En effet, si jusqu’à présent, des hommes politiques ont soutenu les réformes, certains reconnaissent en coulisse que c’est pour ménager le président ATT et une situation confortable avant les échéances de 2012. Raisonnement chargé de risques puisque la situation pourrait changer dès que le président ATT ne sera plus au pouvoir, donc sans grandes influences politiques. Une première difficulté risque de surgir quand les élus seront face à l’omnipotence du pouvoir du futur président de la République si les réformes sont mises en œuvre. Le futur président se sentirait d’autant plus piégé que le choix de son Premier ministre serait controversé. Si le président de la République choisit un Premier ministre issu de son parti ou de sa tendance, le couple au sommet de l’Etat pourrait paraître comme un exécutif omnipotent.
Si le Premier ministre est choisi au sein d’une autre mouvance, le chef du gouvernement pourrait se sentir exclu de toute initiative politique, puisque c’est le président qui détermine et conduit la politique de la nation. Ce qui est lourd de conséquences imprévisibles, dans la mesure où les majorités à l’Assemblée nationale sont souvent circonstancielles. La motion de censure, si elle n’est pas couramment appliquée dans notre pays, pourrait être adoptée par les députés de partis politiques tombés sous le coup de la désillusion des réformes constitutionnelles.
Dans le domaine social, le gouvernement et l’Untm ont convenu d’une nouvelle grille pour compter du 1er janvier 2013 avec effet rétroactif au 1er juillet 2012. Le futur président est mis devant un fait accompli qu’il devra gérer avec diligence, puisque les acquis sociaux ne doivent pas être remis en cause. Or le front social est souvent chaud. C’est dire que le gouvernement est en train de préparer un terrain parsemé de défis pour le futur président de la République. De même, une adoption tardive du Code des personnes et de la famille, c’est-à-dire juste avant les échéances de 2012, est de nature à créer des perspectives incertaines pour le futur pouvoir. En effet, les populations ne sont pas encore en mesure d’apprécier la portée de tous les amendements adoptés, concernant le code des personnes et de la famille. Certains religieux viennent de recevoir la copie traduite en arabe. C’est donc dire que les différés annoncés par le pouvoir en place risquent de mettre le successeur d’ATT dans un climat de défis pour ne pas dire conflictuel.
Baba Dembélé
Le Républicain 12/10/2011