Dans son entrée en matière, le conférencier a tenu à préciser le contexte dans lequel les 32 partis ont élaboré ce mémorandum. «Avec la conviction de faire œuvre utile et de créer les conditions idoines pour obtenir un fichier électoral fiable, ils formulent le présent mémorandum, afin de contribuer à clarifier le débat et assumer leur responsabilité et leur contribution dans la bonne organisation des élections attendues», a-t-il dit, avant de préciser qu’il n’a jamais été question dans leur esprit de boycotter les élections.
Expliquant qu’ils ont fait cette contribution pour avoir des élections crédibles et fiables, Younouss Hameye Dicko s’est dit convaincu que ce n’est ni le RACE, ni le RAVEC qui a été choisi par le gouvernement, mais plutôt un fichier électoral consensuel (FEC). Cela d’autant plus que, dans le projet de réformes politiques pour la consolidation de la démocratie au Mali, proposé au peuple malien par le Président de la République le 18 avril 2010 au CICB, dans le volet cadre juridique des élections, il est bien prévu «le remplacement des listes électorales suivant une procédure d’annulation des listes électorales actuelles par voie législative, et l’identification des électeurs basée sur les technologies biométriques».
Mieux, a rapporté le conférencier, le 8 mars 2011, dans un mémorandum édifiant, le PARENA avait tiré la sonnette d’alarme, pour s’inquiéter de l’inexistence d’un fichier électoral pour les élections de 2012. «L’administration a alors occupé la une des médias, pour apporter des démentis, en jurant que tout était fin prêt, que le RAVEC était au rendez-vous, pour des élections propres, transparentes et fiables, à travers un fichier biométrique, avec empreintes, photo incrustée, carte d’identité et carte d’électeur sécurisées», a-t-il expliqué, avant de dire que le responsable du RAVEC, Moriba Sinayogo, s’était exprimé partout pour rendre vaines les inquiétudes du PARENA et de toute la classe politique.
Qu’à cela ne tienne, les 32 partis de la coalition réclament un fichier électoral consensuel et fiable, ce que ne sont ni le RACE, ni le RAVEC, que le gouvernement devra donc inventer et qui servira de base pour les élections générales de 2012. Ils rappellent que la responsabilité d’organiser les élections n’appartient pas aux partis politiques, mais au gouvernement, qui a eu 5 ans pour ce faire. «Le gouvernement veut faire un chantage pour obliger les partis politiques à le suivre. Il nous dit: ou on organise les élections avec le RACE ou on ne pourra respecter les délais constitutionnels», a martelé le Président du RDS.
Dans leur mémorandum, les signataires rappellent également qu’en 2007, le Président de la Cour constitutionnelle avait dénoncé la déliquescence du fichier RACE lors de la cérémonie de la proclamation officielle des résultats définitifs des élections législatives. Il avait même affirmé «la fraude s’est installée à demeure». L’actuel Secrétaire général du ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, alors Directeur national de l’intérieur, avait reconnu, lui aussi, la faiblesse du fichier RACE et dénoncé la fraude, conséquente, en ces termes, «les élections de 2007 ont été les plus frauduleuses de l’histoire du Mali». C’est fort de tout cela que la coalition en appelle «au Président de la République, garant de la cohésion et de l’unité nationales, afin qu’en toute sagesse et clairvoyance, il prenne les mesures pour doter le pays d’un fichier biométrique consensuel et fiable».
Youssouf Diallo
Le 22 Septembre 08/09/2011