La 12ème édition du Festival sur le Niger a eu lieu du 3 au 7 février dans la capitale des Balanzans (Ségou). Les activités ont pris fin par une cérémonie simple de remerciements du directeur du Festival, Mamou Daffé, assisté par le maire de Ségou, Youssouf Simaga, à l’endroit de tous les festivaliers, des directeurs de festivals des pays de la sous-région et des autres acteurs culturels. Cheick Tidiane Cheik, parrain de l’événement, était aussi de cette cérémonie de clôture qui a eu pour cadre la salle de conférence du Centre Korê.
La satisfaction et la joie étaient visibles sur le visage du directeur du festival, qui s’est réjoui de la bonne tenue, sans incident, de cette édition spéciale, à cause de la situation sécuritaire que connaît le pays actuellement.
Selon le maire Youssouf Simaga, les attentes ont été comblées parce que malgré le fait que c’était une édition spéciale, les gens sont venus en masse le samedi 6 février 2016 dans la ville de Ségou. Cela témoigne de l’engouement suscité par le Festival.
Placée sous le thème : «Jeunesse et citoyenneté», cette 13ème édition était parrainée par le maestro Cheik Tidiane. Cette thématique s’explique par la déperdition de notre système éducatif. C’est pourquoi, pendant un colloque de 3 jours, les conférenciers et participants, surtout les jeunes venus des différents pays de la sous-région, ont abordé ce thème de long en large. En faisant des contributions, les jeunes eux-mêmes ont pris la parole.
Avant cette conférence, l’ouverture du Festival a été marquée par un vernissage sur le Quai des arts. À cette occasion le directeur du Festival a expliqué le contexte de cette édition. «C’est une édition spéciale car notre pays se trouve dans un contexte spécifique, avec l’Etat d’urgence. Nous avons décidé de faire de cette édition, un Festival spécial, pour accompagner le gouvernement dans la restauration d’une paix définitive», a expliqué Mamou Daffé.
Puis de poursuivre : «Cette situation nous oblige à prendre des dispositions afin de respecter et de nous conformer au projet de sécurisation mis en place par nos plus hautes autorités. Cela nous a conduits à faire des séances de travail avec les autorités en charge de la sécurité. C’est pourquoi la particularité de cette année a été l’annulation des concerts sur la berge du Niger. Cette décision a été mal appréciée par certains participants, car elle réduit nettement le rendement économique de la population. Mais nous devons faire de notre sécurité, la priorité des priorités».
Précisons que les concerts ont été délocalisés sur deux sites : le siège de la Fondation, l’ex-CMDT de Ségou, et le Centre culturel Korê. Malgré ce changement, les jeunes sont venus de tout le Mali pour prendre part à cette édition. Aux concerts de samedi dernier, il y a eu des débordements. De ce fait, beaucoup de jeunes sont restés dans les rues de Ségou, puisque n’ayant pas accès à l’espace du concert. Quant aux jeunes festivaliers, en majorité venus de Bamako, ils ont fait la fête à leur manière.
Cette année, il est important de le souligner, le Festival a été scindé en trois composantes dont la musique, l’art visuel et l’artisanat. «Nous avons réduit le volume musical. Le caractère spécial s’explique par la gratuité de l’événement, car seuls les organisateurs et la presse bénéficient de bracelets pour faciliter l’organisation», a indiqué le directeur du Festival. Le but était d’alléger le programme de cette édition pour mieux canaliser les festivaliers en ce qui concerne les aspects sécuritaires.
À cette édition spéciale du Festival sur le Niger, le théâtre a pris une place de choix au niveau du Centre culturel Korê. Guimba et Michel, la pièce Allah Té Sunogo de Blonba d’ Alioune Ifra N’Diaye, ou encore la Messe est dite d’Acte Sept ont été les présentations théâtrales qui ont réuni beaucoup de monde. Abdoulaye Konaté, Amaguiré Dolo, Hama Gouro, Ouologuem ont assuré le côté art visuel. Des expositions des arts visuels et la restitution des différents ateliers ont été organisées par le Centre culturel Korê. Des artistes de dimension mondiale, comme Abdoulaye Konaté, ont fait des expositions.
En musique, il y a eu des prestations (Hip-hop) avec Mylmo, Master Soumi, Smoky du Burkina Faso et autres. Au total, 20 pays ont répondu à l’appel des organisateurs du Festival de Ségou. Des résidences d’une semaine étaient aussi au programme pour soutenir les artistes en herbe. La traditionnelle exposition des produits artisanaux avec la Foire internationale de Ségou a été respectée. Durant 5 jours, les festivaliers ont eu droit à des scènes artistiques très variées en contenu disciplinaire. Un colloque et des conférences ont été tenus.
«Je suis très content et fier d’être le parrain de cette édition spéciale qui offre un programme réduit, mais plein de sens», a annoncé Cheik Tidiane Cheik. «C’est vrai que notre pays est menacé par les jihadistes, mais nous n’allons jamais arrêter d’organiser nos activités culturelles. Elles font partie de notre quotidien. Rien ne peut nous arrêter», a martelé le parrain Cheik Tidiane Seck.
Kassim TRAORE