La fête de Tabaski, appelée fête du mouton, est considérée par les fidèles musulmans comme un grand moment de joie, de communion, mais également de solidarité. Pour cette célébration 2012, le goût de la viande du mouton était plutôt amer, non pas à cause du prix exorbitant du bélier de sacrifice, mais du fait du contexte sociopolitique tendu dans notre pays avant après le 22 mars.
Pour la première fois depuis son indépendance, il y a plus de 52 ans, les Maliens ont célébré l’une des fêtes les plus importantes dans la division. Division entre l’armée. Division dans la classe politique, dans la société civile, mais également division du territoire, avec l’occupation des trois régions du Nord par les groupes armés d’Ançar Eddine du Mujao et d’Aqmi.
Que l’on soit du Nord ou du Sud, l’on ne pouvait avoir le cœur à la fête en sachant que plus de 100 000 de nos compatriotes sont contraints de fêter hors de leurs familles et repartis entre les familles des villes du Sud et les camps de déplacés de Sévaré à Mopti. Au même moment, ce sont plus de 200 000 Maliens (nos frères et sœurs, pères et mères), réfugiés dans les camps au Niger, au Burkina Faso et en Mauritanie.
Quel que soit le prix à payer
Comment fêter dans la joie dans un tel contexte de fragilisation de notre tissu et de notre unité nationale ? Le président de la République par intérim a eu raison d’avoir une pensée profonde pour ces compatriotes victimes de la guerre.
Dans son message de sanbé-sanbé au peuple malien, Dioncounda Traoré lui a exprimé toute la compassion des autorités de la transition et les salutations de l’ensemble des Maliens en cette période difficile. La grande prière à la Grande mosquée de Bamako, dirigée l’imam Kokè Kallé, ne pouvait passer sous silence. Et aux fidèles musulmans de prier pour le retour de la paix et de la stabilité dans notre pays.
Mais entre-temps, les 300 000 compatriotes victimes de la guerre au nord doivent, malheureusement, prendre leur mal en patience. Six mois après la chute des villes, aucun acte concret de reconquête du territoire n’est amorcé. Et face à un gouvernement qui peine à retrouver ses marques et un président de la République peu concret, la communauté internationale est obligée de venir à la rescousse.
L’adoption, le 12 octobre dernier, de la Résolution 2071 par le Conseil de sécurité de l’ONU, est être considérée par de nombreux observateurs comme un début de solution. Mais l’organisation onusienne donne 45 jours à la Cédéao de proposer un plan « sérieux » de reconquête du Nord. Entre-temps certains proposent la négociation entre les belligérants.
Qu’il s’agisse d’une intervention militaire ou d’une négociation (bien menée sûr), le peuple du Mali n’aspire qu’à une seule chose : recouvrer l’intégrité du territoire quel que soit le prix à payer.
Issa Fakaba Sissoko
L’ Indicateur Du Renouveau 30/10/2012