Pendant une heure chrono, le président Diarra a fait l’état des lieux depuis le début de sa mandature, présenté le bilan sans complaisance et dévoilé ses projets pour le football malien. Après son exposé liminaire d’une dizaine de minutes, le président Diarra s’est prêté volontiers aux questions de la presse.
Jeudi 13 mars 2014, salle de réunion de la Femafoot, 9h30-Pour la première fois depuis son élection à la présidence de l’instance dirigeante le 8 octobre 2013, Boubacar Baba Diarrra est face à la presse. «Lorsque nous avons accepté de diriger les politiques publiques, cela demande de rendre compte de temps en temps des actes posés dans la mise en œuvre de ces politiques et surtout d’expliquer le bien-fondé des actes posés», a introduit le président de la Femafoot qui s’est dit prêt à multiplier cet exercice démocratique. Après un peu plus de cinq mois de gestion du football national, le constat est que le Comité Exécutif (C.E) de la Femafoot n’a pas chômé.
Aux dires du président Boubacar Baba Diarra, la machine institutionnelle du football malien est pleinement fonctionnelle. Toutes les 16 Commissions du C.E tournent à plein régime.
Les 3 Commissions indépendantes (Discipline, Recours, Audit interne) et la Commission Ad’hoc de lutte contre la violence dans les Stades sont également installées. «Toutes les Commissions sont opérationnelles et travaillent en symbiose avec le Secrétariat général», insiste le président Diarra. Mais tout n’est pas rose. Le président de la Femafoot reconnaît lui-même qu’après quelques mois de tâtonnements, le Secrétariat général a retrouvé ses marques et atteint sa vitesse de croisière avec l’arrivée d’un nouveau Secrétaire général. Allusion est faite à Yacouba Traoré dit Yacoubadjan qui a pris fonction en début février.
Toujours dans le domaine institutionnel, selon le président, la Commission juridique saisie dès le premier mois de la prise de fonction du C.E est à pied d’œuvre dans la relecture des textes. Un premierdraft est en voie de finalisation et sera soumis à l’examen et à l’approbation du C.E dans les prochaines semaines.
Quatre terrains gazonnés pour les régions Nord
Dans le domaine de la modernisation des outils de travail, la Fifa et les spécialistes de la Femafoot ont entamé un travail de réflexion en vue de doter le Secrétariat général d’un nouvel organigramme lui permettant de s’adapter aux caractères évolutifs de l’environnement du football. A ce sujet, il est prévu la création de cinq départements au niveau du Secrétariat général : Finances, Marketing et Communication, Informatique, Compétitions et Relations Internationales. En bonus, une nouvelle politique d’informatisation est en cours d’évaluation avec comme socle le tracé d’un schéma directeur informatique devant définir les fonctions à informatiser. Le président Diarra rassure que le Programme Performance de la Fifa et la Convention Cadre de la Fédération Française de Football serviront de leviers à ce mouvement de modernisation de l’administration de la Femafoot.
Dans le domaine du développement du football, la Direction Technique Nationale est très sollicitée. A cet effet, selon le président Diarra, l’heure est à la mise en chantier d’une nouvelle Direction Technique Nationale digne de ce nom. Pour ce faire, l’appui de la Fifa à travers son cours Performance, de la Fédération Française de Football (F.F.F) et de la Fédération Andalouse de Football (F.A.F) est sollicité. Il a même déjà été instruit au Directeur Technique National d’élaborer une politique de développement du football au Mali à faire valider par le C.E dans les six prochains mois. La formation des cadres n’est pas en reste. Après des séances de travail avec la F.F.F et la F.A.F, des médecins sportifs, des éducateurs sociaux, des arbitres, des entraîneurs et administrateurs du football malien seront bientôt formés à Clairefontaine (France) et au Centre de formation de Séville (Espagne). Le président Diarra a évoqué la réalisation prochaine de trois terrains artificiels dans les trois Ligues du Nord (Gao, Tombouctou, Kidal). D’une valeur de 900 000 000 F CFA, la construction de ces infrastructures est un appui de la Fifa.
Dans le cadre de l’assainissement des finances fédérales, le président Diarra a prévu la création d’un fonds d’investissement pour une utilisation judicieuse et rationnelle des retombées financières de compétitions internationales. La Femafoot attend à ce sujet 87 millions comme retombées du Chan 2014. Le premier programme visé pour 2014 est l’électrification de terrains de quatre clubs de la Ligue de Bamako (Djoliba, Stade malien, Réal COB) et le gazonnage de quatre terrains de clubs des Ligues de Kayes, Sikasso, Ségou et Mopti.
