En envahissant le Mali, les groupes terroristes ont bien eu besoin de complicités et surtout de financement. Et dans un article paru la semaine dernière, les révélations de MarocLeaks démontrent comment l’Europe a pu renflouer les caisses d’Al-Qaîda.
En plus de l’implication des personnalités françaises dans la propension du terrorisme au Mali, ce sont des révélations explosives que fait MarocLeaks, site électronique destiné au décryptage de l’actualité politique et économique du Maroc. Un article, extrêmement bien sourcé, écrit par Julie Amadis. L’auteur reprend une enquête publiée mardi 30 juillet par le New York Times qui révèle que c’est «l’Europe qui finance une bonne partie des opérations d’Al-Qaîda». Le quotidien américain évalue à «105 millions de dollars (93 millions d’euros) le montant total des rançons remises aux diverses factions du groupe en échange de la libération de ressortissants enlevés». La France, selon l’enquête, a versé le gros de ce montant : «58 millions de dollars (43 millions d’euros) depuis 2008».
Ce qui apparait également dans cette enquête, c’est le lien fort qui lie les groupes terroristes et le mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). «Si la France envoie les djihadistes au Mali, c’est parce qu’elle y a des intérêts colonialistes», explique-MarocLeaks citant Julie Amandis.
Plus édifiant, la journaliste reprend les déclarations de l’ancien secrétaire général du MNLA, Hama Ag Mahmoud: «La France a pris les devants pour obliger le Mali à signer un accord de défense, ensuite s’octroyer des concessions minières et protéger celles qui existent déjà».
Un autre paradoxe que fait remarquer Julie Amandis, c’est la position de l’ancien colon dans la lutte contre le terrorisme. «Pendant que les amis djihadistes de la France attaquent le nord du Mali, la France fait croire à l’opinion publique qu’elle vient ‘libérer’ le pays en attaquant par le sud. En fait, il s’agit qu’une même invasion avec des mercenaires différents. Il s’agit d’une invasion impérialiste installant des djihadistes au pouvoir pour protéger les plus grosses entreprises françaises», a-t-elle laissé entendre.
Des zones d’ombre
Depuis la publication de cette enquête, ni du côté du gouvernement du Mali, ni les autorités françaises, encoure les groupes armés n’ont pas réagi à ces accusations.
Certes, nombre d’informations contenues dans l’article ont été longtemps murmurées mais lorsqu’elles font l’objet d’une telle enquête, cela interpelle tous les acteurs de la crise du nord du Mali.
Et c‘est le moment d’éclairer la zone d’ombre qui entoure la coalition entre les groupes signataires de l’accord et ceux terroristes. Ces deux entités ont collaboré pour combattre l’armée malienne et elles ont cohabité en parfaite symbiose en occupant la zone.
Cependant, un bémol, l’article bien fouillé ne fait pas mention de l’implication d’aucuns pays voisins du Mali, l’Algérie, la Mauritanie ou même le Maroc. C’est une question de logique car le Mali ne partage pas une frontière avec la Libye et forcement quelqu’un a su faciliter l’entrée de ses groupes armés sur le territoire malien.
Alpha Mahamane Cissé avec Maroc Leaks