7 mars 2006-7 mars 2022 ! Il y a 16 ans que le bluesman-paysan s’est éclipsé de la vie. Mais, comme toute star, le regretté Ali Farka Touré est omniprésent dans nos vies par ses œuvres gigantesques et aussi les valeurs qu’il a cultivées toute sa vie. Et pour commémorer sa disparition et perpétuer son œuvre, sa fondation organise depuis deux ans un festival qui lui est dédié. L’édition 2022 a eu lieu du 2 au 6 mars devant le domicile de l’illustre disparu à Lafiabougou.
«Le miel n’est pas doux dans une seule bouche», avait l’habitude de dire le regretté Ali Farka Touré, arraché à notre affection le 7 mars 2006, pour justifier sa générosité et aussi l’immense soutien qu’il ne cessait d’apporter aux jeunes talents pour les aider à percer dans le showbiz international. Aujourd’hui, ils sont nombreux à lui devoir leur carrière internationale boostée par de grandes maisons de production comme World Circuit. Et aujourd’hui la Fondation Ali Farka Touré (gérée par la famille) continue à «offrir le miel» aux talents à travers le festival qui porte également le nom du bluesman et maire de Niafunké (Tombouctou).
«La résilience à travers la culture» était le thème de la seconde édition qui a eu lieu du 4 au 6 mars 2022 devant son domicile à Lafiabougou, en commune IV du district de Bamako. Elle est le fruit de la synergie entre «i4africa» et la Fondation Ali Farka Touré. Pendant les 3 jours d’activités musicales et de foire artisanale, le monde a eu les yeux rivés sur le Mali, ce pays qu’Ali a fait connaître partout où il a eu «la chance et l’élégance de sourire et d’acquiescer sa tête pour répondre aux vibrants appels des chaleureuses notes diaboliques qu’il faisait sortir de sa guitare».
C’est le moindre hommage que l’on puisse rendre à cet homme tout terrain qui fut à la fois guitariste virtuose, paysan, chauffeur, boxeur, et artiste chanteur, maire… Au point qu’ils sont nombreux ceux qui pensent que «son parcours mériterait d’être enseigné dans toutes les écoles de la vie». Conscient de ce lourd héritage à défendre et de leur dette inestimable à son égard, les amis, les proches collaborateurs et la Fondation Ali Farka Touré, dirigée par Bouréima dit Vieux Farka Touré, ont initié ce festival à la mémoire de ce baobab du blues dont le talent a convaincu le monde que les racines de ce genre musical étaient bien évidemment en Afrique.
Cette année, la cérémonie d’ouverture a été une soirée d’hommage animée par des troupes traditionnelles du nord, du centre et du sud du Mali et de jeunes talents virtuoses de la guitare de la scène musicale. Une soirée marquée par la présence du camarade d’enfance, du conseiller, du manager et du parrain, en l’occurrence Diadié dit Amadou Sankaré de SAER Group.
A ses côtés, d’illustres personnalités notamment l’ambassadeur de l’Inde, M. Anjani Kumar et sa famille, dont l’intervention en bambara a fasciné plus d’un. Et toutes les interventions ont été d’éloquents témoignages sur «la grandeur de cet homme d’histoires sur lequel le monde ne finira jamais d’apprendre».
Les samedi et dimanche, le public massivement présent a été émerveillé par une brochette d’artistes comme Astou Niamé, Habib Koité, Kansy (Burkina), Afel Bocoum, Iba One, Sobra Blues, Kadidiatou Bah, Sékou Sidi Maïga, Mylmo N-Sahel, Cheick Tidiane Seck… Des prestations suivies en ligne dans le monde entier permettant aux mélomanes de se consoler un peu de la disparition de ce monstre sacré du blues.
Rappelé à Dieu à la suite d’un cancer à l’âge de 66 ans, le nom du bluesman du désert est à jamais gravé dans le livre d’or des 100 meilleurs guitaristes de tous les temps (classé respectivement 71e et 37e par les grands magazines musicaux comme Rolling Stone et Spine).
Détenteur de 3 Grammy Awards («Talking Timbuktu» en 1995, «In the Heart of the moon» en 2006 et le dernier, «Ali and Toumani» en 2011, à titre posthume) avec à la clé une discographie intarissable, «la vie de Ali Farka Touré montre à tous qu’on peut partir de rien pour se hisser sur le toit du monde si seulement si on se donne à cœur joie dans tout ce qu’on entreprend». On ne parlera jamais assez d’Ali, de sa contribution à la promotion du Mali à travers le monde, de son apport au blues…
Dors en paix Monsieur le Maire, le bluesman/paysan !
Moussa Bolly