Le président Diarra a également évoqué la détection de talents. Pour réaliser cet objectif, il est prévu la recherche de financement pour créer un championnat national de D2 avec 18 clubs, un championnat national Juniors et un championnat national Cadets avec 12 clubs chacun. Le coût est évalué à 450 millions F CFA.
Dans le domaine des compétitions, le président de la Femafoot rassure de la participation de nos sélections aux Jeux Africains de Brazzaville (Equipe nationale locale), aux Jeux de Gaborone (Equipe nationale minime) au tournoi UFOA B des Cadets et au tournoi UFOA A (Aigles locaux). Aussi, les Aigles participeront aux éliminatoires de la Can 2015. Quant aux moins de 15 ans, les minimes, ils participeront au tournoi international de Lugano (Suisse) en fin mai 2014 et seront invités d’honneur des festivités du centenaire de la Fédération Andalouse de Football en 2015.
Parlant du bilan technique, le patron du football malien explique que les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes. Il met en relief l’élimination de l’équipe nationale dames lors du premier tour des éliminatoires de la Can 2014, celle de l’équipe nationale locale au tournoi de l’UEMOA 2013 à Abidjan. Il n’oublie pas également la place de quart de finaliste des Aigles B au Chan 2014 alors qu’ils avaient terminé premiers de leur groupe. Enfin, en Coupes africaines, seuls deux clubs sur quatre se sont qualifiés pour les 8es de finale.
30 000 dollars volatilisés
A l’actif de son bilan, le président de la Femafoot, Boubacar Baba Diarra a rappelé l’organisation de concertations avec les acteurs de tous les segments du football malien. Occasion pour les uns et les autres de faire des critiques et des propositions pour le développement du football national dans un environnement apaisé.
Lors du point de presse, la question sur le cachet du match amical Corée du Sud-Mali et la construction du Centre de formation de la Femafoot a ravi la vedette. De quoi s’agit-il exactement ? Aux dires du président de la Femafoot, son prédécesseur Hammadoun Kolado Cissé a empoché 30 000 dollars sur les 70 000 représentant le cachet du match amical international Corée du Sud-Mali joué en mi-octobre 2013 à Séoul. Comme c’est de l’argent public, le président Diarra a demandé le remboursement total du montant manquant. Après deux lettres confidentielles envoyées à l’ancien président de la Femafoot réclamant ladite somme sans résultat, le président Diarra a envoyé une mission de médiation composée des présidents des Ligues de Kayes, Koulikoro et Sikasso. C’est alors que l’ancien président a reconnu les faits et a promis d’envoyer son Secrétaire général adjoint d’alors, Souleymane Diallo, à la Femafoot pour caler la transaction du remboursement des 30 000 dollars. Hélas, depuis Souleymane Diallo n’est pas passé à la Femafoot. Quant au problème relatif à la construction du Centre de formation de la Femafoot, le président Diarra explique que sur un financement de 100 000 dollars requis, la Caf a exigé une garantie de 65 000 dollars devant servir l’ameublement après finition. C’est ainsi que l’entreprise Mamadou Sow a fait une lettre d’engagement pour garantir les 65 000 dollars. Toute chose qui a permis à la Caf de décaisser les 100 000 dollars au profit de la Femafoot. Mais le constat est amer à la fin des travaux. Les bureaux sont exigus et ne sont pas encore meublés. C’est pourquoi la Femafoot a écrit à l’entreprise Mamadou Sow pour qu’elle joue sa partition. Cette dernière a répondu qu’elle a fait la lettre d’engagement pour arranger la Femafoot et qu’elle ne lui doit rien. Pour le président Diarra cela est un dol (sic, une manœuvre pour tromper dans un contrat) qui est consommé. « En Droit, l’entreprise Mamadou Sow a vicié le consentement de la Caf pour qu’elle décaisse les sous. Juridiquement, j’ai les moyens légaux de la poursuivre », a précisé le président Diarra. Avant de conclure qu’il ne veut pas que la Caf qualifie la Femafoot d’«Association voyou.»
Baba Cissouma
SOURCE: Match du 5 juil 2014.