pouvoir d’achat ». Si l’augmentation est faite, plus question de revenir sur les anciens prix des mêmes produits. Le laisser aller est trop grand, et selon le citoyen lambda ; le laxisme ainsi que la complicité des autorités semblent bien engagés dans cet état de fait. Car, dans tous les pays au monde, le contrôle des prix des denrées et autres produits de premiers besoins se fait normalement et conformément aux règles commerciales. Seul au Mali, tout est laissé sans la moindre réaction des plus hautes autorités. Et la grande victime de cette situation, s’appelle : « consommateur ».
Les consommateurs maliens ne souhaitent plus se taire, voir rester avec les bras croisés devant des augmentations inexpliquées des prix des produits de premières nécessités. Ils ont décidé de se faire désormais justice au cas où les commerçants, les détaillants et autres opérateurs économiques ne procédaient pas aux rabais des prix sur les produits de premières nécessités, qui ont connu des augmentations à la faveur du coup d’Etat et surtout des quelques jours passés sous l’embargo imposé au Mali par la CEDEAO. « Alors, il va s’en dire que le message ne devrait pas être tombé dans l’oreille d’un sourd ». Car, vu les situations actuelles, il appartient à chacun d’entre nous de faire son possible tout en faisant en sorte que le pays ne tombe plus aux travers d’autres crises sociales ou politiques.
Il faut souligner que le kg du riz, qui était vendu à 340FCFA avant le putsch du 22 mars dernier, se vend après le coup d’Etat, entre : 425 et 500FCFA, selon les marchés. Alors qu’en réalité, la crise n’a pas atteint un seuil d’aussi dramatique que nous puissions le croire. Il en est de même, au niveau du prix du kg du sucre, tout comme celui relatif au litre d’huile alimentaire. Dans un pays où l’on se dit musulman et tolérant, il n’y a pas lieu de profiter de certaines situations pour se faire malhonnêtement les poches.
Sinon, comment peut-on comprendre, qu’avec toutes les exonérations accordées sur les produits de premières nécessités par l’Etat, qu’en retour, les populations n’en ressentent pas les retombées positives de ces faveurs? De nos jours, « impérativement », il faudrait désormais créer une véritable structure de contrôle des prix des produits d’une façon générale et qui aura pour principales missions, de contrôler les prix des produits de premières consommations sur différents marchés à travers le pays, afin d’éviter, que des individus mal intentionnés ne continuent à se jouer du consommateur ou du citoyen lambda.
Des témoignages accablants de consommateurs :
Trop c’est trop, a soutenu Kadidiatou Touré, ménagère domiciliée à Médina Coura en commune II du District de Bamako. Très en colère, notre interlocutrice de confier ceci : « Quant il y a eu le coup d’Etat, le lendemain, quand je suis allée faire mes achats de condiments, j’ai constaté que tous les détaillants (hommes et femmes) avaient procédé à des augmentations sur tous les produits. Pour preuve, j’ai payé le litre d’huile alimentaire à 1000FCFA. Quand j’ai posé la question de savoir pourquoi cette augmentation, la dame m’a dit que la CEDEAO vient d’imposer l’embargo sur le Mali. Voyez comment les uns et les autres comprennent mal les choses ».
Issiaka Koné, enseignant de son état, estime pour sa part que les autorités seraient complices des commerçants et des détaillants. Pour lui, c’est ce qui explique ce laisser-aller, voir ce désordre au niveau des prix des produits dits de premiers besoins. Notre interlocuteur de confier : « Deux jours seulement après le coup d’Etat, j’ai payé le kg du riz à Kalaban coura à 450FCFA. Voyez çà. Et s’il faut juger et comparer le salaire moyen d’un fonctionnaire, par rapport à ces augmentations qui ne s’expliquent pas. Comment devraient faire, les pauvres dans tout cela. Je crois bien, qu’il appartiendra au prochain président du Mali, de revoir cette situation, et de faire en sorte que les populations ne soient pas marginalisées par cette frange de personnes. Je vous dis ici, qu’un enseignant ne peut avoir le même pouvoir d’achat qu’un banquier. Vraiment nous en avons marre avec ces augmentations de prix des denrées de premières nécessités. Il faudrait que les autorités fassent un geste à l’endroit des populations, sinon çà pourrait bien tourner au vinaigre un jour ».
Madame Sidibé Mariam Traoré, est fonctionnaire d’une institution financière de la place et domiciliée à Sogoniko en Commune VI du District de Bamako : elle déplore que l’Etat ne se soucie pas du bien être de ses populations. Pour elle, le premier responsable de cette flambée des prix de céréales et des autres produits de consommation, n’est autre que l’Etat. Avant d’ajouter : « On ne peut pas vouloir quelque chose et son contraire. Au Mali, le commerçant est roi. D’autant plus que les cadres qui nous gouvernent, sont presque tous actionnaires là-dedans. C’est pourquoi, ils n’interviennent jamais en faveur du consommateur. Vraiment, nous en avons assez de ces magouilles, qui doivent obligatoirement cesser même s’il nous utiliser la manière forte ».
Le constat sur le terrain faire ressortir qu’en des endroits et selon les localités, le carburant particulièrement : l’essence et le gasoil ont connu des augmentations terrifiantes. Exemple : à Bougouni, le litre d’essence a été vendu à plus de 1250FCFA et le gasoil à 800FCFA. Plus cruel comme mot, tous les détaillants de carburants à Bougouni avaient conjointement procédé à des augmentations de part et d’autre et en même temps. Par la force des choses et surtout le besoin qui se faisait sentir, certains détaillants de carburant ont même créé la pénurie, faisant croire aux gens, qu’il n’y avait plus de carburant dans la ville, tout cela pour mieux gagner sur le dos du consommateur.
Un Magistrat pas comme d’autres
Yaya Karambé, le Président du Tribunal de Bougouni, en apprenant la nouvelle des augmentations non justifiées, sur le carburant, dans sa localité est immédiatement monté au créneau pour faire respecter les prix sur les denrées, le carburant et autres produits de premières nécessités dans la ville.
Dans la capitale du Banimonotiè, il a fallu l’intervention du Président du Tribunal, Yaya Karambé, qui a informé le commissaire de police de la ville, pour que les détaillants de carburant reviennent à leurs anciens prix. Par peur, puisque connaissant leur Juge, certains détaillants ont même fermé boutique en attendant que les choses n’entrent dans l’ordre. Tandis que d’autres ont tout simplement procédé aux rabais sur leurs produits, pour disent-ils, ne pas avoir à faire au « Taureau » Karambé.
Par Zhao Ahmed Amadou Bamba
Le Coq 13/04/2012