Le Mali connait actuellement une épidémie de grève. Au total, une quinzaine de préavis de grève ont été déposées sur la table du gouvernement. Ainsi pour l’apaisement du climat social, Mme le ministre du Travail et de la Fonction publique, chargé des Relations avec les Institutions, Mme Diarra Raky Talla a initié une série de visites dans les centrales syndicales.
Les opérations de charme de Mme le ministre du Travail et de la Fonction publique, chargé des Relations avec les Institutions, suffiront-elles pour extraire le gouvernement des griffes des syndicats ? Longtemps aux prises avec les syndicats relevant de différentes centrales, Mme Diarra Raky Talla, ministre en charge de négocier et d’assurer la mise en œuvre des ententes et protocoles, semble avoir atteint ses limites, ou alors est elle certainement essoufflée. Lorsqu’elle a pris son bâton de pèlerin en direction des centrales syndicales, on sait maintenant que ce n’était pas pour aller leur dire « oui j’accepte… ». Mais pour repousser les échéances à travers une paix des braves, des incantations à peine audibles pour des interlocuteurs qui ne pensent pas que les grèves, leurs actions sont faites pour se faire plaisir. Elles répondent à un besoin d’adaptation des avoirs aux charges réelles de la vie quotidienne. Mais au bout du rouleau la visiteuse de l’UNTM avoue ses limites face aux nombreuses revendications qui prennent le gouvernement et lui mettent le couteau à la gorge. A cet effet Mme le ministre a sollicité de l’UNTM l’observation d’une « trêve aux grèves ».
Lundi, en accueillant le ministre du Travail et de la Fonction publique, chargé des Relations avec les Institutions, Mme Diarra Raky Talla, accompagnée pour la circonstance, des membres de son cabinet, le Secrétaire général de l’Union nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), Yacouba Katilé n’a pas manqué des mots justes pour décrire la situation : « le monde du travail est en pleine turbulence, chaque jour qui passe, nous sommes rendus ampliateurs de préavis de grève alors que nous sommes confrontés entre autres à la situation des travailleurs compressés de l’Huicoma, en sit-in dans l’enceinte de la bourse du travail, à la situation des partants volontaires à la retraite… nous avons d’énormes problèmes.. Nous souhaiterions en référer au chef de l’Etat sur une approche globale de traitement des revendications», a-t-il indiqué. Il y a des problèmes réels, auxquels il faut des solutions, pas des colmatages, encore moins la politique de l’Autruche. La situation est telle que le temps est venu de s’en référer à la plus haute autorité, pouvait-on comprendre en filigrane.
Du côté de Mme le ministre Diarra Raky Talla, pas de propositions concrètes en réponses aux revendications syndicales, mais plutôt des charmes incantatoires : « Je suis ici pour vous conforter et dire à votre base que vous n’avez pas failli à votre mission de syndicalisme », a-t-elle indiqué, remerciant la centrale syndicale UNTM de ses efforts au service des travailleurs maliens.
Par ailleurs, elle dévoile ce qu’elle a appelé les quatre grands chantiers que son département s’atèle à résoudre : « éteindre le protocole d’accord entre le gouvernement et l’UNTM, l’harmonisation des primes et indemnités, l’élection professionnelle et la révision de la politique salariale en 2018 ». Mme le ministre les a énumérés tel un shopping list, sans en dire l’agenda, un calendrier d’exécution, ni précision sur les ressources pour couvrir ces dépenses, mais juste pour émerveiller comme dans un compte de fée. « Nous sommes tous des travailleurs et le problème concerne tous les travailleurs. Par rapport à la mise en œuvre du protocole d’accord, nous avons été butés à des problèmes. Le secrétaire général de l’UNTM a beaucoup contribué pour que la situation des compressés puisse bouger. Dans l’administration, il y a un déficit de communication d’une chaine à une autre », poursuit elle. Qui savait mieux que Mme le ministre, que depuis janvier 2017, une quinzaine de préavis de grève ont été déposées à son département. Nombreuses de ces grèves sont fondées sur les inégalités de traitement de primes et indemnités, a précisé le ministre. « Nous avons analysés ces dossiers…désormais, il faut que nous partions vers l’harmonisation des primes et indemnités », selon elle.
Plus de 75 millions de FCFA ont été octroyés comme primes et indemnités depuis l’accession du président IBK à la magistrature suprême, en outre, la révision de la politique salariale est prévue en 2018, annonce la ministre (seule date). Poursuivant, elle fait savoir sa disposition pour une formation au niveau de la base des syndicats, en vue d’une meilleure appropriation des textes. « Chaque fois qu’il y a des problèmes, nous allons œuvrer pour trouver des solutions », a promis Mme Diarra Raky Talla, sachant bien que des problèmes l’assaillent actuellement et la font courir. Mais au bout du rouleau la visiteuse de l’UNTM avoue ses limites face aux nombreuses revendications qui prennent le gouvernement et lui mettent le couteau à la gorge.
A cet effet Mme le ministre a sollicité de l’UNTM l’observation d’une « trêve aux grèves ». Sans pour autant donner une réponse appropriée à cette sollicitation, le secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé a saisi cette occasion pour faire de nouvelles doléances, à savoir la subvention substantielle pour la formation, l’harmonisation des salaires avec les autres pays de la sous région, le respect des conventions par l’autorité et bien d’autres. « La grève n’est pas l’objectif mais un but pour la satisfaction des doléances », a déclaré Yacouba Katilé. Cependant, tout en réitérant sa disponibilité à accompagner Mme le ministre, le Secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé a souhaité la multiplication de ces genres de rencontres.
Le lendemain de sa rencontre avec l’UNTM et la Confédération syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM), le ministre du Travail et de la Fonction publique, chargé des Relations avec les Institutions, Mme Diarra Raky Talla a rencontré la Confédération malienne du Travail (CMT) et la Centrale Démocratique des Travailleurs du Mali (CDTM) dont la Secrétaire générale est Mme Sidibé Dédéou Ousmane. « La paix sociale ne pourra pas se faire sans une trêve. Dans tous les pays du monde quand nous voulons construire quelques choses de solides ensembles, il faut que nous acceptions chacun de mettre nos revendications dans les poches et travailler communément à ces projets pour que les problèmes soient résolus de façon globale et équitable », a-t-elle dit devant les syndicalistes. Enfin, elle a déploré le fait que tout soit basé sur l’Etat. A sa suite, la secrétaire générale de la CMT, Mme Kamaté Kadiatou Touré s’est réjoui de cette visite du ministre dans ses locaux qui selon elle, peut contribuer à prévenir les grèves. A l’en croire, la CMT, qui est dans l’informel, joue un rôle important dans l’économie de la nation. « Les gens ont faim dans ce pays, c’est la misère, c’est pourquoi les gens revendiquent », a assené la syndicaliste.
Aguibou Sogodogo