En vue de prendre de l’avance sur ses camarades concurrents pour le choix du candidat du parti, le président de l’Adéma, Dioncounda Traoré, a certainement cru bon de s’allier avec des cadres en perte de vitesse dont certains ont été nommés depuis deux mois dans son cabinet à l’Assemblée nationale. Cette alliance de circonstance vient de prendre un coup sérieux avec les divergences affichées entre le président de l’Adéma/PASJ et ses nouveaux amis lors de la réunion de mercredi dernier du comité exécutif consacré au fichier électoral et aux réformes constitutionnelles. Dioncounda Traoré a certainement commencé à s’interroger sur le choix de ses nouveaux alliés que sont Aly Nouhoun Diallo, Moustaph Dicko voire Ousmane Sy dont la violence des mots contre l’actuel président la République a surpris, voire déçu lors de ladite réunion.
Ces anciennes figures de l’Adéma/PASJ qu’il a tirées du chômage, l’ont presque désavoué au sujet du fichier électoral à utiliser dans le cadre des élections générales de 2012. Prenant le contre-pied de leur nouveau champion, ils ont soutenu que le Mali ne doit point s’engager dans aucune réforme pour des raisons financières et techniques. Pour les Ousmane Sy, Moustaph Dicko, Ali Nouhoum Diallo et autres, il faut renoncer purement et simplement aux réformes constitutionnelles annoncées dont l’organisation risque de chambouler le calendrier électoral. A l’opposé de la grande majorité des membres du comité exécutif qui veulent qu’on aille avec le fichier électoral fait sur la base du recensement administratif à caractère électoral (Race) dont les amendements peuvent être effectifs dans le délai imparti, ils exigent un nouveau fichier sur la base du Ravec.
Des prises de positions qui sont restées au travers de la gorge de Dioncounda Traoré qui aurait tenté en vain de faire raisonner ses éléments bien avant le débat de mercredi dernier qui était d’une violence rarement égalée dans la Ruche.
N’eurent été les interventions d’autres têtes pensantes du parti tel que le 1 er Vice-président Ibrahima N’Diaye et les camarades de Yacouba Diallo, 11 e Vice-président pour contrecarrer les plans d’Aly Nouhoun Diallo et ses camarades, le débat tournerait au vinaigre.
L’ancien ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle a été de ceux-là qui ont rappelé le constat fait par l’Adéma avant 2002 concernant la nécessité de reformes politiques profondes pour qu’elle ne puisse pas s’opposer aux réformes en cours. Iba est revenu sur l’expérience de 2001 qui a vu l’ancien président Alpha Oumar Konaré initier un projet de réformes qui a pris court à cause des oppositions politiques. Il a également signalé qu’étant membre du gouvernement, l’Adéma/PASJ ne peut que soutenir les initiatives de l’exécutif. C’est d’ailleurs pourquoi, il a été finalement retenu de soutenir le gouvernement dans le processus de reformes constitutionnelles et la tenue des élections générales de 2012.
Quant à Dioncounda Traoré, l’attitude de certains de ses alliés qui ont choisi d’aller en guerre contre ATT, ne plaidera pas certainement en sa faveur et ses ambitions présidentielles risquent de prendre un serieux coup avant les primaires. Selon des analystes, son camp ne rassure pas les militants de l’Adéma/PASJ qui sont convaincus qu’il n’y aurait pas de victoire en 2012 sans une bonne relation avec le président sortant. Donc, il est contraint de se débarrasser de ses alliés encombrants comme Aly Nouhoun Diallo et autre Moustaph Dicko, ou renoncer à ses ambitions.
Markatié Daou
Le Débat 20/05/2011