La cérémonie de clôture du 69ème Festival de cinéma de Cannes (France) s’est achevée le dimanche 22 mai 20016 par l’attribution de la récompense suprême au réalisateur britannique Ken Loach, déjà auréolé par ce prix en 2006.
«Avoir deux Palmes d’or est extraordinaire. J’ai travaillé avec les mêmes personnes pour Moi, Daniel Brake et Le Vent se lève. Nous sommes abasourdis d’être là ce soir», a déclaré le réalisateur anglais qui voit dans l’Union européenne (Ue) un exemple des politiques néolibérales qu’il a dénoncées dans son discours.
Le jury dirigé par George Miller a donc décerné la Palme d’or à «Moi, Daniel Blake» Ken Loach. Cette œuvre succède à «Dheepan» de Jacques Audiard. C’est la seconde Palme d’or pour le cinéaste britannique, qui entre ainsi dans le club très restreint des lauréats doublement récompensés au Festival de Cannes.
Ce prestigieux cercle comprenait jusqu’ici huit réalisateurs dont Coppola, les deux frères Dardenne, Haneke et Kusturica. Il avait déjà reçu la Palme d’or en 2006 pour «Le vent se lève». Le cinéaste britannique, connu pour son cinéma social, a signé un nouveau film dans cette lignée avec Moi, Daniel Blake. Le long métrage raconte le parcours de Daniel Blake, un menuisier de 59 ans, contraint de faire appel à l’aide sociale à la suite de problèmes de santé.
Alors que son médecin lui interdit de travailler, il est contraint par l’administration de trouver un emploi, sous peine de sanctions. Au cours de ses rendez-vous à l’agence pour l’emploi, il rencontre Rachel, une mère célibataire de deux enfants, forcée d’accepter un logement à 450 kilomètres de sa ville natale pour ne pas être placée en foyer d’accueil. Ensemble, ils tentent de s’entraider.
«Moi, Daniel Blake» sortira en fin d’année 2016. En recevant son prix, Ken Loach s’est lancé dans un discours très engagé. «Le cinéma fait vivre l’imagination, mais nous présente le monde dans lequel nous vivons. Ce monde se trouve dans une situation dangereuse. Il est guidé par des idées néolibérales qui risquent de nous mener à la catastrophe», a-t-il attaqué. Ces idées, déplore le cinéaste, ont «traîné dans la misère des millions de personnes de la Grèce au Portugal». Sans parler de leurs conséquences dramatiques dans le reste du monde, en Afrique subsaharienne particulièrement.
«Le cinéma a une tradition de protestation, j’espère qu’elle va continuer. Nous approchons une période de désespoir qui amène l’extrême Droite. Il faut ramener l’espoir ! Un autre monde est possible», a-t-il clamé haut et fort.
Moussa BOLLY