Fait divers L’ultimatum du mouton était tenu, mais…


Nous sommes à Hamdallaye dans un quartier populaire de Bamako où vit le couple Coulibaly avec ses 3 enfants. En effet, cela faisait 12 ans de mariage et jamais à une fête de Tabaski, Nouhoum n’avait pu égorger un bélier. Alors, sa Madiata ne supportait plus, elle avait donc décidé de prendre l’initiative. A une semaine de la fête, c’est-à-dire le jeudi d’avant, Madiata avait fait convoquer 3 des amis de Coulibaly pour un conseil. A l’ordre du jour de cette reunion, le mouton et Madiata, dans son propos introductif, avait dit ceci : «Merci, mes maris d’avoir répondu à mon appel, c’est à propos de votre ami. Cela fait 12 ans que nous nous sommes mariés, la fête de tabaski approche. Faites tout pour qu’il m’apporte un mouton, je vous le demande…». Après ce propos introductif de Madiata, les discussions ont commencé avec une divergence dans les prises de positions.

En effet, Broulaye et Laye soutenaient clairement soutenu Madiata, tandis que Karim était un peu plus réservé. A l’issue de la discussion et avec le soutien de 2 des 3 membres du conseil, Madiata lance son ultimatum : «Alors les amis, je vous dis que le jeudi à 20 heures s’il y a pas de mouton, je rentre chez moi pour toujours». La même nuit, le compte rendu est fait à Coulibaly qui ne se couchera que très tardivement après sa femme. En tout cas, celle-ci avait reçu un coup de fil pour confirmer la mission accomplie.

Après avoir pris connaissance de l’ultimatum, Coulibaly a changé toutes ses habitudes : repos thé, causerie, il était devenu bizarre. Dans nos quartiers, les nouvelles vont vite et tout le monde était au courant de l’ultimatum de Coulibaly, il le savait. Les jours s’écoulaient et Coulibaly se battait becs et ongles pour disposer de son bélier, mais le marché n’arrangeait rien. Le mouton était de plus en plus cher et Coulibaly savait que Madiata était au sérieux, elle avait même commencé à se préparer.

C’est finalement le jour-j aux environs de 19 heures que Coulibaly s’est pointé à son domicile avec un «bélier». Tellement le mouton était petit que les enfants criaient : Papa a amené un gros chat, un gros chat. Très vite, Coulibaly avait rétorqué : «Quel chat, imbéciles, c’est un mouton, vous ne voyez pas…».

Après cette brève altercation avec les enfants Coulibaly attache son mouton et fait appel à sa femme qui de la fenêtre avait vu le mouton elle arrive aussitôt en sourire. En effet, Madiata avait écho de la cherté des prix du mouton qui faisait que la plupart des voisins qui avaient pourtant l’habitude, n’avaient pas encore leur mouton. Alors, elle était aux anges et savait que son coup avait marché. Pourtant en coulisses, Madiata  avait raconté à une copine : «Je voulais un mouton, c’est vrai, mais de là à faire couler mon mariage, il n’y avait un pas à franchir, jamais je ne l’aurais pu franchir…».

En tout cas, pendant tout le week-end de la fête, c’est l’histoire du mouton de Coulibaly qui était sur toutes les lèvres. Surtout que nombreux sont les connaissances de Coulibaly qui sont convaincus qu’il peut même égorger 2 béliers. Ils en veulent pour preuve, l’entretien régulier et de qualité que Coulibaly accorde depuis quelques années à Alima sa copine.

Youba KONATE

Le Progrès 01/11/2012