Dépeignant les contours d’une histoire où la culture a joué un rôle de premier plan dans l’indépendance des pays africains, dans la liberté de ses peuples et l’affirmation de son identité, auteurs de renom et éditeurs de tous bords s’invitent pour la première fois en terre d’Afrique pour penser, au-delà de toutes les frontières et au sein même de leur continent, la littérature d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
À l’initiative de la première édition du «Festival du Livre africain de Marrakech» (FLAM) qui accueillera, du 9 au 12 février prochain, l’Afrique de l’écrivain et de la diaspora, trois grands activistes de la culture. Portés par leur envie commune de réfléchir les imaginaires, favoriser les échanges entre le Nord et le Sud et créer plus de rapprochement entre les peuples, le célèbre peintre et écrivain Mahi Binebine, le philanthrope culturel, Younes Ajarraï, l’universitaire spécialisée dans la littérature africaine, Hanane Essaydi, et la journaliste culture & politique africaine chez France 24, Fatimata Wane-Sangna.
Dans cette première édition, sont attendus plus de vingt pays africains dont la Tunisie, le Cameroun, l’Ile Maurice, Djibouti, l’Algérie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud, etc., mais également des gens de la diaspora, en provenance des États-Unis, d’Angleterre, d’Allemagne, de France, du Canada, d’Autriche et plus encore. A la question de savoir depuis quand l’idée d’un tel festival existe-t-elle et comment les membres fondateurs du FLAM ont-ils réussi à convaincre les auteurs africains et la diaspora d’en faire partie, Mahi Binebine nous a confié qu’«il suffisait de prononcer le nom de Marrakech… Un nom qui fait rêver les poètes et les écrivains, un nom magique qui les a séduits et leur a fait accepter notre invitation».
«Nous avions commencé par rêver ce festival, et tout ceci est devenu réalité en si peu de temps», a-t-il ajouté. Au cœur de cet évènement sans précédent où les Lettres du continent seront mises à l’honneur, JMG Le Clézio, Achille Mbembé, Lilian Thuram, Fouad Laroui, Rodney Saint-Eloi, Sami Tchak, Fawzia Zouari et d’autres noms aussi célèbres les uns que les autres, évoqueront la réalité d’une histoire vécue et parfois déformée. «Le constat est simple, nous explique Younes Ajarraï. Nous savons qu’il existe des liens forts entre les Africains et nous avons pour devoir de les renforcer».
En effet, entre les peuples et leur continent, il existe des milliers de liens tissés qui demeurent indéchirables mais ces liens doivent être renoués, et seule la culture pourra le permettre. «Nous devons lever les tabous, évoquer ce qui nous a séparé, révéler le regard raciste, rappeler l’histoire, reconnaître l’esclavagisme, pardonner pour avancer et se redécouvrir», ajoute Younes Ajarraï. Il est vrai que les écrivains se rencontrent rarement en terre d’Afrique pour repenser le monde et que le prisme occidental a jusque-là œuvré pour favoriser ce type de rencontre.
«D’ailleurs, je me suis toujours dit pourquoi aller découvrir mon voisin à Paris, Madrid ou New York alors qu’il est plus simple qu’il vienne chez moi que d’aller chez lui», souligne Mahi Binebine. N’en est-on pas capable de le faire en toute autonomie ? Oui. Et c’est au Centre Culturel «Les Etoiles de Jemaa el-Fna» que nous pourrons enfin assister à un vrai festival qui mettra en lumière la littérature africaine et permettra le rapprochement entre écrivains, éditeurs et lecteurs. Le FLAM créera donc cette occasion unique de découvrir les talents littéraires de l’Afrique tout en célébrant la diversité culturelle de notre continent. Débats, conférences, dédicaces, tables rondes et ateliers permettront à tout un chacun, d’une part, de découvrir les différentes facettes des littératures africaines, et, d’autre part, d’échanger avec des auteurs de renom et les diasporas.
Par ailleurs, le centre culturel sera également le théâtre d’expositions de livres et d’art plastique, de projections de films et de concerts de musique où l’arabophonie, la francophonie et l’anglophonie feront écho, telle une symphonie où la langue ne sera pas un obstacle pour communiquer mais un véritable atout, pour tous.
Ainsi, le Festival du Livre Africain de Marrakech s’inscrit d’ores et déjà dans la lignée des grands festivals littéraires internationaux, visant à mettre en lumière le dynamisme et la créativité des littératures africaines. Et c’est au Maroc qu’auront lieu ces premiers échanges culturels et rencontres entre les différentes communautés africaines. «Nous voulons que le FLAM produise une véritable agora africaine qui, à terme, pourra prendre part à la réflexion globale. Qu’avec son entité continentale, elle puisse activement participer à la création du monde de demain», conclut Younes Ajarraï.
Khadija Dinia / Les Inspirations ÉCO
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