En décidant de mettre en congé toutes les structures de l’enseignement supérieur du Mali, en vue de préparer la rentrée 2011-2012, le gouvernement du Mali, sans le dire clairement, vient de prendre la lourde responsabilité de décréter l’année 2010-2011, blanche. A la lecture des termes du communiqué du conseil des ministres, tout porte à croire que le Gouvernement a pris conscience de sa lourde responsabilité. Selon le communiqué du jeudi 14 juillet 2011, le Conseil des Ministres a examiné une communication relative au rapport sur l’Enseignement Supérieur et au plan d’actions à court terme. De cet examen, il est ressorti que « le système d’enseignement supérieur et de recherche scientifique de notre pays est confronté à des problèmes essentiellement d’ordre structurel parmi lesquels la forte croissance des effectifs, le déficit en personnel enseignant, l’insuffisance de locaux administratifs et pédagogiques, la violence et l’insécurité sur le campus universitaire ».
Le communiqué du conseil des ministres fera remarquer : « face à cette situation, il apparait nécessaire de prendre des mesures appropriées en vue de disposer d’un système d’enseignement et de recherche plus performant et capable de concilier les impératifs de développement du pays et la compétition internationale ». Après, avoir précisé que le rapport sur l’enseignement supérieur et le plan d’actions à court terme pour une bonne reprise de l’année universitaire, s’inscrivent dans cette perspective, le communiqué du conseil des ministres rappellera que le plan d’actions à court terme pour une bonne reprise de l’année universitaire prévoit notamment : la fermeture des résidences universitaires en vue de leur réhabilitation avant la rentrée scolaire 2011-2012, la création de quatre Universités en lieu et place de l’Université de Bamako et le renforcement des capacités d’encadrement et des capacités de gestion des structures d’enseignement.
« Pour mener à bien ces actions, toutes les structures de l’enseignement supérieur seront mises en congé en même temps pour préparer la rentrée 2011-2012 dans les meilleures conditions », précise le communiqué du conseil des ministres. Mais, quid de l’année 2010-2011 ? Et, puis, il y a de fortes raisons de penser que l’enseignement supérieur du Mali, après trois mois de fermeture qui auront le mérite de blanchir l’année 2010-2011, ne s’en porterait pas mieux. L’ouverture étant prévue pour le mois d’octobre 2011, nous doutons fort que deux mois puissent suffire pour abattre le chantier titanesque que le gouvernement a annoncé pour justifier sa décision.
Assane Koné
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*Abdou Mallé, secrétaire général du Comité exécutif national du Syndicat national de l’enseignement supérieur (CEN-Snesup)
Le Snesup ne partage pas la décision prise par le gouvernement Lors de la réunion du 29 juin 2011, le Snesup avait bel et bien dit que l’année peut être sauvée. Notre position n’a pas changé. Nous disons que c’est possible de sauver l’année. Avant de prendre ce genre de décisions, le gouvernement devait consulter les acteurs. Comme cela n’a pas été fait, il va lui falloir gérer les conséquences, car il est seul responsable de cette mesure.
*Salif Berthé, Recteur de l’Université de Bamako
Le Rectorat n’a pas d’avis à donner sur la décision du gouvernement qui résulte d’une analyse de situation faite par le ministère. C’est vrai qu’il y a des acteurs de premier plan qui sont les enseignants, les étudiants, l’administration, mais en réalité, l’université concerne tous les citoyens. C’est l’affaire de tout le monde.
*Hamadoun Traoré, secrétaire général du bureau de coordination de l’Association des élèves et étudiants du Mali (Aeem)
Nous n’avons pas été associés à la prise de décision. Beaucoup d’étudiants sont hostiles à cela. C’est à travers cette réunion avec le ministre que nous avons appris la décision du gouvernement. Mais c’était une question qui avait beaucoup perduré, parce que même en conseil de l’assemblée de professeurs de Faculté des lettres, langues arts et sciences humaines (Flash), ça été dit. Le conseil restreint de l’université de Bamako avait pris la même décision, il y a de deux mois. Donc le gouvernement n’a fait qu’entériner. Il faut dire que l’information n’a pas circulé réellement. Les profs après leur conseil devaient informer les étudiants de la décision. Pour nous, sauver notre année serait la plus importante des choses. En ce qui concerne l’Aeem, nous avons été investis par les étudiants pour une mission. Et ce sont les étudiants qui décideront de ce que nous allons faire. Nous sommes leur porte parole. Après notre rencontre avec le ministre, nous allons échanger avec eux et appliquer ce qui sortira de ces échanges.
Propos recueillis par Hadama B. Fofana
Le Républicain 18/07/2011