A Bamako comme dans la plupart des grandes villes, les magasins sont en général pris d’assaut en cette période de fin d’année par les clients, au grand bonheur des commerçants qui réalisent alors leurs meilleures affaires de l’année. Pour l’heure, les grands marchés de Bamako, pourtant bien achalandés, n’attirent pas encore grand monde, sans qu’on puisse vraiment cerner les raisons de ce manque d’intérêt.
Pour Moussa Diarra, installé au marché « Les Halles de Bamako », cette année ne promet pas de bonnes affaires pour les commerçants qui se sont endettés pour remplir leurs magasins pour le 31 décembre.
Adama, vendeur de volaille, partage le même scepticisme. Pour lui, l’espoir d’écouler les stocks à la dernière minute s’aminci au fil des jours, car après la crise de la pauvreté des Maliens, beaucoup de gens ne se sont pas lancés dans l’élevage de la volaille suite à la situation difficile que traverse le pays.
Il s’attend notamment à une surabondance du produit sur le marché, ce qui, selon lui, va jouer au détriment des investisseurs dans la filière, compte tenu des prix élevés des intrants.
Selon lui, même s’il faut reconnaître que les Maliens n’ont pas d’argent, beaucoup prennent de plus en plus conscience de ce qui les attend après les fêtes, notamment le paiement de la seconde tranche de la scolarité des enfants.
Un client pense que les parents qui gagnent honnêtement leur salaire ne peuvent pas le dépenser bêtement pour les fêtes de fin d’année, sous peine de voir leurs enfants expulsés pour non-paiement de la seconde tranche de la scolarité.
Drissa Kéita, vendeur de vêtements au marché de Banankabougou, garde encore espoir et pense que la situation de timidité dans les préparatifs des fêtes de fin d’année est liée à la mauvaise organisation de l’élection présidentielle.
A côté de ceux qui n’ont encore rien acheté, il y a ceux qui se sont contentés du minimum, comme Marc, qui s’apprête à acheter ses volailles pour éviter les bousculades de dernière minute. Pour lui, les fêtes de fin d’année ne devaient pas constituer des occasions de festin pour les familles, mais un bon moment de méditation et d’action de grâces au Créateur.
Même si la raison semble être le manque d’argent, on note que la réticence de certains consommateurs est liée à la cupidité des vendeurs qui s’arrangent souvent pour écouler les invendus accumulés pendant l’année et pour ne sortir la nouvelle marchandise que la veille des fêtes.
Ce comportement tendrait à décourager les consommateurs qui, pour certains, préfèrent faire leurs courses la veille ou alors après la période de fêtes.
Adama Diabaté