Cette disposition du décret du 11 août 2008 excluait en effet la publicité de son champ d’application. Ainsi, tout ce qui concernait les besoins de l’armée, exigeant le secret ou la protection des intérêts essentiels de l’Etat, n’était pas concerné par des appels d’offres nationaux ou internationaux.
Cette disposition légale, au lieu de servir les intérêts exclusifs de l’Etat, a plutôt permis de voler, de pomper l’argent du contribuable malien. Sans limites. Pour mettre fin à cette hémorragie financière, le Conseil des Ministres s’est réuni en session extraordinaire, le vendredi 19 septembre 2014, pour relire l’article 8 du Code des marchés publics.
Il détermine désormais le périmètre d’application du «secret en matière de défense», en dressant une liste de travaux, de fournitures ou de prestations dont l’acquisition peut justifier le recours à la procédure dérogatoire prévue à cet effet. Il circonscrit également la notion «d’intérêts essentiels» de l’Etat, en la définissant et en précisant les conditions dans lesquelles cette disposition peut être utilisée. Il définit enfin les modes de passation, en prévoyant l’appel d’offres restreint et la négociation directe.
Ces vols ne datent pas de la période 2013 – 2014. Depuis 2010, quand les prémisses de la rébellion étaient déjà là, l’Etat du Mali a engagé des fonds énormes pour acheter des armes. C’était frappé du sceau de la confidentialité. Des opérateurs économiques bien connus de la place sont partis jusqu’au Canada, pour nous en rapporter des armes obsolètes.
A quel prix? C’est pourquoi la ministre des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, a demandé, avec le soutien du FMI, au Vérificateur Général d’auditer tous les achats d’équipement militaire effectués durant ce temps, afin de se faire une idée de la surfacturation à cette époque, puisque ce sont les mêmes commerçants tricheurs, dont les contrats viennent d’être annulés, qui étaient là et qui sont pris aujourd’hui en flagrant délit de vol. Il s’agit de la période de l’ex ministre de la Défense Natié Pléah.
Outre cette gestion, celle de Yamoussa Camara, disons de la junte militaire, sera également revue. Tous les dossiers d’achat d’armement seront épluchés par le même Vérificateur Général. Durant cette ère triste de notre histoire, vous pouvez imaginez les écarts de gestion. Mais, pour plus de rigueur, attendons le rapport qui sera dressé.
En tout cas, sous Boubèye, le pot-aux-roses a été découvert, avec comme conséquence immédiate la résiliation de 15 contrats (dont onze ont été publiés). Vivement que les quatre autres soient également connus par voie de presse. En outre, le plus gros contrat, celui de Guo SARL de Sidi Mohamed Kagnassy, d’une valeur initiale de plus de 69 milliards, avec une surfacturation avérée de 29 milliards, a été revu à sa juste valeur. C’est à dire ramené à 69 milliards moins 29 milliards, ce qui fait un total de 40 milliards de nos francs.
Les Maliens sont donc édifiés sur la période Boubèye, il reste maintenant celles de Natié Pléah et de Yamoussa Camara. En attendant ces deux rapports, des sanctions idoines doivent tomber contre ceux ou celles qui sont impliqués dans les surfacturations déjà connues.
Les mesures édictées par le FMI doivent être mises en route avant décembre, date du Conseil d’Administration de cette institution, afin que notre pays puisse bénéficier des 11 millions de dollars attendus au titre de la Facilité de crédit pour l’aide budgétaire. Nous en avons besoin pour payer une bonne partie de la dette intérieure du pays. Ce qui pourrait booster notre économie, à travers la consommation et l’investissement.
Chahana Takiou
Source: Le 22 Septembre 2014-10-02 13:37:06