Selon les sources dignes de foi, Fatim est venue à Bamako pour des soins médicaux. Elle était logée à Sourakabougou, chez un ressortissant de la même région qu’elle, répondant au nom de COULIBALY. La consultation du malade était un problème pour le docteur car il fallait le faire sans dévoiler l’appartenance sexuelle du patient. Jusqu’au bout, elle a préféré la mort plutôt que la honte d’être découverte à une autre identité sexuelle que celle avec laquelle elle s’était toujours présentée au monde. Lorsqu’elle a rendu l’âme à Dieu, la tradition consiste logiquement à faire laver sa dépouille par des tierces avant de la conserver à la morgue. Quand les vieilles sont venues sacrifier à cette pratique, ce fut la stupéfaction de constater que le cadavre de la personne connue avec le nom de Fatim Djan par tout le monde comporte un gland et des testicules.
Elles demandèrent aussitôt que des hommes viennent s’en charger non sans susciter étonnements et interrogations de la part des interlocuteurs. Qu’est qui ne va pas ? Pourquoi les hommes ? De quelle nature d’aide avez-vous besoin ? Et tant autres questions. Et les bonnes femmes de rétorquer qu’il s’agit d’une affaire d’hommes.
Vérification faite par la suite, l’équivoque a été finalement levée comme quoi la nommée Fatim Djan ‘était bel et bien un homme de tout son vivant. Son corps a passé une nuit à la morgue du Centre de santé de Korofina avant d’être conduit à sa dernière demeure. Selon notre source, »Fatim » a réussi à se faire passer pour une femme rien qu’avec à son style et son habileté au travestissement. Le bonhomme de naissance et de nature disposait de tous les outils et objets de femme. Il utilisait les produits de dépigmentation, des soutiens-gorges gonflants de chiffons, se tressait les cheveux avec des mèches, portait des boucles d’oreilles, bref, toutes choses propres aux femmes. Il nous revient de même source que l’intéressé a passé toute sa vie à poursuivre les »balafonistes » dans la zone de Sikasso dont le célèbre artiste Nèba Solo.
Il se serait même marié avec des hommes, mais la consommation du mariage ne s’est jamais concrétisée par une liaison charnelle. De notre source proche, l’homme était également un brave cultivateur. Il préparait le déjeuner pour les autres cultivateurs, amenait du repas au champ, cultivait jusqu’au petit soir puis revenait préparer le dîner. Chose bizarre, personne à Sikasso n’a connu à »Fatim djan » un parent ou un proche. Raison pour laquelle, ses nombreuses connaissances n’ont de cesse de téléphoner, depuis sa mort, pour connaitre sa réelle histoire.
Oumar Korkosse
Aurore 14/07/2011