Festival sur le Niger / Quand un spectacle rend hommage à Da Monzon Diarra

Il y a longtemps. Très longtemps. Quelque part en Afrique de l’ouest, au Mali et au bord du fleuve Djoliba, peut être même, sur le même espace qui abrite aujourd’hui les activités phares du Festival sur le Niger, Da Monzon, roi de Ségou, de retour d’un champ de bataille, a fait une rentrée triomphale. Chantée par les griots grands témoins, cette épopée a inspiré la cérémonie d’ouverture de la 8ème édition du Festival sur le Niger. Pour voir cette scène qui a nécessité la mobilisation d’environ 400 personnes, la population de Ségou, mélangée aux festivaliers, a pris d’assaut la berge du fleuve Niger. Jamais, ouverture du festival sur le Niger n’a mobilisé autant de monde. Après une brève prestation du Super Biton de Ségou, dans la pénombre qui a envahi le fleuve à la faveur de la nuit tombée, une multitude de lampes torches, au rythme des pirogues, se mettent à glisser sur le fleuve Niger. Pratiquement, il y avait autant de lampes torches que de passagers dans les pirogues.

En plus de ces lumières, des cris de guerre vont obliger les festivaliers à chercher à voir ce qui se passait au-delà de la scène. En réalité, pendant quelques minutes, la scène s’était transportée sur le plan d’eau, le temps d’accueillir Da Monzon, sur le rythme d’une musique d’anthologie que les griots avaient composée du temps de l’empire bambara de Ségou. Da Monzon arrivé par pirogue sera rapidement installé dans un fauteuil royal sur la scène qui porte son nom et qui va abriter les concerts géants durant le temps du Festival. Les griots de Ségou ont eu l’honneur d’ouvrir le bal de la réjouissance populaire, organisée à l’honneur de la énième victoire de leur roi. Dans un « Sandia » dont ils sont les seuls à avoir le secret, les griots de Ségou, dans des mouvements endiablés, vont apporter de fort belle manière leur contribution à la coloration de la cérémonie d’ouverture. Immédiatement, après eux, ce fut le tour de la célèbre confrérie des chasseurs dont l’histoire rime avec celle de l’empire du Mali et pratiquement de tous les royaumes et de tous les villages de ce pays.

Armes en l’air, des pas de danses très sûrs, avec un accompagnement d’un « donso ngoni », les chasseurs de Ségou ont fait tonner la poudre. Ensuite, ce fut la troupe traditionnelle de Markala et celle de Wérintilla. Mais, force est de reconnaître que les festivaliers ont apprécié la prestation de Néba Solo et de sa troupe. En plus de la prestation des artistes, il faut dire que la cérémonie d’ouverture a enregistré trois interventions. Oussou Simaga, maire de Ségou, après avoir souhaité la bienvenue aux festivaliers, a rappelé que le festival sur le Niger est un prestigieux évènement qui contribue à faire de la ville de Ségou une métropole culturelle.

« Grâce à la qualité de sa programmation, ce festival est aussi une invitation à connaître les richesses et la diversité des cultures maliennes, africaines et même mondiales », a-t-il déclaré. Pour sa part, Mamou Daffé, directeur du festival sur le Niger, après avoir salué la présence des occidentaux à Ségou, malgré les différentes interdictions de leurs chancelleries, a rappelé que l’édition de cette année traitera du thème de la «Création et du développement ». Selon lui, ce thème sera abordé à travers plusieurs sous-thèmes : « Création et changement social » et « Création et citoyenneté ».

Avant de lancer le démarrage des activités de cette année, Hamane Niang, ministre de la culture, a mis un accent particulier sur le rôle éminemment important que cette manifestation joue dans l’animation socioculturelle de la ville de Ségou, qui n’est plus un simple point de transit pour tous ceux qui veulent découvrir notre pays. Mais un point de séjour obligatoire.

Assane Koné

Le Républicain 17/02/2012{jcomments off}